(parlant de Léon Blum) « …par mon parcours, par mon éducation, je suis un homme de gauche. Alors, effectivement, j’ai envie de quelqu’un qui incarne cet idéal… »
A-t-il trouvé cet idéal devant le roi du Maroc, devant qui il s’incline presqu’à s’en casser la figure, pour un baise-main d’anthologie ? Ce roi du Maroc, fils d’Hassan II, pour lesquels nos socialistes n’avaient pas de mots assez durs ? (voir le livre « Notre ami le roi… »). Ultra royaliste chez lui, au Maroc, ultra « de gauche » chez nous : il va le continuer jusqu’à quand, son grand écart ?…
Les socialistes, quant à eux, diront comme d’habitude (comme pour Strauss Kahn, comme pour le Carlton de Lille, comme pour tout, qu’ « ils ne savaient pas ». C’est tellement facile !…
Quand dit-il la vérité ? Et quand est-il « lui » ? : quand il joue à l’ultra gauche, ici (avec Ségolène, par exemple) ? Ou quand il fait l’ultra-carpette là-bas, devant « Sa Majesté le Roi » ?
En France, il est un déraciné, plongé dans une « civilisation », elle aussi, comme lui, déracinée; déracinée d’elle-même, d’une profonde médiocrité et d’une extrême fragilité. Une « civilisation » qui n’en est plus vraiment une ; qui n’a plus tellement de quoi se gargariser d’une hypothétique « supériorité » que – si elle a existé – et peut-être a-t-elle existé – elle passe son temps à renier ou à insulter.
Au Maroc, il retrouve une société – à sa manière propre – encore traditionnelle où, que ce soit par conformisme ou par respect, ou l’un et l’autre, l’on baise la main de son père et de son roi. Il est « rattrapé » par ses origines, par ses « principes », « par ses « enfances ». Et il se comporte comme tout le monde, tout simplement, ni plus ni moins.
Peut-être ne faut-il pas trop se moquer. Le « grand écart » de Djamel Debbouze c’est celui qu’impose aux hommes de notre temps, ce que nous appelons parfois « le monde moderne », auquel, bien-sûr, volens nolens, nous appartenons tous, mais auquel, aussi, nous ne pouvons que nous « affronter », comme le disait Boutang, si nous ne voulons pas n’être, en fin de compte, plus rien.
Notre rôle n’est pas de stigmatiser des personnes, dont, de toutes façons, les faiblesses ne datent pas d’aujourd’hui, mais un « système » politique et « sociétal » qui broie les hommes, en même temps que les sociétés et les civilisations. Et cela est d’un tout autre degré de gravité que les facéties réelles ou supposées, de Djamel Debbouze.
Une question:
Djamel Debouze va-t-il au cimetière de Guyancourt fleurir la tombe du gamin de 16 ans qu’il a tué en le faisant tomber sous un train alors qu’il cherchait à lui voler son blouson.
D’accord, la loi islamique est passée puisqu’il a perdu sa main droite tranchée par les roues du même train.
D’accord il y a eu rédemption du voyou qu’il était, d’accord les faits incriminés se sont déroulés en 1990, d’accord la justice avait tranché l’acquittement pour la plainte déposée pour homicide. Mais cela lui donne-t-il les capacités pour s’ériger en professeur de morale politique ?