François Reloujac publie, chaque mois, dans Politique Magazine, une chronique économique, particulièrement pertinente et documentée.
Il émane de ses analyses une vraie réflexion d’ensemble, de laquelle, implicitement, car François Reloujac traite strictement de la situation économique, se dégage ce que pourrait être une politique française, non seulement à l’égard de l’Europe, notamment de l’Euro, mais aussi à l’égard des deux principaux acteurs actuels mondiaux que sont les États-Unis et la Chine.
C’est la raison pour laquelle nous avions déjà réuni, en un même dossier de 38 pages, sept de ces articles (de mai à décembre 2010) auwquels s’ajoutait une réflexion plus générale sur l’économique et le politique, publiée dans la lettre n°19 de Gens de France; le tout constituant un premier PDF, intitulé 2010 : La suite économique de François Reloujac .
Dans un domaine où nous n’excellons pas toujours, François Reloujac et Politique Magazine apportent, ainsi, une utile contribution à l’ensemble des royalistes français.
Nous ouvrons maintenant, l’annnée 2011 étant achevée, un deuxième PDF : 2011 : La suite économique de François Reloujac , récapitulant, comme pour 2010, les articles de François Reloujac parus tout au long de l’année dans Politique magazine, et aussi dans La Nouvelle revue universelle.
Et bien sûr, en ce début d’année 2012, nous maintenons notre Page : 2012 : LA SUITE ECONOMIQUE DE FRANCOIS RELOUJAC…. qui prolongera ces deux premiers PDF, en regroupant les articles de François Reloujac à partir de janvier 2012; et avant qu’elle ne devienne, à son tour, un troisième PDF, et ainsi de suite….
Depuis le mois d’août,à l’aide de belles démonstrations quelquefois pertinentes,souvent brillantes,toujours définitivement tranchantes,M.Reloujac nous annonce que l’Euro va mourir.Aujourd’hui,il nous assure même qu’il est mort.Pourquoi cela n’est-il pas vrai ? S’il vit encore, sans doute son (avant-)dernier souffle,ce serait grâce aux peu courageux subterfuges en trompe-l’oeil d’un couple mythique,mais prodigieusement néfaste ?
On est vraiment en droit de se demander pourquoi cet effronté d’Euro continue de respirer, et a même l’impertinence ces derniers jours de reprendre du poids vis-à-vis du dollar,et qu’ainsi il se soustrait aux prévisions funéraires le concernant.Pour ma part,je ne pense pas,ni n’espère non plus, que les sinistres prédictions-sinistres pour le monde entier,d’ailleurs,- de M.Reloujac se réaliseront.
J’oserais même avancer un début de réponse à la question posée,sous forme d’interrogation :pourquoi M.Reloujac ne nous a-t-il jamais proposé une solution ?
Le constat fait par François RELOUJAC est pertinent.
Mais la question posée par Patrick Haizet l’est tout autant, non
pas de savoir pourquoi l’euro se maintient sous perfusion (tout
le monde sait que la banque centrale injecte en coulisse des
liquidités pour sauver le système bancaire), mais quelles
solutions proposer (celles de Jean-Pierre Chevènement, de
Nicolas Dupont-Aignan, de Marine le Pen, de Jacques Sapir, …? )
Mon cher DC,merci d’inciter à répondre à ma question. Toutefois,je suis désolé de vous contredire :
-1/l’€ n’est pas maintenu « sous perfusion »,sans quoi son cours baisserait,or il a monté dans les 6 des 7 dernières séances de bourse.La BCE prête de l’€ aux banques européennes (pas du tout »en coulisse »,comme vous le prétendez,mais tout-à-fait ouvertement),et le prêt de ces liquidités n’est pas du tout la même chose :ce faisant,elle facilite leur trésorerie,(pour le cas de défauts de paiement de débiteurs par exemple;ce dont elles n’ont apparemment pas besoin en ce moment,puisque la BCE retrouve ces liquidités dans leurs comptes chez elle).Le but de la BCE est sans aucun doute d’apporter l’assurance au FMI et au « monde de la finance »(=l’ennemi déclaré de M.Hollande!) qu’il serait présent en cas de coup dur.
-2/quant aux solutions proposées par les « souverainistes » que vous citez,je les trouve particulièrement nulles :chez Chevènement,elles sentent singulièrement la naphtaline chez un homme qui n’est plus aux affaires tout en voulant se faire remarquer.Chez Dupont-Saint-Aignan et Marine Le Pen,elles sont purement électorales de personnes qui n’y connaissent pas grand-chose,surtout chez cette dernière.Quant aux dires de l’économiste Sapir,ils sont suffisamment flous et imprécis pour être considérés comme du « wishful thinking ».Ne vous laissez surtout pas impressionné par le verbiage bien creux de tous ces gens-là.
Excusez-moi,DC,mais on m’a appelé pour dîner,et je n’ai pas pu terminer mon exposé comme je l’entendais.
Je voulais simplement ajouter que tous ces souverainistes-qu’ils soient bateleurs d’estrade à la pêche aux voix ou donneurs de leçon en chambre-,ont tous quelque chose en commun en proposant une solution,c’est précisément qu’ils n’en ont pas,parce qu’ils ne peuvent pas, ou plutôt qu’ils ne veulent pas, en mesurer et en exposer les conséquences désastreuses, et a fortiori les chiffrer.Ils n’ont,comme échappatoire,que de charger les négociateurs (qui n’ont pas toujours été les auteurs) de tous les maux d’Israël.Alors,tâchons d’être justes autant que lucides avant de nous répandre en imprécations stériles et en jugements à l’emporte-pièce,sans réfléchir…..Et pensons à la Présidentielle ! Bien à vous.
Dans ce cas, mon Cher Patrick Haizet, c’est que vous n’êtes
pas informé de la dernière note en date de Jacques Sapir,
tout aussi bien documentée (graphiques à l’appui des
meilleures sources) que celle de François RELOUJAC;
je l’ai lue, elle sera rendue publique très prochainement, il
vous suffira de vous y atteler.
L’Allemagne n’a pas l’intention de sauver la zone euro, mais
de gagner du temps pour imposer ses conditions irréalistes,
qui ne pouvant être respectées par les « PIGS », lui
permettront de faire émerger par une crise grave, une
nouvelle zone euro, débarrassée de ces « PIGS », sans avoir à
porter la responsabilité de l’échec politique de la zone euro,
tel est le véritable enjeu.
DC,j’ai hâte de prendre connaissance de ce qui me semble être des élucubrations imaginaires post-holocauste,d’après vos descriptions.Mais je veux surtout présenter mes excuses au lecteur-que vous êtes en particulier-pour mes doigts,lesquels ont hier, bien indûment, béatifier Dupont-Aignan,ce prétentieux diviseur ne le méritant sûrement pas!( Mont-Saint-Aignan étant une jolie colline dominant Rouen ou je connus naguère quelques modestes succès sportifs!)
Le problème de fond de l’euro découle de cette évidence qu’il ne peut y avoir de monnaie, unique associant des pays de niveau structurellement divergent. On ne peut en effet appliquer
la même politique monétaire, c’est-à-dire le même taux de change (qui détermine importations et exportations) et le même taux d’intérêt à des économies de structures et de niveaux différents. Une telle zone se transforme inéluctablement en zone de tranferts, les plus riches devant payer pour les plus pauvres afin de pallier leur faiblesse économique. C’est ce qu’a démontré la crise grecque.
L’euro été adopté dans des pays fortement divergents du point de vue économique, situation que les « critères » de Maastricht n’ont nullement corrigée. Mieux encore, plus l’intégration économique s’est approfondie, plus cette divergence s’est accrue. L’application d’un taux d’intérêt unique à des économies pourvues d’un taux d’inflation différent a été l’une des sources majeures du gonflement de la dette dans des pays comme la Grèce, l’Espagne ou le Portugal.
Dans un texte paru dans Le Figaro, co-signé par Jacques Sapir et Philippe Villon, l’économiste Gérard Lafay a ainsi pris position pour la transformation de l’euro en une simple monnaie commune. Il serait en effet parfaitement possible de conserver le seul avantage incontestable de l’euro – constituer à terme une monnaie de réserve – en transformant la monnaie unique actuelle en une monnaie commune au niveau déterminé à partir de l’euro et des monnaies nationales restaurées. La monnaie commune établit une barrière face au reste du monde, mais n’interdit pas l’ajustement des parités de change entre les pays membres.
Même si l’euro se maintenait à son niveau actuel dans un certain nombre de pays de la zone, il resterait encore la possibilité d’établir une monnaie commune avec certains pays seulement, dans le cadre d’un système de changes fixes, mais révisables, et d’un étroit contrôle des capitaux.
Cette solution est très différente de celle du « gouvernement économique » européen que certains voudraient instaurer pour remédier à la crise. Ceux qui plaident pour cette solution en
tiennent en fait pour un fédéralisme fiscal. Or, aucune union monétaire ou fiscale n’a jamais pu survivre en l’absence d’une union politique. Mettre en place un gouvernement économique
avant et en l’absence d’un gouvernement politique serait une aberration.
Mon Cher Thulé, vous avez tout compris, mais le temps presse
et ce n’est même pas sûr que l’on puisse encore envisager ce
scénario.
Les belles définitions d’économistes ont toutes du bon, à des degrés divers (elles ne coïncident jamais entre elles,cependant,car elles ne sont pas toutes marquées au coin du bon sens).Je me garde moi-même de me considérer comme un économiste (ni comme qui que ce soit en « iste »,comme aiment à le faire les chaînes télévisées à l’endroit de n’importe quidam,afin d’authentifier leurs émissions).Mais je ne me prends pas non plus pour un gogo, gobeur de n’importe quelle annonce.Il faut noter au passage que parmi celles-ci,les plus pessimistes et menaçantes ont meilleure « presse » et se vendent mieux ainsi.
Gérard Lafay a peut-être raison,mais force est de constater que nous n’en sommes plus là.La théorie,c’est bien,mais la pratique,c’est mieux encore.
A mon sens,la priorité n°1 pour l’Europe est de restaurer la confiance au plus vite par les moyens les plus appropriés.La dette des Etats occidentaux est immense,mais les moyens pour la réduire de manière substantielle le sont aussi.Alors,il faut aller les chercher à des taux abordables-c’est-à-dire,qui n’enfoncent pas un peu plus les débiteurs,malgré les déclarations contraires des oiseaux de mauvais augure,démentis jusqu’à présent par les faits,d’ailleurs-.Le premier dans la file d’attente est donc la Grèce (dont à l’évidence,il a été particulièrement stupide d’admettre la candidature-d’ailleurs frauduleuse- au sein de l’UE).
C’est essentiellement un problème de garanties financières qu’il faut vouloir et savoir mettre en place.Le « monde de la finance »(comme dirait quelqu’un qui n’y connaît pratiquement rien,mais que risquent d’élire des Français bien naïfs et conditionnés depuis quelques années) possèdent suffisamment d’instruments et d’imagination pour répondre efficacement aux besoins des débiteurs.(Et il faudra bien que FH,si par malheur pour la France et les Français,il est élu,s’en satisfasse!)
Hélas,les agences de notation ont souvent une action très négative en période de crise,car leurs déclassements intempestifs ont le plus souvent pour résultat d’enfoncer un peu
sous l’eau la tête du débiteur que de contribuer à son sauvetage,les USA étant un cas à part.S&P a une responsabilité particulière à ce sujet,car plus petite que Moody’s(dont le principal actionnaire est le richissime Warren Buffet),S&P(actionnaires principaux: banquiers new-yorkais) veut grossir en se faisant remarquer par des déclassements spectaculaires.Or,ces affaires privées devraient rester dans leur rôle de service aux créanciers au lieu de vouloir se donner une stature de juge de paix international.(La 3e par importance,Fitch, appartient à des intérêts français).
Si cela marche pour la Grèce(pour laquelle des abandons de créances sont d’ores et déjà envisagés),d’autres pays suivront,la sébile à la main.Il faudra les traiter pareillement,et il me paraît impensable de changer les règles du jeu en cours de route.L’UE aura tout le loisir de le faire au moment qui lui paraîtra le plus opportun,s’il y a lieu(n’oublions pas toutefois qu’il y a 17 décideurs).Ma conclusion personnelle à ce stade : « primum vivere,deinde philosophari »,la chose prioritaire à traiter pour tous dans l’UE étant de refouler le chômage.
Mais il ne faut pas oublier que la structure de l’€ n’est pas responsable de la crise actuelle.Celle-ci a certes révélé les fragilités de sa conception.Il faut être conscient que la crise actuelle,monétaire,financière,économique ,sociale même, nous vient des USA dont la monnaie est à la fois monnaie locale et monnaie internationale de réserve :le dollar,depuis Bretton Woods a déjà effacé la livre alors que l’€ s’est révélé un rempart autrement plus coriace et a protégé toute la zône euro de nombre de dévaluations(grâce à la puissance de l’économie allemande),mais sa cherté a considérablement gêné les exportations de toutes les autres économies de l’euroland.
Voilà le véritable problème à long terme : d’un côté un dollar
ingouvernable (comme l’a très bien perçu la Chine avec sa monnaie inconvertible),de l’autre côté un € qui,fort, a vocation à devenir monnaie de réserve et stabilisatrice, et à concurrencer le dollar( géré à titre domestique), et faible, doit faciliter les exportations de l’ensemble de l’euroland.Comme le déclarait le vice-président Connally à ses interlocuteurs européens de l’époque: « le dollar est notre monnaie, mais c’est votre problème »!
Je doute personnellement que la théorie de l’€ monnaie commune soit la solution salvatrice,en raison des fluctuations permanentes qu’il y aurait inévitablement entre l’€ qui circule(monnaie de paiement) et l’€ qui ajuste(monnaie de réserve).Or l’individu-surtout financier- a horreur de l’incertitude et des spéculations,quelquefois à la limite de la « ligne rouge », qu’elle peut entraîner.Et la réglementation moralisatrice qui pourrait les interdire serait nécessairement tatillonne et à l’encontre du goût de beaucoup.Tout cela n’est donc pas aussi facile qu’on pourrait l’espérer,et nécessite doigté,patience et persévérance.
J’ajouterais enfin que l’Euro est devenu un symbole : l’état d’esprit de départ était de réaliser une construction politique,via une construction économique qui s’est révélée insuffisante à cause d’une crise mondiale non prévue,( qui risque d’ébranler l’ensemble politique en construction ).Toutefois,au risque de perturber certaines idéologies,je reste persuadé personnellement que l’Europe se fera, avec ou sans le Royaume-Uni,car elle est le seul moyen de lutter à armes égales avec les poids lourds que sont les USA et la Chine,sans parler des BRIC.Et qu’on ne me cite pas en exemple contraire Andorre,Monaco ou San Marino !
Le problème majeur est précisément qu’après « l’hypothétique »
sauvetage de la Grèce, comme vous le pensez vous-même,
d’autres pays suivront (Portugal, Espagne, Italie …), alors que
la récession se fera grandement sentir et que nous n’aurons
pas, compte-tenu des dispositions actuelles, les moyens de
faire face; d’où la nécessité de revoir urgemment les règles
du jeu avec nos partenaires, dont principalement l’Allemagne,
pour que celle-ci ne finisse pas au final, à faire éclater la
zone euro, en deux blocs, toujours dans son seul intérêt. La
France ne peut se contenter d’être à la remorque, à moins de
partager en secret cette vision de l’avenir avec l’Allemagne,
en attendant le prétexte pour faire éclater en concert la zone
euro actuelle, et en reconstituer une autre, tout cela aux frais
du contribuable.
DC,c’est une autre manière de dire les choses.Cependant,ne prêtez aux gens ou aux Etats des intentions qu’ils n’ont pas nécessairement,et qui,de ce,fait paraissent le produit d’une imagination trop généreuse ou trop critique suite à une idéologie non accessible à tout le monde,en tous les cas à 17 décideurs,comme nous l’avons vu.
Le principal,c’est qu’en phase 2,tous se conjuguent pour mettre suffisamment rapidement en place les outils propres à générer la croissance,seule capable de lutter contre le chômage, qui est une véritable plaie sociale,à tous points de vue.
Mais c’est un autre problème,lequel, afin de rester cartésien,mérite beaucoup d’attention et de réflexion à lui seul.
Une chose est sûre : on se dirige vers la mise en oeuvre d’une politique générale d’austérité en Europe, dont les principales victimes seront les classes populaires et les classes moyennes,
avec tous les risques inhérents à pareille situation. Lorsque de nouveaux pays se retrouveront en état de cessation de paiement, ce sont encore les citoyens de toute l’Union européenne qui seront conviés à payer l’addition. Or, disons-le nettement, aucun pays n’a aujourd’hui les moyens d’arrêter la hausse de sa dette en pourcentage de son PIB, aucun n’a les moyens de rembourser le principal de sa dette.
Je vous trouve trop pessimiste mon cher M. Thulé.