Au milieu du désert, une église des premiers chrétiens attend d’être sauvée: il y a 1500 ans, les premiers chrétiens d’Orient s’agenouillaient dans ce coin de désert reculé, au centre de ce qui est devenu l’Irak, pour prier Dieu, le visage tourné vers Jérusalem. Aujourd’hui, l’église Al Aqiser dans la région d’Ain Tamour, à 60 km au sud-ouest de Kerbala, est vide, il n’en subsiste que des ruines, qui se dressent dans les dunes de sable jaune, balayées par le vent, mais des Irakiens passionnés sont bien décidés à relever le défi du temps, et à sauver ce pan de leur mémoire commune. « C’est un lieu de culte, une église. Et, sans doute, la plus vieille d’Orient », explique Hussein Yasser, directeur des antiquités dans la province de Kerbala, au sud de Bagdad….
Parce que « Pax Christi » le lui a demandé, Jean d’Ormesson a mis sa plume et sa générosité au service de cette chrétienté des origines qui souffre en Mésopotamie. Sa langue est l’araméen, la langue du Christ, et sa présence sur cette terre remonte aux premiers temps de la prédication chrétienne. Monseigneur Stenger, évêque de Troyes et président de « Pax Christi » (http://paxchristi.cef.fr) a pris l’initiative d’attirer l’attention des médias sur cette communauté menacée, afin de lui apporter un soutien moral et matériel. Voici, pour celles et ceux qui ne l’auraient pas lu, le texte de Jean d’Ormesson:
« L’Irak est un pays dévasté par la dictature, par la guerre, par le terrorisme, par la misère. Tous, dans cette région si éprouvée, sont frappés par le malheur. Un petit nombre d’Irakiens sont plus malheureux, plus isolés, plus menacés encore que les autres: les chrétiens.
Descendants des contemporains d’Abraham – parti d’Ur, en Chaldée -, héritiers d’une des premières communautés par lesquelles est parvenue jusqu’à nous le message du christ, les chrétiens d’Irak parlent une langue dérivée de l’araméen, la langue de Jésus. Ils constituent une minorité d’environ un million d’individus. Mais ce qu’ils représentent pour le monde dépasse de loin leur nombre. A la croisée de l’Orient et de l’Occident, au coeur des guerres et des violences, ils rappellent la permanence de cette révélation vieille de deux mille ans: tous les hommes sont frères.
Devant l’adversité, un certain nombre d’entre eux ont tenté de se réfugier dans les pays voisins: Syrie, Jordanie, Turquie. Leurs conditions de vie sont affreusement difficiles. Beaucoup sont restés en Irak et leur situation est plus dure que sous le régime de Saddam Hussein. Les épreuves les plus cruelles les accablent. Ils sont la cible des fondamentalistes. Leurs églises sont détruites. Plusieurs de leurs prêtres ont été assassinés, et tous vivent sous la menace. Les demandes de rançon, les enlèvements, les tortures physiques et morales se multiplient. Ils ne reçoivent aucune aide. Ils ne disposent d’aucun recours.
A l’intérieur ou à l’extérieur, la vie des chrétiens d’Irak est un martyre permanent. Pour qu’ils puissent continuer à porter témoignage de leur fidélité, il leur reste un seul espoir: la solidarité des autres chrétiens du monde.
Chrétiens de France, je m’adresse à vous à l’instigation de Pax Christi, qui m’a demandé de rédiger cet appel. Vous avez le devoir d’apporter votre soutien à vos frères d’Irak. Il faut que les chrétiens d’Irak sachent qu’ils ne sont pas abandonnés, que d’autres chrétiens pensent à eux, prient pour eux, agissent pour eux, que tous les efforts seront faits pour améliorer leur existence quotidienne, et qu’il y a pour eux, dans leur longue nuit, quelque chose qui ressemble, au loin, à une lueur d’espérance. »
Jean d’Ormesson, de l’Académie Française.
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