Notre note de mardi dernier, 19 juin, sur « le double meurtre » de Collobrières a produit un long débat dans les « commentaires » du blog, dont certains de grande qualité. Débat décousu, toutefois, où, en quelque sorte, des sujets étrangers et parasites se sont greffés, sans toutefois l’interrompre. Est-il, d’ailleurs, interrompu ? Nous verrons bien. Nos lecteurs intéressés s’y reporteront s’ils le souhaitent.
Sur le fond, sur l’essentiel de la question que pose ce type d’évènement, ses causes et ses conséquences, deux « thèses » s’y sont opposées : celle de François Delpla que chacun pourra lire à loisir car elle est abondamment développée; et celle qu’expose Antiquus – en contre-point de celle de François Delpla – avec force et clarté. Nous la publions, ici, en note, tout simplement parce que c’est la nôtre. Nous voulons dire : parce que c’est notre position.
Sur la suite des discussions, notamment la réponse de François Delpla, on se reportera aux commentaires, d’ailleurs fort nombreux (15 intervenants) … En tout cas, les débats vont bon train sur lafautearousseau. Belle vitalité, liberté d’esprit, sens de la controverse !
… parce que nous sommes des héritiers
« J’interviens après ce long débat un peu décousu entre Delpla et tous les autres. Je me permets de le recentrer sur le thème de l’écho en question : le meurtre de ces deux gendarmettes. Sur ce sujet, il est bien évident que nos positions et celles de Delpla sont totalement opposées, et qu’elles appartiennent même à des visions du monde incompatibles.
Pour Delpla, il est interdit de faire le moindre lien entre le meurtre et l’origine culturelle du meurtrier. Une telle constatation serait indigne, selon lui. Pourquoi, alors que la seule visite d’une prison suffit en un clin d’œil à démontrer un lien entre immigration et délinquance ? Eh bien parce que ce raisonnement aurait pour résultat de jeter la suspicion sur une catégorie collective, une fraction de l’humanité, seule entité digne d’être prise en considération, selon lui. D’où cette tirade apparemment sans rapport avec le sujet, sur les Etats qui « auraient dû se mettre en quatre, de 1933 à 1944, pour accueillir les Juifs indésirables en Allemagne. » Toujours la « reductio ad Hitlerum », n’est-ce pas ? Or tous les sociologues sont d’accord pour dire que l’attitude sociale, le civisme, le respect des règles, le dévouement, sont déterminés par l’héritage culturel que l’on porte en soi, et qui provient d’un passé souvent lointain, et que le fait d’être déraciné comme le sont les migrants les rend plus fragiles. Oui mais Delpla estime qu’il y a un devoir moral impérieux de changer tout cela : les hommes doivent d’abord être des hommes et non pas des héritiers. C’est pourquoi « c’est à chacun de punir ses ressortissants délinquants, et de se les garder ». Peu importe pour lui que ces « ressortissants » soient substantiellement différents dans leur culture des autres français, car les communautés humaines issues de la filiation appartiennent au passé. Il faut « investir dans l’éducation » des « ressortissants » ainsi définis afin de leur apprendre par le conditionnement éducatif à être des citoyens du monde. Et il poursuit : « la déchéance de nationalité est une infamie, même pas applicable. » Pourquoi une infamie ? Parce que selon sa grille de lecture la nationalité n’est pas un héritage mais un droit. Pourquoi même pas applicable ? Parce que ce Delpla, comme l’immense majorité de la caste au pouvoir, se figure que les murailles de papier que ses semblables ont édifiées depuis deux siècles sont infrangibles.
Mais il se trompe. Cette promesse universelle, qui date du XVIII° siècle, annonçant un monde nouveau ne sera pas tenue. Déjà sa grille de lecture des événements se craquelle, suscitant de plus en plus d’incrédulité comme, il y a trente ans celle de la langue de bois communiste. Elle ne se réalisera pas, et le tragique fait-divers de Collobrières n’ en est qu’un petit exemple. Sa nocivité peut cependant détruire des nations, la nôtre peut-être. Ne le laissons pas faire.
Antiquus
Oui, mais s’il est à mon sens légitime de vouloir défendre et conserver son identité, encore faut-il s’interroger sur le sens de ce mot, qui ne doit pas se ramener à des slogans ou à des fantasmes.
Elle n’est pas ce qui ne change jamais, mais ce qui caractérise notre manière singulière de changer. Elle est enfin indissociable d’un récit, d’une narration par laquelle le sujet se construit lui-même au moyen de ce dont il a hérité et de ce qu’il a choisi.
Même les identités héritées sont aujourd’hui des identités choisies, dans la mesure où elles ne sont opérantes que pour autant que l’on accepte ou que l’on veuille s’y reconnaître.
L’affirmation du droit à la différence est la seule façon d’échapper à une double erreur : celle, répandue à gauche, qui consiste à croire qu’on réalisera la « fraternité humaine » sur les ruines des différences, l’érosion des cultures et l’homogénéisation des communautés, et celle, répandue à droite, qui consiste à croire qu’on fera » renaître la nation » (conception idéologique héritée des Lumières) en inculquant à ses membres une attitude de rejet vis-à-vis des autres.
Qu’est-ce qui est hérité des lumières? La nation ou le rejet? Le mot nation est bien antérieur aux Lumières. Il a dès la fin du XIII° siècle un sens collectif et désigne des affinités à la fois linguistiques ou culturelles. C’est ainsi que dans les ordres de chevalerie (Temple, Saint Jean, Saint Lazare et même Teutonique) les districts sont répartis en nations, comme d’ailleurs à la Sorbonne ou à Rome. Bien sûr il n’a pas un sens jacobin. Il ne traduit pas un choix mais une appartenance.
Quant au « rejet », il faut faire attention au maximalisme moralisant que pourtant vous réprouvez. Préférer les siens aux autres, est-ce rejeter ces derniers? Oui, sans doute, mais d’une manière relative à l’objet considéré et non de manière générale.
Ce que dit Antiquus est parfaitement suffisant.
Sur l’usage du mot « nation » dans un sens qui n’a rien d’idéologique ni de jacobin et ne doit rien aux Lumières, je pense aussi à ce que nous nommons, dans le Midi provençal, la Nation Gardiane – celle du marquis de Baroncelli – et aux nombreux passages où, dans son oeuvre, Mistral s’y réfère. Quand il dit « Et si tombent les félibres, Tombera notre nation », il est évident que ce ne peut pas être dans un sens idéologique ou jacobin ! Il y a bien deux acceptions opposées du mot nation, dont l’une appartient à notre héritage lointain. N’en faisons pas cadeau à nos adversaires !
Antiquus à raison, le mot nation est bien antérieur aux Lumières sauf que le sens en était tout à fait autre ( un sens « culturel » comme le précise par ailleurs JACO ). L’Ancien Régime avait, en France, déjà largement entamé le processus de centralisation. La Révolution continue ce processus sous une forme nouvelle. A partir de la Révolution, la nation est pour tout individu une donnée immédiate. C’est une abstraction collective à laquelle on appartient directement, sans la médiation des corps ni des états.
Il y a donc, paradoxalement, une racine individualiste de la nation et du nationalisme.
Cette « modernité » de la nation et du nationalisme est longtemps restée inaperçue, d’abord parce que le nationalisme a parfois été aussi une réaction (ou une réponse) aux dysfonctionnements sociaux et politiques nés de l’émergence de la modernité, ensuite parce que la droite politique, à partir de la fin du XIXe siècle, a
instrumentalisé à son tour l’idée de nation pour l’opposer aux mouvements « internationalistes ».
Les nations ne sont pas miscibles comme le dit fort à propos Antiquus des ordres croisés, mais savent travailler ensemble sur objectif. La référence est inopérante si on cherche des motifs à une brute inculte et avinée. Quelle que soit sa nation d’appartenance, il reste une brute inculte et avinée.
Et peut-être là François Delpla a raison, les origines culturelles ne sont pas en cause s’il n’y a eu aucun bain culturel au départ. Les prétoires jugent depuis toujours des brutes incultes et avinées de toute race et provenance. Ces types sont des yétis.
mouais. Ce débat m’a quand même laissé sur ma faim. Parce le point de départ étant le développement de tous les poncifs du genre, la piste de réflexion est mauvaise dès le départ. Peu d’intérêt en somme.
point de départ initié par françois delpa, bien sûr.
n’importe quoi ce débat, les véritables questions à se poser sont :
1 – pourquoi le forcené a été libéré de prison quelques jours avant le meurtre contre toute attente
2 – pourquoi les deux gendarmes féminins ont-elle été binommées pour une mission impliquant un forcené notoire. Les bonnes pratiques en Gendarmerie sont de ne jamais binommer deux femmes pour des missions nocturnes.
3 – comment un seul homme, aviné de surcroit, a put neutraliser deux agent des forces de l’ordre ayant chacune au moins 10 ans d’expériences.
Il suffit de lire en détail la version officielle de cet tuerie pour comprendre que ces deux gendarmes sont tombées dans un guet-apens dans le but de les éliminer. Etaient-elles au courant d’informations compromettantes pour les notables de la région ? Avaient-elles identifiées un réseau pédophile ?
Je découvre cela aujourd’hui !
Quand on crée un tel embranchement, il serait bon de prévenir l’intéressé.
L’islamophobie n’a fait que galoper de plus belle depuis un an et demi. J’entends par là la « reductio ad ben Laden » de tout fidèle d’Allah. Mais des antidotes commencent à se mettre en place, y compris chez des gens insoupçonnables de la moindre sympathie pour la gauche, fût-elle la plus à droite : http://blog.turgot.org/index.php?post/Montenay-musulmans#comments (vous pouvez aussi cliquer sur mon nom).