(Préface de l’ouvrage collectif Charles Maurras : Études, portraits, documents, biographies. Editions de la revue Le Capitole, Paris, 1925)
J’ai lu beaucoup d’études sur Maurras. Aucune ne m’a satisfait complètement. J’indiquerai seulement aux chercheurs qu’ils n’entendront sa pensée, qu’ils ne la cerneront et ne la pénètreront que s’ils remontent jusqu’à Dante.
Je ris beaucoup quand je vois traiter Maurras comme un monsieur ordinaire… On est prié de ne pas s’adresser au concierge mais à l’altissime.
Qu’on se rappelle aussi que le désintéressement de Maurras est absolu. C’est une de ses forces. Il ne recherche pas l’argent, pas même la gloire littéraire. Il aurait pu s’assurer une existence tranquille et agréable, et il ne craint pas de s’exposer à la prison. Quand on est un gouvernement, il est incommode d’avoir un homme pareil contre soi. Maurras ne vit que pour ses idées et on n’a aucune prise sur lui; Henri Vaugeois appelait Mauras le noûs, l’esprit pur. C’est sa définition la plus vraie.
« Henri Vaugeois appelait Mauras le noûs, l’esprit pur. C’est sa définition la plus vraie. »
La situation faite aujourd’hui à Maurras est incontestablement une injustice, parmi bien d’autres, en même temps que la poursuite d’une vieille guerre civile.
Il faudrait ajouter qu’elle est aussi un témoignage, là aussi parmi bien d’autres, de l’extraordinaire inculture politique et de l’extrême médiocrité intellectuelle de ceux qui le condamnent sur des on-dit, tout en étant incapables d’apprécier, fût-ce de façon critique la place qu’il occupe dans l’histoire des idées.