Le samedi 10 décembre, à l’heure exacte où nous tenions, à Marseille, notre troisième Café politique de cette saison, sur un sujet d’une éminente actualité (Présidentielles, le grand piège, par Jean- baptiste Donnier) des nostalgiques de l’Ogre, qui a fait tant de mal à la France, se réunissaient : conférence puis Dîner-débat et tout le toutim… La soirée était organisée dans le cadre des XVèmes journées d’Histoire Napoléonienne de Marseille-Provence en présence du Prince MURAT et de M. Christian FILEAUX, Président du Souvenir Napoléonien.
C’est consternant mais c’est ainsi : voilà des personnes qui n’ont pas du lire Jacques Bainville : « Sauf pour la gloire, sauf pour l’ « art », il eût probablement mieux valu qu’il n’eût pas existé. Tout bien compté, son règne, qui vient, selon le mot de Thiers, continuer la Révolution, se termine par un épouvantable échec. Son génie a prolongé, à grands frais, une partie perdue d’avance.«
Et qui n’ont pas du lire Napoléon lui-même, non plus : devant le premier tombeau de Rousseau, sur L’île des peupliers, à Ermenonville, où celui-ci mourut en 1778 (sa dépouille y demeura jusqu’en 1794, lorsqu’un décret de la Convention ordonna que l’on transférât ses cendre au Panthéon) eut lieu, le 28 août 1800, une entrevue qu’a racontée, brièvement, Stanislas de Girardin : elle se passa lors de la visite de celui qui n’était encore que Bonaparte, venu chasser le lapin dans les forêts voisines d’Ermenonville… :
– « C’est lui qui a préparé la Révolution française. »
– « Je croyais, citoyen Consul, que ce n’était pas à vous de vous plaindre de la Révolution ! »
Peu importe, du reste… que les personnes qui sont allées à ce genre de célébration aient lu ou non Bainville et Napoléon : la vérité sur celui qui a épuisé la France est bien connue, et bien établie.
Napoléon, c’est un million et demi de français tués pour rien sur les champs de bataille, dont une très grande majorité de jeunes, qui n’ont pu se marier ni fonder une famille : on a là l’une des explications et l’une des causes – pas la seule… – du déclin démographique de la France qui, sous les Rois, était la Chine de l’Europe (il naissait un million d’enfants par an sous Louis XVI… : nous parlons bien sûr de ceux qui restaient vivants, il en naissait en fait beaucoup plus, mais la mortalité infantile était élevée…).
Napoléon, c’est celui qui a amené par deux fois l’Europe entière, coalisée contre nous, à Paris, alors que depuis un siècle la France n’avait plus été envahie. Un désastre militaire sans précédent…
Napoléon, c’est celui qui a laissé la France plus petite après lui qu’avant lui. Nous avons perdu 500.000 habitants (estimation de Bainville) en perdant les forteresses de Philippeville et Marienbourg (cédées toutes deux à Louis XIV en 1659) ainsi que Bouillon (la ville de Godefroy !…), actuellement en Belgique. En perdant les villes de la Sarre, aujourd’hui allemandes (Sarrelouis, fondée par Louis XIV en 1681 et Sarrebrück) et aussi Landau, aujourd’hui dans le Palatinat, mais qui fit longtemps partie de la décapole alsacienne (ville française depuis 1648 !). En perdant Versoix, sur la rive nord du Léman, et une partie du pays de Gex, français depuis Henri IV, aujourd’hui en Suisse ( les six communes de Versoix, Pregny-Chambésy, Collex-Bossy, Grand-Saconnex, Meyrin et Vernier furent cédées à Genève ).
Avec, en prime, une occupation de trois ans et une « amende » de 700 millions de francs !…..
Napoléon c’est l’inconséquent à qui Louis XVIII écrivit pour lui demander de lui rendre son trône : le Roi offrait ainsi à Bonaparte l’occasion de devenir notre Monk, et l’un des plus grands français de tous les temps, par le bien qu’il aurait fait alors au pays. Napoléon refusa, hautainement, répondant à Louis XVIII que, s’il voulait revenir en France, il lui faudrait marcher sur les cadavres de ceux qui avaient voulu la révolution. Moyennant quoi, au moment du désastre final, il eut ce mot par lequel il se condamnait lui-même : « Au point où les choses en sont arrivées, il n’y a qu’un Bourbon qui me puisse succéder… ».
Napoléon s’est donc déjugé lui-même, en moins de dix ans…
Moyennant quoi, deux siècles après, certains continuent, sinon à l’honorer, plus encore : à le célébrer. Comme disait Maurras, c’est crier « Vive ma mort ! Meure ma vie ! ».
A ce stade, s’agissant de ces gens-là, qui peuvent bien être des patriotes, mais inconséquents, nous ne pouvons rien pour eux….
2 siècles après , et aujourd’hui =
les communistes
sont toujours là en France,
quel bien ont-ils fait pour la France, et encore aujoursd’hui
avec leurs syndicats bien en cour !!!
que dites-vous de cela : rien
(à colette pioch) Les bras nous en tombent ! Vous trouvez vraiment que « nous ne disons rien » sur le Pays légal, que nous dénonçons à longueur de colonnes, et sur l’emprise scandaleuse qu’exercent sur lui – renforcée et amplifiée depuis 1945 – une gauche et une extrême-gauche qui se sont emparées, à ce moment-là, de pans entiers de la société; ce que nous avons appelé la « soviétisation » d’une partie de la France lors du « petit cycle » de 45 ? Lisez plus attentivement nos textes : votre commentaire est totalement infondé….
Et malheureusement on ne parle pas assez de Gilbert Môtier, Marquis de Lafayette (mon lointain ancêtre par alliance) qui fût l’un des plus grands opposants à Napoléon. Il avait bougrement raion …
Sans doute, Gilbert de Lafayette avait raison sur ce point, mais c’est à peu près la seule chose que l’on puisse louer chez ce petit-maître irresponsable et vaniteux, sans doute le personnage le plus haïssable de la révolution. Sa vie n’est qu’une suite de trahisons des autorités auxquelles sa naissance lui faisait un devoir de se montrer fidèle. Jusqu’au bout, il voulut soumettre la France à ses utopies. Napoléon disait de lui: « ce n’est qu’un niais sans talents civils ni militaires, un esprit borné. » Vous me pardonnerez ces qualificatifs pour un membre de votre parentèle, mais comme disait Louis XV, tout le monde descend d’un roi et d’un pendu!
Sur Napoléon, Bainville est beaucoup plus « nuancé » que vous.
C’est « tout bien compté » qu’il qualifie son règne d' »épouvantable échec ». Mais il ajoute : » Son génie a prolongé, à grands frais, une partie perdue d’avance. » Il ne lui dénie pas d’avoir eu du génie. Et la partie était perdue d’avance …
De même, s’il pense, comme l’intéressé lui-même l’envisage, dans son dialogue avec Stanislas de Girardin, qu’ « il eût probablement mieux valu qu’il n’eût pas existé », il assortit ce jugement d’une réserve non négligeable, dont vous n’avez pas tenu compte : « sauf pour la gloire, sauf pour l' »art ».
Je pense, en effet, qu’il faut distinguer les plans : le dommage causé à la France par la Révolution, l’Empire, et toutes leurs suites, jusqu’à aujourd’hui, est, évidemment, à tous les sens, immense.
D’un autre côté, cette « gloire », cet « art » et ce « génie » que Bainville reconnaît à Napoléon, qui donnent à son destin ce tour d’épopée tragique et de légende grandiose qu’il a, d’ailleurs, lui-même contribué à forger, je ne crois pas qu’il soit utile de les nier.
Bien-entendu, je ne parle pas, ici, de la soirée organisée, à Marseille, par le Souvenir Napoléonien, alors que nous nous préoccupions de l’actualité et de l’avenir de notre pays en analysant, avec Jean Baptiste Donnier, « le grand piège des Présidentielles ». Chacun place son souci et ses urgences où il peut !