Par Marc VERGIER.
Un « commentaire » qui, à tout le moins, vaut un billet. Quant à convertir les eurocrates à l’usage principal du français, il y aura beaucoup de sceptiques.
Le français est indéniablement plus compliqué que l’anglais, moins que le latin ou l’allemand, quand même.
Sur ces derniers, le français à l’avantage d’une lecture « linéaire », sans trop de pièges, grâce à des mots distincts et des phrases structurées par les articles, prépositions et autres copules.
Le français est-il plus clair que l’anglais ? je ne le crois pas, et de moins en moins, vue la propension de nos élites à l’emphase, au sabir, au jargon, au ronflant, à la copie servile et au bric-à-brac, aggravés par ce qu’on pourrait qualifier de fuite devant les réalités. Les conjugaisons, quand nous les pratiquons, donnent au français (et à l’italien, l’espagnol, l’allemand….) une capacité à nuancer que l’anglais n’a plus.
Il y a aussi la question du vocabulaire. L’anglais serait plus riche. Plus que la langue, ce sont les anglo-américains qui sont plus créatifs. De ce point de vue le français semble éteint mais, ici encore, la responsabilité n’est pas dans la langue mais dans les locuteurs.
Ces banalités rappelées, je vois deux arguments méconnus en faveur du français comme langue commune principale pour l’Union Européenne :
1-Sa relative difficulté le réserve à des locuteurs réfléchis et qualifiés. S’il peut ainsi décourager la logorrhée débridée ou fadasse du globish, on ne peut que s’en trouver mieux.
2-L’absence quasi-totale d’accentuation du français a, me semble-t-il, la conséquence heureuse que le français pratiqué par les étrangers est, le plus souvent, harmonieux, mélodieux, amusant, sympathique. C’est tout le contraire avec l’anglais. Sans sa « musique », dont la complexité contraste avec la simplicité de sa syntaxe, il devient (pour celui qui le connaît tant soit peu) cacophonique, déplaisant à l’oreille, risible, ridicule et, parfois, périlleux.
Alors que le français rend les accents étrangers sympathiques, l’anglais met, le plus souvent les étrangers en position d’infériorité, en fait des cibles facile à moquer.
Moins de discours et des discours plus mélodieux, une plus grande égalité d’armes. On devrait pouvoir convaincre les eurocrates. ■
Fort belle analyse !