Par Gérard Leclerc.
Un observatoire du décolonialisme et des idéologies identitaires vient de se constituer dans le cadre de l’université pour lutter contre une culture envahissante venue des États-Unis et s’attaquant aux fondements de notre civilisation. Une véritable résistance est en train de s’organiser.
Dans l’hebdomadaire Le Point de cette semaine, soixante-seize universitaires signent un véritable manifeste pour dénoncer une maladie qui s’est emparée de leur institution et met en péril les fondements mêmes de leurs disciplines : « Un mouvement militant entend imposer une critique radicale des sociétés démocratiques, au nom d’un prétendu “décolonialisme” et d’une “intersectionnalité” qui croit combattre les inégalités en assignant chaque personne à des identités de “race” et de religion, de sexe et de “genre”. » Ce mouvement nous vient des États-Unis, où depuis longtemps déjà il a suscité une véritable culture qui s’appuie d’ailleurs sur ce que George Orwell appelait une « police de la pensée » avec des procédés d’intimidation et même de chasse à l’homme.
En une chronique trop courte, je ne puis exposer, comme il le faudrait, les thèses de ce mouvement, qui sont moins des thèses que des slogans, au demeurant efficaces dans l’ordre de la propagande. Pierre-André Taguieff, qui vient de publier un essai argumenté sur L’imposture décoloniale, résume en douze points ce système idéologique. Je ne les reprendrai pas, mais j’en retiendrai l’idée d’un véritable catéchisme qui s’empare des esprits, un peu comme un certain marxisme s’était imposé dans les années d’après-guerre, sans qu’on puisse raisonnablement s’y opposer. Sartre n’avait-il pas parlé d’un horizon indépassable pour l’époque ? En un sens, il n’avait pas tort. Mais la liberté de l’esprit consistait justement dans le refus de cet indépassable.
Sans doute, sommes-nous aujourd’hui sommés de rentrer en résistance contre ce qui se définit comme « cancel culture », c’est-à-dire culture de l’oubli, de l’annulation et du nihilisme. ■