Le 15 février, un nouveau musée a ouvert ses portes au sommet de l’édifice. IL retrace ses heures de gloire depuis la pose de la première pierre, en 1806.
« Nous voulions révéler par l’image la richesse du lieu, qui est à la fois un mémorial et le symbole de la réconciliation des peuples », exposent les deux maîtres d’œuvre, Christophe Girault et Maurice Benayoun. Jean-Paul Ciret, directeur culturel du Centre des Monuments Nationaux justifie ainsi la réalisation de ce nouveau Musée: « L’Arc de triomphe n’est pas un simple belvédère. Il était urgent de réhabiliter son histoire, à condition de la rendre abordable par tous les publics, y compris les étrangers » (l’Arc de Triomphe a reçu 1.700.000 visiteurs en 2006…). La visite démarre par une rétrospective nourrie de photos et de films rares, notamment les funérailles de Victor Hugo (1885) ou l’inhumation du soldat inconnu (1921).
Donc tout va bien, la vie est belle, tout le monde est content, et nous aussi. Sauf que…il y a tout de même un truc qui nous chiffonne, et qui de toute évidence a échappé aux concepteurs de ce nouveau Musée. Ils se sont occupé -et très bien, redisons-le…- de l’intérieur du monument, et les visiteurs en seront comblés. Mais à l’extérieur? On n’a rien touché, rien changé, rien corrigé. Et les foules qui viendront s’extasier devant la beauté de ce monument continueront de rendre en quelque sorte un hommage -involontaire et indirect il est vrai, mais tout de même…- à deux des pires monstres que notre Histoire nationale aura enfanté: deux génocideurs que même Gracchus Babeuf vomissait (c’est dire!….) et qu’il a accusé de « populicide »: le général Turreau et le baron Amey. Ils ont l’un et l’autre leur nom gravé sur l’un des piliers du monument, et sont donc ainsi, d’une certaine façon, « proposés » à l’admiration des foules.
Il est vrai que la république n’est pas gênée de chanter et de faire chanter une phrase authentiquement raciste dans son hymne (« ..qu’un sang impur abreuve nos sillons… »). Elle n’en est donc pas à une contradiction près, elle qui parle de « Fraternité », d’honorer ainsi des bourreaux et des monstres, des génocideurs/exterminateurs…. Au fait, pour celles et ceux qui connaîtraient mal cette page de notre Histoire, qui étaient ces deux ci-devants?
1 : Louis Marie Turreau, dit Turreau de Garambouville ou encore Turreau de Linières a organisé les colonnes infernales durant la guerre de Vendée. Ses instructions envoyées sont peu équivoques :
« Les villages, métairies, bois, landes, genêts et généralement tout ce qui peut être brûlé sera livré aux flammes. »
« …seront passés par les armes les brigands trouvés les armes à la main ou convaincus de les avoir prises, y compris les filles, femmes et enfants qui seront dans ce cas… »
D’après Jean-Clément Martin, qui a analysé les recensements de 1790 et de 1801, un manque d’environ 220 000 à 250 000 habitants est à noter dans l’accroissement normal qu’aurait dû connaître la « Vendée militaire » sans la guerre civile. Les bilans varient, entre les morts au combat, les morts indirects du fait des mauvaises conditions de vie, les exils des Républicains. Les récoltes de 1788 ont également été mauvaises. Certains historiens attribuent jusqu’à 200 000 morts à Turreau.
Selon Reynald Secher, historien, auteur de l’ouvrage La Vendée-Vengé, « 117 257 personnes au minimum disparaissent entre 1792 et 1802, soit 14.38% de la population » d’après les sources primaires disponibles.
2 : Amey (François-Pierre Joseph, baron) né à Sélestat (Bas-Rhin) le 2 Octobre 1768. En janvier 1794, l’officier de police Gannet l’accuse de laisser ses soldats tuer des civils en les jetant dans des fours: « …Amey fait allumer des fours et lorsqu’ils sont bien chauffés, il y jette les femmes et les enfants. Nous lui avons fait des représentations; il nous a répondu que c’était ainsi que la République voulait faire cuire son pain. D’abord on a condamné à ce genre de mort les femmes brigandes et nous n’avons trop rien dit; mais aujourd’hui les cris de ces misérables ont tant diverti les soldats et Turreau qu’ils ont voulu continuer ces plaisirs. Les femelles de royalistes manquant, ils s’adressent aux épouses des vrais patriotes. Déjà, à notre connaissance, vingt-trois ont subi cet horrible supplice et elles n’étaient coupables que d’adorer la nation. La veuve Pacaud, dont le mari a été tué à Chatillon par les Brigands lors de la dernière bataille, s’est vue, avec ses 4 petits enfants jetée dans un four. Nous avons voulu interposer notre autorité, les soldats nous ont menacés du même sort… »
Charmant, non? Alors, rénover l’intérieur de l’Arc de Triomphe, et en faire un Musée digne de ce nom, c’est bien. C’est même très bien. Mais « purifier la Mémoire », cela ne serait-il pas au moins aussi important? Cela ne s’imposerait-il pas, enfin? Le scandale n’a-il pas que trop duré?…..
Henri sur Journal de l’année 14 de Jacques…
“D’abord nous remercions chaleureusement le Prince Jean de ses vœux pour notre pays et de répondre…”