Cet article est paru dans la dernière livraison du Figaro Magazine (hier). Dans le fond, l’analyse de Zemmour nous paraît consister surtout en la constatation de l’épuisement des institutions fondées par de Gaulle en 1958 et, d’ailleurs, maintes fois remaniées depuis, au point d’en altérer la substance. Mais, de toute façon, en quelque sorte abolies par un contexte, un système social, nouveaux, très différents, où presque rien des rouages qui formaient naguère le régime politique français, ne tient encore debout. Il semble bien que nous avons surtout affaire à la fin d’un cycle. Par surcroit, ce que Barrès appelait en son temps, les puissances du sentiment, ne se porte plus aujourd’hui vers les valeurs de la République. dont l’incessant rappel a fini par décevoir et par lasser. La foi n’y est plus. Quant aux minorités agissantes, elles s’exercent désormais, avec toute la violence que l’on sait, contre la substance même du cher et vieux pays. Nous sommes donc entrés dans une ère où l’avenir est indéterminé. Et où, sans-doute, selon la formule utilisée il y a déjà nombre d’années par Louis Pauwels, il faudra bien inventer autre chose.
« Le vieux monde, désormais, c’est lui. Et l’homme à dégager. »
C’était il y a cinq ans. On s’interrogeait sur les intentions d’Emmanuel Macron. On ne parlait pas encore de campagne présidentielle ni de parti politique même si les initiales d’En marche ! en rappelaient d’autres plus personnelles.
Aujourd’hui, le mystère a été largement dissipé. Mais En marche! est resté au même stade : un mouvement lié à un homme, aux structures lâches, à l’enracinement inexistant. Une bulle de savon qui l’est restée. Pour paraphraser le mot qu’on prête à de Gaulle sur le Brésil: En marche ! est un parti d’avenir et le restera. Quasiment pas d’élus locaux ni de militants: un fantôme de parti. Le mouvement de Macron a perdu toutes les élections intermédiaires. Même dans les métropoles, où se retrouve pourtant son électorat privilégié de « vainqueurs de la mondialisation », il n’a pas réussi à déloger les sortants, qu’ils soient socialistes (Hidalgo, à Paris) ou centristes (Moudenc, à Toulouse). Ceux qui parvenaient à sortir les sortants étaient les écologistes, que ce soit à Lyon ou à Bordeaux. Un échec complet.
Il n’y a pas que des mauvais côtés à cet échec retentissant : contrairement à François Hollande, et même à Nicolas Sarkozy, Emmanuel Macron n’a pas à s’encombrer avec un appareil, des militants, et surtout des élus. Pas de frondeurs à En marche. Plus profondément, les conditions politiques ont radicalement changé. La décentralisation, et surtout la suppression du cumul de mandats député-maire, a déconnecté le local du national. Les élus sont jugés sur leurs résultats, pas sur leur étiquette politique. C’est la forme même de parti politique qui est rejetée au temps des réseaux sociaux et de la défiance vis-à-vis de toutes les structures. Tous les partis souffrent, même le Rassemblement national : les effectifs militants fondent comme neige au soleil ; les consignes ne sont plus respectées ; les votes de plus en plus volatils et personnalisés.
Emmanuel Macron a été élu sur une vague de « dégagisme » politique qui visait toute la vieille classe politique. Mais il n’a pas réussi à en forger une nouvelle. Il reste un homme seul. Pour le meilleur : il est libre de ses mouvements et de ses (nombreuses) circonvolutions, voire apostasies. Pour le pire : ce qu’il a fait subir à François Hollande et à d’autres adversaires le menace à son tour. Il n’a pas de protection, pas de garde prétorienne pour le protéger, pas de militants pour relayer son bilan et son discours dans le pays profond. Il a les médias et les réseaux sociaux. Comme en 2017. Et ce n’est pas rien. Mais le vieux monde, désormais, c’est lui. Et l’homme à dégager. ■
Ce fut très tôt que les « valeurs de la République » lassèrent ; Gambetta pouvait ainsi écrire :
( lettre du 12 août 1882 à Auguste Gérard )
« Plus nous avancerons en âge et plus la République , avec ses tendances décentralisatrices , ses préjugés démocratiques poussés à l’excès , verra se dissoudre ses forces et ses ressources en soldats et en argent .
L’égalité , c’est- à- dire pour l’ armée l’indiscipline et l’incohésion ; la liberté , c’est- à- dire la critique poussée jusqu’au dénigrement et à la calomnie contre les chefs et les lois de répression ; la fraternité , c’est -à-dire le cosmopolitisme , l’ humanitarisme, la bêtise internationale nous dévoreront ( … ) .
ce n’est pas évident de s’appeler: EN MARCHE et de se retrouver à l’ARRET. LaREM a été créee par beaucou de petits dirigeants financiers: jeunes chambres écionomiques………pour qui c’est l’argent qui dirige. Pour eux fabriquant de richesse c’était normal de diriger àla place des partis politiques qui sont morts mais ne le savent pas encore: Philippe VASSEUR (Septembre 2014)
Sauf que maintenant , LaREM est devenue un autre parti poltique bâti sur l’illusion: transformer le plomb des vieux partis en or, sauf que l’opération a échoué.