Pour ceux qui s’intéressent à l’héraldique, et il y en a sans-doute parmi nos lecteurs un certain nombre, quoique probablement bien moins qu’ailleurs où le sujet a ses passionnés, cet article de La Couronne méritera d’être lu. Surtout s’agissant des armes des Chefs successifs de la Maison de France, dont l’actuel Comte de Paris, le prince Jean de France. Voici donc cet article, publié ici ce dimanche sous contrainte du couvre-feu qui peut avoir au moins le mérite d’intensifier nos lectures les plus diverses.
Si les armes du chef de la maison de France sont et resteront d’azur à trois fleurs de lis d’or , le Prince est libre d’adopter la composition graphique qui lui plaît, en rajoutant la couronne royale, des tenants, les colliers des ordres dynastiques, etc.
Comme prétendant orléaniste au trône de France, le comte de Paris (1838 1894) portait d’azur à trois fleurs de lis d’or au lambel d’argent , soit les armes de la famille d’Orléans depuis 1660. Il ne timbrait ses armes d’aucune couronne. Son papier à lettre était composé uniquement de ses armes, entourées d’une banderole donnant le nom de sa résidenc e officielle : le château d’Eu en Seine Maritime (à l’époque le département de la Seine Inférieure).
Devenu chef de la maison de France en 1883, il supprima le lambel de ses armoiries, pour prendre les pleines armes de France, d’azur à trois fleurs de lis d’or . Toujours aucune couronne sur ses armoiries personnelles, mais toujours la banderole comportant le nom du château d’Eu. Après 1886 et l’adoption de la loi d’exil, la mention du château d’Eu sera remplacée par la mention En exil.
Son fils Philippe VIII , duc d’Orléans, réintroduisit la couronne royale timbrant ses armoiries. Cette composition, que l’on retrouve, tantôt en couleurs, tantôt en noir et blanc, sera conservée par son successeur, Jean III , duc de Guise, puis par le fils de celui ci au début de son règne, Henri VI , comte de Paris. Il faut noter également que la couverture du livre Paroles royales , édité en 1933, est ornée des armes de France entourées des colliers des ordres dynastiques. Première fois depuis 1883 qu’un livre du chef de la maison de France est ornée des colliers des ordres dynastiques, malgré le fait que le duc de Guise n’ait jamais revendiqué la grande maîtrise des ordres.
C’est Henri VI qui opéra le plus grand nombre de changements dans ses armes personnelles. Conservant tout d’abord le même graphisme que pour les armes de son père, c’est lors de la création du Bulletin mensuel d’information du bureau politique de M gr le comte de Paris en 1948, que l’on peut voir ces changements.
La première version qui sera en vigueur de 1948 au 25 octobre 1955 montre les armes de France surmontées d’une couronne royale (qui n’a que trois arches au lieu des cinq traditionnelles) et entourées de deux anges, dont les ailes pointent vers le ciel.
La deuxième version, qui aura une vie éphémère, sera en vigueur du 28 novembre 1955 au 26 décembre 1956. La couronne royale récupère ses cinq arches, et les ailes des angles pointent désormais vers la terre.
La troisième et dernière version, adoptée le 26 décembre 1956, sera celle qui sera la plus connue. Les ailes des angles pointent désormais à l’horizontale et ont un graphisme simplifié. C’est le même blason qui figurera également sur le papier à en tête et les actes de Henri VI.
Son fils et successeur Henri VII , sur son papier à en tête, adoptera le même blason, avec quelques légères modifications de style.
Le nouveau chef de la maison de France, Jean IV , a repris le même blason que son grand-père, mais dans une version mise en couleur à l’époque par l’héraldiste Dominique Morche.
Matthias Samyn
Merci pour cet éclairage
Le Comte de Paris n’a jamais été « prétendant orléaniste au trône de France » .
Il a été le prétendant à son tour en 1883 en tant que chef de la maison de France.
Hé si, il a bien été prétendant orléaniste de 1848 à 1881, jusqu’à sa visite à Frohsdorf, où il a renoncé à l’héritage de Louis-Philippe, à la fureur de sa mère et de son oncle Aumale. D’ailleurs avant cette date, il est « Louis-Philippe II », après la mort d’Henri V, il est « Philippe VII ».