Les deux journalistes de BFM/TV, cet après-midi du mercredi 4, demandent à Christian Estrosi et Nadine Morano, qui, exigent des excuses publics de François Hollande, si c’est, là, « le problème des français » ?
Eh, bien parlons-en, du « problème des français », puisque ces deux journalistes ont mis le doigt dessus.
1. Sitôt Strauss-Kahnn apparaissant menotté sur les écrans, nous avons écrit (extrait; texte complet de la note : LA CHUTE DE LA MAISON STRAUSS.pdf) :
« ….Inculpé d’agression sexuelle, de tentative de viol, de tentative de séquestration, passible de poursuites pénales lourdes pour des faits considérés aux États-Unis comme extrêmement graves, arrêté, in extremis, dans un avion en partance pour Paris, Dominique Strauss-Kahn a (très probablement) terminé , non pas sa vie de luxe et de richesse extrêmes qui lui ont, sans-doute, donné l’illusion que tout lui était permis, que tout s’achète, que tout s’obtient par le Pouvoir et par l’Argent, du moins sa carrière politique, ….. dans une chambre d’hôtel de New-York. Sic transit…. »
Pas besoin de « le leur apprendre », « ils » l’ont trouvé tous seuls….
2. Sitôt Chirac condamné, Antiquus a posté un commentaire disant (le 19 décembre, à 9h15) :
« Il me semble qu’indépendamment des qualités et défauts des présidents de la république, la condamnation de Chirac, même à une peine de sursis, représente une étape de plus dans la démolition des institutions républicaines françaises. Rappelons que Jules Grévy fut forcé de démissionner en 1887, suite au trafic de décorations, mais que jamais il ne fut question de le soumettre à un jugement. Nous voilà devant un précédent qui rabaisse la fonction présidentielle de manière très significative. La majesté de l’Etat ne se trouvera plus dans les institutions républicaines. »
3. Dans le dernier numéro de Politique magazine, Jacques Trémolet de Villers écrit, dans un article intitulé La dignité de l’Etat :
« Mais le pire (dans ce jugement), c’est la dérision, et dans cette dérision réside la question de fond…. Deux ans avec sursis, pour abus de confiance avec prise illégale d’intérêts et ingérence dans l’argent public, sans appel, c’est le coup mortel porté à la fonction. Le président Mitterand, qui fut notre dernier président de la République, avait dit « après moi, ce sera Chirac, et en deux ans, il aura ridiculisé la fonction… Peut-on sauver cette institution – la présidence de la République – du ridicule ?…. »
L’affaire Chirac, plus l’affaire Strauss-Kahnn, plus la vulgarité des personnes et de leurs propos, cela forme un tout : et ce « tout », c’est l’affaire du collier de la Reine, à l’envers, mais en plus grave encore. Car si l’affaire du collier de la Reine a causé un tort considérable, elle n’a pas suffi à rompre « le charme séculaire de la monarchie » (dont parlait Jaurès) : il a fallu beaucoup d’autres choses, et, surtout, que le roi refuse obstinément et continuellement de prendre les simples moyens de police nécessaires et suffisants pour sauver un trône qu’il pouvait sauver vingt fois, comme l’a fort justement dit Chateaubriand.
Mais la dérision, le ridicule, le grotesque qui enveloppent aujourd’hui la fonction présidentielle ? L’abaissement de cette fonction, la « majesté de l’Etat » enfuie, et la perte de crédit qui l’accompagne ? Croit-on que cela va et vient naturellement, et revient une fois parti, comme le jour après la nuit ?…..La vérité est que le sol se dérobe sous les pieds de la République idéologique, déjà écrasée par le poids de ses échecs et à bout de souffle.
L’affaire du collier de la Reine, c’était peu avant 1789…
Servir, défendre et représenter les Français, plutôt que se
servir, se défendre et se représenter, tel semble être le
problème très justement apprécié par Maître Trémolet de Villers.
««Sauver un trône qu’il pouvait sauver vingt fois», comme l’a fort justement dit Chateaubriand.»
Pouvez-vous, s’il-vous-plaît, m’indiquer de quel ouvrage de Chateaubriand provient cette citation?
On fait croire à des gens sortant d’une école de ronds de cuir, d’ingénieurs ou de quelque autre spécialité qu’ils représentent l’élite. Avec un bachotage et un psittacisme insensés, la voie royale s’ouvre à vingt ans jusqu’à la retraite, voire au-delà. L’esprit de système règne sans partage. On ignore le sage proverbe anglais qui dit qu’avant d’être amiral, il faut avoir été matelot. Les résultats, vous les voyez à la tête de l’Etat et d’ailleurs. Des individus prétentieux et cyniques, des ambitieux aussi suffisants qu’insuffisants qui ont mené la pays à la ruine !
(A « MP ») : « Louis XVI a pu sauver vingt fois sa couronne et sa vie » est une phrase tirée des Mémoires d’Outre-tombe, La Pleiade, tome I.