Comme il y aura lundi deux cent ans que Nicolas Boileau nous a quittés, la loi du journalisme veut que Boileau soit sujet d’actualité. Et c’est un sujet dont le renouvellement n’est pas facile. Voici pourtant, à titre de renseignement, les diverses manières dont il convient de parler de Boileau si l’on veut qu’un journal insère l’article ou que des convives écoutent le paradoxe :
1. Boileau Parisien. On fait ressortir le goût de Boileau pour la capitale, où il est né, qu’il n’a pour ainsi dire jamais quittée. Boileau, précurseur, a « lancé » Auteuil et les quartiers de l’ouest. S’il vivait de nos jours, il ferait campagne contre les embarras de Paris. Développements nombreux et variés.
2. Boileau journaliste. Il est absolument certain que rien n’a manqué à Despréaux que l’existence de la presse pour être le premier journaliste de son temps. Il eût, naturellement, excellé dans al critique des lettres, des théâtres, des moeurs. Le goût de Boileau pour la satire, sa manie de se livrer matin et soir à des attaques personnelles lui auraient même valu beaucoup d’affaires d’honneur, et ce polémiste enragé aurait eu souvent recours aux bons offices de M. Rouzier-Dorcières (1). Malgré son désir de vivre en bons termes avec le gouvernement, la raideur de son caractère l’aurait à plusieurs reprises jeté dans l’opposition. Mais il n’est pas douteux qu’il n’eût négligé aucune des manifestations de la vie contemporaine : Boileau ne pensait que par actualités. Ainsi le Lutrin est emprunté à la chronique des tribunaux, les épîtres et les satires sont farcies d’allusions à toute espèce de nouveautés et de potins du jour. Sans compter les « grandes actualités » qui lui inspiraient de vastes machines officielles comme l’Ode sur la prise de Namur.
3. Et, en passant, un petit jeu de société qui consisterait à rechercher quelles seraient de nos jours les victimes de Boileau. Ne voit-on pas d’ici ses Chapelain et ses Cotin ? Tout le monde dira d’abord Edmond Rostand, ensuite Jean Aicard. Il sera du meilleur esprit d’à-propos de ne pas dédaigner de se souvenir, en évoquant les manifestations du Français (2) que Boileau les a expressément autorisées et couvertes de son autorité par un vers célèbre. Remarquons à ce sujet la tendance du jour, qui est de supprimer – à Paris – le droit au sifflet, droit dont les spectateurs des théâtres de province continuent cependant de jouir et d’user librement. Conclure que Boileau eût mené encore de vigoureuses campagnes contre le théâtre industrialisé et enjuivé.
4. Boileau réaliste. On insistera sur ce qu’il ya de cru dans ses descriptions, qui sont de véritables « choses vues ». Exemple : le Repas ridicule, et, à ce sujet de Boileau gourmet, bon vivant, compagnon de quelques uns des fêtards les plus notables de son temps. Aux personnes qui se récrieront, qui ont conservé une dent à Boileau de l’ennui qu’il leur a causé sur els bancs du collège, qui objecteront qu’il est quinteux et maussade, citer le mot fameux de Regnard à qui, pour le flatter, on disait que Despréaux était un auteur médiocre : « Il n’est pAs médiocrement gai. »
5. Boileau royaliste. Il ya aurait là tout un chapitre à écrire : comment, par exemple, il a félicité Louis XIV d’avoir un gouvernement personnel et de n’être pas pareil à « ces rois nés valets de leurs propres ministres ». Comment une de ses louanges les plus délicates fut d’admirer Louis XIV comme une sorte de César qui devait tout à lui-même, et de ne pas lui rappeler inopportunément ses ancêtres. D’ailleurs, le dix-septième siècle était, en général, assez étranger à l’idée de tradition, on dédaignait le moyen âge, les origines, les vieilleries. La monarchie apparaît à travers Boileau comme quelque chose de moderne et presque de nouveau : ce qui s’explique si l’on songe qu’à sa majorité, après la véritable époque de République quavait été la Fronde, Louis XIV avait dû opérer une sorte de coup d’Etat pour reprendre son autorité. Les écrivains de « l’école de 1660 » ont été, bien plutôt que des courtisans, les apologistes d’un acte de hardiesse et de salut public. Observer que Boileau a bien failli ne jamais être de l’Académie française et qu’il fallut la volonté de Louis XIV pour l’y faire entrer. Il eût été piquant, pour l’histoire du quarante et unième fauteuil, d’inscrire en tête des exclus, avec le nom de Molière, le nom de Boileau.
…Il y aurait sans doute encore bien des façons de moderniser Despréaux. Mais cellez-là suffiront pour aujourd’hui. Et puis, il sera toujours permis de parler de Boileau homme de goût, de Boileau honnête homme et de Boileau poète français.
L’Action française, 11 mars 1911
(1) : Escrimeur, qui dirigea de nombreux duels.
(2) : Manifestations provoquées au Théâtre-Français par les représentations d’Après moi, de M. Henry Bernstein.
Image tirée du film La prise du pouvoir par Louis XIV, de Roberto Rossellini.
Boileau « a félicité Louis XIV d’avoir un gouvernement personnel et de n’être pas pareil à « ces rois nés valets de leurs propres ministres »….
Comme nous tous,je suis toujours heureux et fier d’évoquer le glorieux passé de la France et de ceux qui ont particulièrement contribué à le construire,mais je n’oublie pas pour autant les urgences de l’actualité.
Ainsi,j’ai rencontré,il y a quelques jours un vieil ami que je n’avais pas vu depuis quelque temps,et avec lequel nous avions,lui et moi depuis l’adolescence,toujours communié dans les mêmes idéaux,religieux et politiques.
Il me dit,tout à trac et avec dans la voix plus de passion que de raison,qu’il venait de trouver une réponse au problème qu’il se posait depuis quelques semaines, au sujet des élections présidentielles : « j’en ai assez,et je vais « leur » donner une bonne leçon.Au premier tour,je vote pour M.Le Pen,dont les idées sont les moins éloignées des miennes en matière d’immigration,et au 2e tour, je vote blanc. »
Je lui ai fait remarquer que je ne discernais pas très bien à qui il voulait « donner une leçon »,car personne ne tiendrait compte de son vote.Et que finalement,c’est à lui-même que la leçon serait donnée,en acceptant de prendre le risque de faire diriger notre pays par l’invraisemblable attelage que serait le trio Hollande-Mélenchon-Joly,dans des conditions économiques et politiques déjà exceptionnellement difficiles (dont le seul capable de battre Hollande,Sarkozy,n’est pas responsable,contrairement aux mensonges de ses opposants).
Sarkozy n’est certes pas responsable de l’environnement
économique dans lequel s’est déroulé son quinquennat.
Mais il est responsable des décisions qu’il a prises au cours de
ce quinquennat. La question est donc de savoir s’il était
possible de faire mieux, ou surtout autrement, et si ce serait pire
de changer de politique, compte-tenu des résultats, du bilan de
Sarkozy.
Chacun est en mesure de se faire sa propre opinion.
DC,libre à vous de couper les cheveux en quatre et de prêcher subjectivement ce qui est indémontrable ou une vue de votre propre esprit.
Quelle politique voulez-vous au juste pour la France ? Et qui préférez-vous à la tête de l’Etat ? Sarkozy ou Hollande ? Je suis persuadé que dans l’un et l’autre cas,vous aurez l’occasion de critiquer,si la critique est votre choix !