Qu’importe que Mme Merkel se succède ou pas à elle-même. On ne peut imaginer que notre puissant voisin fasse autre chose que ce qu’il a toujours fait : de la force. Avec, au gré de telle ou telle alliance post-électorale, quelques modifications d’ordre purement tactique. Même M. Prudhomme l’a compris : les Allemands sont avant tout allemands. Belle leçon pour nous, toujours à la recherche d’un exemple ou d’un modèle. De ce côté-ci du Rhin, l’admiration, voire la fascination, pour le monde germanique ne datent pas d’hier. D’abord d’ordre religieux, puis artistique et littéraire, l’attrait exercé a revêtu, dans l’entre-deux-guerres, une forme plus politique et, depuis les années soixante, plutôt économique – beaucoup de Français pensant que l’Allemagne fait mieux que nous.
Il est vrai que son budget est en équilibre, sa balance commerciale excédentaire (un excédent qui avoisinerait les deux cents milliards d’euros !) et son taux de chômage de l’ordre de 5% (11% en moyenne dans le reste de « l’Europe »). Il est vrai aussi que sa monnaie, « l’euromark », est toujours aussi forte, ce qui favorise ses options industrielles et commerciales. Il est vrai enfin que ses institutions, et notamment le mode de désignation des députés au Bundestag, favorisent le consensus et la stabilité grâce au mécanisme bien huilé de la coalition gouvernementale.
Mais l’Allemagne réunifiée semble avoir renoncé à toute ambition autre qu’économique : la prospérité du pays est celle d’un marchand uniquement préoccupé de sa petite entreprise et intéressé par les seuls graphiques du commerce international. Facteur aggravant : l’Allemagne voit sa population vieillir de manière plus que préoccupante, avec comme perspective de devenir une immense maison de retraite. Cela explique en grande partie l’attitude frileuse de ses dirigeants : le chancelier reste un chef de parti, toujours prisonnier de calculs politiciens, sans autre visée stratégique que la recherche de biens matériels. Quant au système électoral allemand, il n’est au fond qu’une variante de la supercherie démocratique qui consiste à faire croire qu’un prétendu « peuple » est « représenté » dès lors que des individus ont déposé un bulletin de vote.
D’un point de vue gestionnaire, on ne peut contester que la façon de faire allemande pourrait inspirer chez nous certaines réformes. D’un point de vue politique, on doit espérer qu’existera un jour une alliance sérieuse entre la France et l’Allemagne. En attendant, considérer cette dernière comme exemple ou modèle serait une faute, d’autant plus grave que l’Allemagne mérite mieux de notre part qu’une admiration aveugle pour sa seule réussite matérielle. Sauf à se décréditer, la France ne peut être qu’elle-même : elle ne saurait d’ailleurs constituer un allié digne d’intérêt qu’à cette condition-là. L’Allemagne ne doit nous faire ni envie ni pitié, elle doit simplement nous inciter à être à la hauteur de l’enjeu.
Cette article est bien décalé par rapport à la réalité de l’Allemagne! Ce pays est solidaire de l’Europe comme aucun autre. Angela, surnommé par ses concitoyens « Mutti, la Mère de l’Allemagne » gère son pays en bon père de famille c’est à dire avec responsabilité, exigence. Il est évident que les mauvais élèves comme nous méritions quelques coups de baguettes…Néanmoins Madame Merkel n’est dans son ton jamais désobligente auc contraire de notre de élite arrogante et narcissique.
J’avoue que je ne comprends pas très bien ou notre ami L.J.Delanglade veut en venir dans un article qui, selon moi,
ne fait qu' »enfoncer des portes ouvertes »,sauf son respect,et qui ainsi se trouve bien « décalé » avec nos problèmes de l’heure,comme le souligne M.Wissler.
Le vrai problème n’est-il pas de chercher à accorder dans le futur
la France et l’Allemagne,compte tenu des données actuelles qui ne sont guère favorables à la France ? L’analyse littéraire ne suffit sûrement pas,aussi éloquente soit-elle.
La France est le pays de la chanson individuelle; l’Allemagne le pays de la chanson de groupe. Voilà tout est dit. Le succès de l’Allemagne est dans le prolongement du chant choral. Durant une bonne partie de ma carrière j’ai eu à diriger une équipe franco- allemande. Sans caricaturer, on ne peut qu’enregistrer en Allemagne la tendance à dire spontanément « oui » (sauf si l’on a de bonnes raisons de dire non) et, en France, la tendance à dire spontanément « non » (sauf si l’on a de bonnes raisons de dire oui).
Dans l’entreprise française, les bureaux sont fermés et lorsqu’on vous appelle au téléphone on ne s’annonce pas en décrochant. En Allemagne c’est l’inverse, d’où cet esprit communautaire où les « ensembles » sont plus importants que les individus.
L’Allemagne est un acteur global contrairement à ce que suggère M. Delanglade. Sa géopolitique est simplement « utile », c’est toute la différence avec la nôtre qui est faite de paillettes éphémères.
L’Allemagne retourne au logiciel qui fit son succès à la belle Epoque, juste avant que la Prusse ne lui impose les lois de construction navale d’une flotte de guerre océanique dès 1898. Elle a payé pour savoir que, quand on domine tout le monde de la tête et des épaules au plan industriel et à celui de la R&D, la puissance militaire est une énorme connerie car il faut l’opposer un jour à quelqu’un. D’où le pacifisme actuel.
Le trou démographique « culturel » est en voie de comblement par l’importation de talents et courage depuis l’Europe méridionale (>500.000 à ce jour) et finalement elle gère ses défis bien mieux que tous ses voisins !
Les quatre commentaires qui précèdent prouvent que Delanglade a raison sur l’essentiel : il existe bel et bien un tropisme allemand, jusque chez les lecteurs de ce blog.
Ce n’est pas à vous mon cher « Ferrante » que j’apprendrai qu’il existe différentes sortes de tropismes : les positifs (attirance), mais également les négatifs (rejet).
Les français restent, dans l’ensemble, extrêmement peu intéressés par ce qui se passe en dehors de leurs frontières. Inconscients que la politique étrangère est finalement la seule politique qui compte, ayant pris l’habitude au cours de leur histoire de se considérer comme le centre de la terre, ils ne manifestent que rarement cette curiosité de la vie des autres peuple
Dans le racisme anti-allemand que l’on voit renaître aujourd’hui, à droite comme à gauche, qui dira la part prise par la jalousie? Au cours des deux guerres mondiales, l’Allemagne a perdu douze millions d’hommes. Elle a, dans le courant du XXème siècle, été deux fois saignée à blanc, deux fois détruite, deux fois anéantie. Et voici qu’aujourd’hui, dans le seul domaine où on l’a autorisée à mettre en oeuvre ses capacités, elle se révèle encore la meilleure: plus démocratique que les autres nations démocratiques, plus forte économiquement que les autres puissances marchandes.
Ils ont beau jeu de s’en offusquer ceux qui ont interdit à l’Allemagne toute forme d’idéal, dénoncé son « atlantisme » sans lui offrir de solution de rechange. Seule de toutes les nations occidentale, l’Allemagne n’aurait-elle pas le droit d’être elle-même?
A M. Thulé
N’est-ce pas parce qu’elle a abusé du droit d’être elle-même que l’Allemagne, je vous cite, « a, dans le courant du XXème siècle, été deux fois saignée à blanc, deux fois détruite, deux fois anéantie » – saignant à blanc, détruisant et anéantissant elle-même tout ce qu’elle a pu ? Libre à vous, par tropisme exacerbé, d’admirer la germanique hubris.
Mon cher Ferrante, je crois, stupidement peut-être, que la vérité existe, même si essayez de me démontrer qu’elle n’existe pas.
J’aime l’Allemagne et quand je dis cela, aussitôt, je me souviens combien j’aime mon pays.
Où serait la contradiction? L’amour que je porte à mon pays ne me ferma pas à celui que j’adresse aux autres mais au contraire m’y conduit.
M. Thulé, vous êtes trop sentimental : un peu plus de réalisme, s.v.p.
Thulé confond les plans : « l’amour » – ou l’inverse – qu’à titre individuel nous pouvons porter à tel ou tel pays étranger, pour tout type de raisons personnelles fort respectables, n’intéresse pas le plan où, principalement, nous nous situons, ici, dans ce blog : celui des intérêts et du destin de notre nation ; celui de la politique extérieure qui doit ou devrait être la sienne. (La quelle, selon moi, ne doit pas manquer d’un certain souci de l’équilibre européen et des intérêts de notre continent pris globalement).
Peu de choses à voir, donc, avec nos sentiments privés, nos phobies ou nos philées personnelles. Cette confusion entre les deux plans (« géostratégie » et sentiments privés) a causé assez de torts à la France – et, du reste, à l’Europe – au cours de l’Histoire, pour que nous nous astreignions à les distinguer.
Mon cher Luc,vous avez parfaitement raison. Nous devons nous concentrer sur la politique et mettre nos sentiments de coté. Mais ce reproche s’adresse également au sieur « Ferrante ». En effet le « tropisme » n’est pas, que je sache, une définition politique.
Le tropisme joue sur l’intérêt général lorsqu’il prend une valeur politique. Il n’y a, à mon sens, aucun doute que, de tous temps, divers tropismes ont influé sur la politique extérieure de la France et, en général, à son détriment.
Les Allemands sont moins sujets que nous à cette tendance, pour la raison que Thulé a lui-même donnée et qu’il illustre, d’ailleurs, parfaitement : « La France est le pays de la chanson individuelle; l’Allemagne le pays de la chanson de groupe ». Thulé fait dans l’individuel, en quoi il est tout à fait Français.
Certains grincements sur ce blog font penser à ces chevaux de retour de la guerre qui se mettent à hennir dès qu’ils entendent un clairon sonner Sambre et Meuse. L’Allemagne d’aujourd’hui n’a évidemment rien à voir avec le pays des années 1870 – 1945.
La France fut à l’origine de l’industrie automobile dans le monde depuis 1900. L’histoire glorieuse s’appelle Panhard Levassor, Berliet, Hotsckiss-Grégoire, Citroën, Renault, Peugeot, De Dion Bouton, Unic, Delage Delahaye, Delaunay. Est il utile de rappeler où nous en sommes ?
Le bénéfice net après impôts de Volkswagen atteint en 2012 pour sa part des niveaux records à 21,884 milliards Eur !!
Ce n’est pas la faute des Allemands si notre code du travail relève d’Alfred Jarry et de Courteline. Si notre fiscalité relève d’un psycho-blocage digne de la psychiatrie. Si l’on est incapable de réformer nos retraites, minable. Si les Français fondent un parti politique dès qu’ils sont trois ou quatre, fut ce dans une cabine téléphonique … etc, et la charge est lourde. Les 18 mois du président normal sont emblématiques du déni de réalité, et de la pusillanimité tant du discours politique que de l’action.
Avis partagé avec @thulé et @cataneo. Je ne suis pas le seul ici à avoir passé 35 ans de carrière à l’international, en poste et en missions ponctuelles, sur tous les continents, immergé dans des civilisations et des religions si éloignées des nôtres. On y découvre l’effarant nombrilisme de notre pauvre pays, qui nous rend évidemment totalement incapables de comprendre même notre voisin le plus proche. Relisons les commentaires lors des deux élections précédentes de mme Merkel : jamais une grande coalition ne fonctionnera ! Triste lecture, toujours les yeux fixés sur notre nombril. Je me permets de rassurer ceux qui « préparent la prochaine » : les Allemands nous regardent avec commisération, car nous n’avons plus aucun intérêt pour eux, sauf comme consommateurs. Très glorieux. Quant à la démographie, il a déjà été largement écrit sur ce site, ce qu’il faut penser du grand remplacement et de la présentation mensongère qui est diffusée par les fous qui nous gouvernent. Depuis longtemps. Ce n’est pas ce qui se déroule en Allemagne, et Berlin n’est pas responsable si l’on a décidé de se suicider. Mais ils prendront les mesures pour ne pas être contaminés. Peut on le leur reprocher ?
Puisque l’on évoque des expériences personnelles, je dois dire que les miennes (40 ans de relations avec, entre autres sociétés étrangères, des entreprises allemandes) ne m’ont pas laissé les mêmes impressions que celles de Jean-Louis Faure.
Primo, les entreprises allemandes ne sont pas à l’abri d’échecs retentissants. Ni de gabegie interne. J’ai travaillé avec Philipp Holzmnn, à Frankfort, à l’époque où cette société, avec 43 000 employés, était la plus grosse entreprise allemande de construction. Elle s’est effondrée dans les années 90, a été liquidée en 2002. Elle n’est pas le seul exemple de ce type, que j’ai eu à connaître, dans ma propre carrière.
En tout cas, dans les rapports et les coopérations que j’ai entretenus et entretiens encore avec divers chefs d’entreprise et cadres allemands, je n’ai jamais observé, de leur part, le regard de commisération pour la France et les Français que signale Jean-Louis Faure. Etaient-ils seulement bien élevés ? Je ne le crois pas.
Ils sont fiers de leurs résultats mais savent aussi être critiques et parfois inquiets sur eux-mêmes.
Ne nous faisons pas trop d’illusions sur notre voisin le plus proche et, pour l’heure, le plus important : l’état de la société allemande, notamment moral, et, en un sens, sa décomposition, sont à l’image de tous les peuples de l’Europe de l’Ouest.
« L’Allemagne d’aujourd’hui n’a (…) rien à voir avec le pays des années 1870 – 1945. ». Mais elle n’en a plus, non plus, vraiment , les qualités.
C’est en étant d’abord soi-même qu’on peut se rattacher aux autres. Il n’y a pas de contradiction ou de dépréciation de soi, dans le fait pour un Français d’aimer l’Allemagne.
Mais il y a encore une bonne raison à cela, c’est que l’Allemagne avant d’être un pays est d’abord une idée, et que cette idée est compatible avec n’importe quelle nationalité.
Adhérer à l’idée allemande n’implique en aucune manière de renoncer à sa nationalité, de la même façon qu’on peut être né ici ou là et s’affirmer « grec » ou « romain ».
On pourrait dire il y a des « Allemands » partout ou il y a des « Romains » partout, mais non il y a des « Anglais » partout ou il y a des « Français » partout.
M. Thulé,
Après avoir fait preuve d’un sentimentalisme déplacé, vous voici en pleine idéologie, un peu comme nos maîtres à penser d’ici qui s’imaginent que la France a apporté la lumière à l’humanité.
Mon cher Ferrante, vous nous assurez qu’il suffit de cesser de se fier aux sentiments, et de faire appel à la « raison « , pour éviter de tomber dans l’utopie. Vous vous vantez de bâtir votre système par une suite de déductions logiques imparables, alors que vous ne faites que des démonstrations dans l’abstrait.
Votre erreur, au fond, est de croire qu’il suffit de raisonner juste pour parvenir au vrai. Vous oubliez que la vérité ne dépend pas seulement de l’art de raisonner, mais aussi des postulats premiers, lesquels sont par nature indémontrables.
Raison raisonnante ou postulats premiers, seuls moyens pour s’approcher de la vérité ? Des siècles de gens simples ou de grands espris ont pensé que pour cela le premier moyen était l’observation et la connaissance du Réel.
En politique, les réalités premières sont la géographie, physique et humaine, et l’Histoire.
C’est d’elles deux que naissent les différences qui font les peuples et les nations et qui font que, par naissance simple, nous appartenons à tel ou tel peuple ou à tel ou tel autre. Et non à tous ou à n’importe lequel, au choix.
Les « affinités électives » ne viennent qu’après, qu’on le veuille ou non. Elle n’effacent en aucun cas ni ne priment jamais sur les réalités de naissance.
Ce sont ces dernières qui fondent la Politique.
La géopolitique, qui étudie l’influence de la géographie sur la politique, a toujours été mal-aimée en France, au point qu’on lui a reproché au début du XXème siècle d’être une « science allemande ».
Ceci étant, la valeur politique de l’espace n’a plus le même sens qu’autrefois. La conquête d’un territoire peut revêtir plusieurs formes (notamment économique). Nous vivons dans un monde ou les frontières historiques ne garantissent plus rien. Une notion purement géopolitique est l’opposition de la Mer (Etats Unis) et de la Terre (les blocs continentaux européen et asiatique).
Dans cette perspective, les agissements désordonnés et court-termistes des Etats, ne pourront masquer bien longtemps la logique continentale plus fondamentale que jamais, car elle raisonne non plus en terme de pays mais de continents.
Voyons ! Il n’est pas rare que les agissements des Etats soient, à leur détriment, désordonnés et court-termistes. Mais l’on peut, au moins, les identifier.
En revanche, comme l’on n’a jamais vu une logique raisonner toute seule, j’aimerais bien savoir en qui s’incarne et « raisonne » cette « logique continentale » dont parle Thulé et qui serait « plus fondamentale que jamais, car elle raisonne non plus en terme de pays mais de continents » ? Je n’en vois la réalité nulle part. Du moins, en dehors des comités Gustave et Théodule qui se réunissent régulièrement un peu partout sur la planète pour parler de l’actualité. Et ce sont les Etats qui la font toujours; ceux qui sont affaiblis, comme le nôtre, et, aussi, ceux qui ne le sont pas du tout. Qui mènent le jeu du monde et se moquent bien pas mal de la « logique des continents » qui raisonne etc. Demandez à Poutine, à Xi Jinping ou, même, à Shinzō Abe, l’actuel Premier Ministre du Japon, qui organise, en ce moment même, la montée en puissance de la marine de guerre japonaise, pour contrecarrer celle, vertigineuse, de la marine chinoise. Logique des continents ? Illusion, bien-sûr. Du Garcimore, selon moi !
Les Etats européens comme la France n’ont plus les moyens de faire leur géopolitique. On l’a vu lors des évènements de Syrie. La France grenouille voulant se faire aussi grosse que le boeuf Américain. Ridicule. Et ce sont les pantins médiatiques tels que BHL qui viennent expliquer ce qu’il est juste de faire, au nom d’une morale droitdel’hommiste, devenue l’unité de mesure de toute politique étrangère.
N’en déplaise aux gardiens de l’orthodoxie, la France ne pourra plus peser sur la scène internationale comme elle le faisait au XIXème voire au XXème siècle.
Ce qui nous unit en Europe est plus fort que ce qui nous divise. Je me sens chez moi dans tous les pays d’Europe Occidentale et même au delà. La civilisation est plus forte que la politique.
Il faudra bien accepter un jour concrétiser tout ça et appliquer à la politique étrangère entre autres, ce vieux principe de subsidiarité, afin de retrouver au travers d’une intégration européenne la plus large possible notre rang dans le monde, ou bien accepter de disparaitre de la scène internationale.
Plusieurs points de désaccord avec @anatole.
Un pragmatisme par essence les protège d’un enfermement dans des spéculations théoriques qui remplacent l’action chez nous. Recevant vers 1966 mon premier bulletin de salaire en Allemagne, je découvrais une ligne inconnue en France : le paiement de l’impôt sur le revenu. Cinquante ans plus tard, la retenue à la source est toujours sujet de contentieux avec les syndicats de Bercy, grands défenseurs du service public à la française-que-le monde-entier-nous-envie …
Vers 1960 notre professeur de géographie nous citait l’accueil des Allemands fuyant le paradis communiste, comme un chef d’œuvre d’intégration. Ils renouvelaient l’exploit quarante ans plus tard en retrouvant les champs de betteraves de la DDR que le communisme avait laissé derrière lui. Même si le coût de la réunification a été lourdement sous-estimé, c’est plutôt une réussite.
Depuis la prise en main par les descendants de Langevin-Wallon, d’un système éducatif-que-le-monde-entier-nous-envie, on tourne en rond dans la première entreprise mondiale, par son effectif. La question de l’apprentissage est résolue depuis bien longtemps en Allemagne où l’on considère qu’un adolescent est formé à 14 ans, soit pour des études théoriques, soit pour un métier pratique. Une telle approche en France est considérée comme alimentant «le grand patronat», donc exclue. Ceux qui ont la curiosité de regarder les programmes de géographie et d’économie, voient comment on apprend à nos gamins à haïr l’entreprise.
Enfin la lecture primaire qui est faite de ce pays est toute entière contenue dans la série de propos insultants et imbéciles qui ont été tenus depuis le printemps dernier par un milieu politique français d’autant plus arrogant qu’il est creux. Oui les Allemands se détournent de nous, et ce n’est pas demain que l’on partira vers des grands projets industriels communs.
Décomposition morale ? Il n’y a aucune unicité parmi tous les pays de l’Europe. La France est certainement la plus malade. Un symptôme qui ne trompe pas : le déni de réalité qui surprend (et inquiète) n’importe quel observateur …
L’atavisme des peuples est une réalité, et les qualités des Allemands d’aujourd’hui sont celles de leur histoire. Seuls les points d’application ont changé.
Thulé passe avec une désinvolture déconcertante d’une utopie à une autre sans avoir répondu aux objections qu’on lui oppose à propos des précédentes…
Ce n’est pas la première fois dans son histoire que la France manque de moyens. Elle n’est, d’ailleurs, pas la seule ! C’est ce qui arrive aux Etats qui se laissent aller. Mais il arrive aussi que les puissants d’un siècle succombent à leur tour aux facilités et à l’imprévoyance et, qu’à l’inverse, les Etats affaiblis se ressaisissent et refassent leur puissance. L’Histoire nous montre abondamment, ces hauts et ces bas incessants de la puissance.
Thulé n’est pas le seul à ressentir partout en Europe une unité de civilisation que des siècles d’Histoire ont forgée. Mais il la confond avec l’unité politique : c’est son erreur. L’unité politique – on ne le voit que trop ! – ne se décrète pas en claquant dans ses doigts. Et l’unité de civilisation ne suffit pas à fonder l’unité politique. Si tel était le cas, il y a au moins mille ou deux mille ans que l’Europe serait unie ! Et même que la dite unité s’étendrait bien au-delà des limites de l’Europe !
C’est, en effet, la politique, la bonne politique, qui, dans le temps long, crée ou, en tout cas, permet la civilisation ; même si celle-ci peut survivre (un certain temps) aux errements des systèmes sociaux et politiques en crise. Ce n’est pas l’inverse ! La civilisation n’est pas plus forte que la politique : elle en procède !
@Thulé
La France ne pesait plus grand chose sur la scène internationale après la Grande Guerre. Elle se mit en remorque de ses alliés et quand il fallut remettre ça en 39 après Munich, on passa sous les fourches caudines anglaises pour une raison triviale : c’est eux qui avaient l’essence !
Ils ont montré après juin 40 qu’ils avaient aussi un courage phénoménal, mais c’est une autre question.
La destruction de l’Allemagne nazie fut une bénédiction pour l’Allemagne éternelle, vaste nation sans Etat fort. La finance et l’économie allemandes ont pris le relais de la centralisation contrainte avec les succès que l’on sait. Mais ce n’est pas parfait.
Dans l’état de capilotade où nous nous traînons, ce serait ridicule de notre part de critiquer l’Allemagne et pourtant il en fut qui s’y sont abandonnés sachant que chez nous le ridicule ne tue plus depuis très longtemps.
J’aime mon pays qui est le plus beau du monde (et j’en ai vu beaucoup) mais pas son Etat, mais alors pas du tout ! Sans doute le plus con des pays de l’OCDE.
Mon cher Anatole, pour répondre précisément à votre argumentation,je dirais qu’il n’y a rien à attendre des formes d’action politique que l’on a connues jusqu’à présent.
Outre que les partis sont dominés par une classe politique médiocre, ceux-là même qui voudraient les remplacer ne peuvent que se heurter au fait que, dans les sociétés actuelles, la marge de manœuvre des gouvernements se réduit un peu plus tous les jours sous l’emprise des marchés financiers.
Si nous voulons conserver une autonomie politique et résister aux oligarchies financières, il faut changer d’échèle et nous associer plus étroitement avec ceux qui ont avec nous la même communauté de destin.
J’entendais ce matin un aphorisme que l’on prête à Nicolas Sarkozy :
« l’Allemagne sans la France fait peur, la France sans l’Allemagne fait rire ».
Si je ne partage pas toute cette « vérité », je trouve la formule adroite.