Sa dernière outrance verbale est un « tweet » : Mélenchon n’a-t-il vraiment rien de plus « criminel » à dénoncer ? :
« Il est criminel que le journal @lemondefr fasse sa ‘une’ sur le Front National alors que commence la fête de l’Humanité. » #FranceBleu« déclare Mélenchon, ulcéré, sur un tweet.
« Le papier souffre tout », disait Madame de Sévigné. « Nihil novi sub sole » : aujourd’hui, ce sont les formes nouvelles d’expression (!) qui « souffrent tout », comme ce tweet, qui serait scandaleux s’il n’était d’abord et avant tout, essentiellement, grotesque et ridicule.
Mélenchon refuse de voir et d’admettre l’échec total qu’a été la Révolution, dans sa forme marxiste-léniniste, elle qui se voulait la quintessence de celle des « grands ancêtres » – dans le crime… – de 1789; il refuse de voir et d’admettre l’horreur absolue qu’elle a représentée, qui est la pire de toutes celles qu’a connu l’humanité depuis ses origines : n‘est-ce pas cela qui est criminel, et le fait que, malgré son aveuglement, il persiste à donner des leçons de morale (« républicaine », évidemment !…) ?
Mais, on vient de le dire, avant tout, ce propos de Mélenchon est outrancier, donc insignifiant. S’il s’agissait d’un film, son titre est tout trouvé, et déjà pris : « Ridicule »…
« Il n’épargne personne » dit le sous-titre de l’affiche de ce film. En l’occurrence, il n’épargne pas Mélenchon, qui vit bien et même très bien du Système, dans lequel il est parfaitement inséré et intégré, lui qui est bel et bien – quoi qu’il éructe – un « conservateur » de ce Système, dont il est l’un des « privilégiés ».
Un Système dont Mélenchon ne semble pas voir non plus qu’il échoue en tout et partout; et, en tout premier lieu, dans le domaine de la sécurité publique (ou plutôt de l’insécurité publique) : bientôt quotidiennes, de Marignane à Marseille et Nice – pour les trois dernières – les consternantes « affaires » d’insécurité montrent bien que « le roi est nu » et que le Système n’assure plus la sécurité des biens et des personnes. Et qu’il est ainsi « failli », dans ce qui est le premier de ses devoirs.
De tout cela, du moins, des causes de tout cela, Mélenchon ne dit pas un mot. Ce ne doit pas être « criminel », pour lui ! Mais cela l’est, assurément, pour le peuple…
Si l’on veut une « bonne vieille révolution », comme dit son compère Besancenot, c’est du côté de chez nous qu’il faudra venir la chercher. Mélenchon ne remet pas en cause les bases, les fondements, l’essentiel du Système : c’est seulement par des mots, des formules, qu’il joue le grand méchant, le dur, le « révolutionnaire », lui qui est, de fait, « conservateur » (ce mot qui commence mal, comme le disait le duc d’Orléans).
Il va à la « Fête de l’Humanité » – cette sorte de « Jurassic Park », version idéologique et périmée… – avalisant ainsi, et célébrant, les crimes qui ont été commis en son nom par la Révolution ? Il veut surtout conserver la société déconstruite qui en est resultée, et simplement aller plus loin, plus vite et plus fort dans cette même voie qu’elle a tracée…
Nous, c’est le contraire que nous voulons : la minuscule et la majuscule ont un sens, nous voulons la révolution de cette Révolution idéologique, comme l’a bien expliqué Pierre Boutang :
« Notre société n’a que des banques pour cathédrales ; elle n’a rien à transmettre qui justifie un nouvel « appel aux conservateurs » ; il n’y a, d’elle proprement dite, rien à conserver. Aussi sommes-nous libres de rêver que le premier rebelle, et serviteur de la légitimité révolutionnaire, sera le Prince chrétien. »
Ce qui, mon humble avis, relève du scandale, c’est que le FN ait à ce point changé qu’il puisse bénéficier de la une du monde. L’intégration au « système » tant décrié par les responsables du FN n’est pas loin. Merci Marine.