L’Action Française reçoit Robert Ménard et sa femme, Emmanuelle Duverger, pour s’entretenir avec eux, de leurs parcours médiatiques atypiques, de Reporter sans frontières fondé par le premier, à Boulevard Voltaire, lancé avec la seconde, chaque entreprise au service de la liberté d’expression intégrale. Roboratif !
Action française 2000 :
Après Vive le Pen !, écrit en collaboration avec Emmanuelle Duverger, votre épouse, un livre qui avait déjà fait grand bruit à sa sortie, vous récidivez avec un non moins retentissant Vive l’Algérie française !Pourquoi aggraver ainsi votre cas ?
Robert Ménard : Il y a à cela deux raisons. La première, similaire à celle qui a présidé au projet de Vive Le Pen ! est de lancer un pavé dans la marre médiatique en formulant ce que l’on n’a pas le droit de dire dans la presse bienséante et bien-pensante. J’aurai commis un Vive Pol Pot ! ou un Vive Staline ! ou un Vive Mao !, que cela serait passé complètement inaperçu, parce que j’aurai traité d’icônes de gauche qui, dans l’inconscient collectif de celle-ci, impriment une confuse nostalgie de jeunesse au lieu, au contraire, de susciter la révulsion. Bref, cela n’aurait choqué personne de faire l’apologie des pires sanguinaires
AF 2000 : A l’outrance des anti-Algérie française et autres suppôts du FLN, également adeptes du cilice méa-culpant, vous pensiez qu’il était opportun de répondre par une autre outrance au service d’une vérité historique que beaucoup souhaiterait plus apaisée ?
RM : Mais c’est la seule façon de se faire entendre ! J’assume parfaitement la portée polémique de mon propos. Jean-Jacques Jordi vient de publier un ouvrage sur les disparus en Algérie. En avez-vous entendu parler dans les médias ? J’en ai assez de cette vision unique et univoque ! Sur le 17 octobre 1961, je suis sidéré d’entendre le président de la République reprendre mots pour mots la fable des centaines de manifestants algériens balancés dans la Seine par les forces de l’ordre de l’époque ! Où a-t-il vu ça ? Tout ça pour complaire au gouvernement algérien à qui il doit rendre visite prochainement ! Sur ce qui s’est passé rue d’Isly à Alger le 26 mars 1962 ou le 5 juillet 1962 à Oran où des centaines de Pieds-Noirs furent massacrés (massacres auxquels mon père a échappé par miracle, par la grâce d’un Arabe qui lui a sauvé la vie), que de contre-vérités, de manipulations des évènements voire de mensonges officiels, au service des gentils (et de leurs successeurs) « combattants de la liberté ». Avec Vive l’Algérie française !, il ne s’agissait donc évidemment pas de faire l’apologie de la colonisation et de dire que tous les Pieds-Noirs étaient des anges, mais de redresser un peu la barre face à une caste médiatique pétrie de bonnes intentions et qui jouent sans vergogne le même air de pipeau depuis des décennies. Il est quand même ahurissant que l’on ne puisse pas dire tranquillement, par ce que c’est tout simplement la vérité, qu’il y eut plus d’Algériens tués en interne par d’autres Algériens que d’Algériens tués par l’OAS ! Même l’Allemagne vient enfin, 60 ans après la Shoah, d’adopter une distance critique à l’égard de la politique d’Israël. On peut attendre en vain de M. Hollande qu’il adopte la même posture.
AF 2000 : Pourquoi ne pas avoir endossé seul, en tant que journaliste, ce libelle et vous être associé à Thierry Rolando, président du Cercle algérianiste qui traîne dans son sillage d’autres associations de Pieds-Noirs, de Harkis, voire d’anciens combattants de l’OAS ?
RM : D’abord par sympathie pour Thierry Rolando qui m’a plus que sensibilisé à sa cause. Ensuite, je n’ai pas la connaissance exacte et factuelle qu’il a sur ces douloureux évènements. Enfin, c’était l’occasion pour moi de rendre hommage à des gens qui depuis cinquante ans cherchent à se faire entendre au nom d’une réalité qu’ils ont vécu dans leur chair et dans celle de leurs parents, enfants ou amis disparus.
AF 2000 : Vous provenez vous-même de la gauche. Comment expliquez-vous son hémiplégie intellectuelle sur certains chapitres de l’Histoire ? Vous-même, d’ailleurs, en étiez-vous atteint ?
RM : J’ai quitté la gauche quand Mitterrand est arrivé au pouvoir. Très vite, je me suis aperçu que les doux rêves que je nourrissais se cassaient les dents sur la réalité. Or, c’est sur cette réalité que la gauche bien-pensante se masque les yeux et les oreilles. Pour bien la connaître, je dirai que la gauche doit incarner le bien. Elle est le Bien et tout ce qui vient d’en face n’est audible et n’a aucune grâce à ses yeux. Quand j’étais dans les salles de rédaction, j’étais frappé de constater que les opinions des opposants n’étaient pas considérées seulement comme erronées (ce qui laisse éventuellement place à la discussion), mais aussi et surtout comme méchantes par principe et mauvaises par essence. Cette hémiplégie naturelle de la gauche est même pathologique. Le sectarisme est véritablement consubstantiel à l’idéologie de la gauche. Il y a globalement à gauche, la certitude incoercible que l’on est du bon côté de la barrière. La droite est complètement terrorisée par ce magistère de la gauche germanopratine, au point qu’elle a honte d’être elle-même. Vous êtes catalogués en tant que « néo-fascistes », comme le Nouvel Obs en a dressé récemment la liste.
AF 2000 : Quelles sont les raisons réelles qui ont motivé vos évictions successives de médias grands publics comme RTL ou I-Télé ? […]
Propos recueillis par Aristide Leucate – La suite de l’entretien dans L’Action Française n°2853
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