Par Gérard Pol.
Lorsque le dernier roi maure de Grenade – le jeune Boabdil – dut quitter la ville andalouse que les Rois Catholiques venaient de reconquérir, il s’arrêta au sommet du col par où passait la route de l’exil – col encore appelé aujourd’hui Suspiro del moro – il contempla une dernière fois Grenade, ses palais et ses jardins, et dans le lointain les hauts sommets enneigés de la Sierra Nevada, le panorama tout entier que peindrait Le Greco, et il pleura. Sa mère lui dit : « ne pleure pas comme une femme ce que tu n’as pas su défendre comme un homme ».
C’est Chateaubriand qui nous conte la scène dans son dernier Abencerage. Un livre que nous devrions lire ou relire car il nous enseigne le sort qui attend les rois et les peuples qui refusent de se défendre autrement que par des mots et par des pleurs, se laissent aller à toutes les mollesses, toutes les compromissions, toutes les soumissions et ont les conséquences. Tout ce que méprisait la mère du jeune roi maure – dont nous pourrions sans peine reconnaître les traits en tels ou tels de nos dirigeants ou censés l’être.
Quand les hôpitaux se remplissent de malades ou qu’un membre du personnel soignant se fait assassiner, que font-ils ? Il se rendent sur place, visitent les services, déambulent dans les couloirs, congratulent les soignants, et font des déclarations à la sortie. Président, Premier ministre, ministres concernés emplissent ainsi les écrans des chaînes d’information en continu qui s’en repaissent, en saoulent les citoyens et en font leurs choux-gras, en termes d’audience et de profits. Ainsi fonctionne ce Régime. Celui que De Gaulle appelait le Système. Qu’il n’a pas, hélas, aboli.
On ne sait ni ne peut, au fond grand-chose dans le cas d’une pandémie. Mais quand on égorge nos citoyens, nos policiers, nos enseignants, nos prêtres, quand de nouveaux venus insultent la France, maudissent son Histoire, ses gloires, sa langue et ses mœurs quand ils veulent imposer les leurs, qu’ils ont bien mieux conservées que nous les nôtres, quand nos adversaires sont identifiables, connus, repérés, fichés, etc., que fait-on ? Dans l’urgence de l’affrontement, en général, les policiers les tuent et c’est justice. Mais que font nos gouvernants, que faisons-nous, nous tous ? Comme d’habitude. La même chose.
Comme chacun sait, un Tunisien a tué le 23 avril 2021 à coups de couteau, une jeune femme policier. Le Premier ministre, le ministre de l’Intérieur, se sont rendus sur place, selon l’habitude. Ils ont déambulé, ont salué, ont fait des déclarations martiales. Mais qu’avaient-ils de substantiel, à dire ? Rien. Ils n’ont à proprement parler rien à dire. Pas l’ombre de l’esquisse de la grande politique que la situation migratoire et sécuritaire devrait indéniablement imposer.
Le Président de la République, au Tchad lors des funérailles d’Idriss Déby qui lui, au moins, semble être mort au combat pour défendre son semblant d’Etat, Emmanuel Macron, donc, a virilement déclaré pour la Xe fois : « Nous ne cèderons rien ». Ce qui ne signifie rien, puisqu’on continuera, dès les mots envolés, à céder comme si de rien n’était. Le Chef de l’État avait d’ailleurs déclaré peu avant à la chaîne américaine CBS News : « D’une certaine manière, nous devons déconstruire notre propre histoire. ». De quelle certaine manière ? On ne sait mais c’est, en tout cas, pour réaliser notre unité avec l’immigration.
Il y a bien-sûr du Boabdil parmi nos dirigeants, parmi les policiers qui finissent toujours, après avoir tempêté, par accepter leur triste sort et, même, parmi les Français dont la réaction tarde encore à venir, malgré qu’ils en aient dans une proportion de 60 à 80% selon les moments et les sondages.
La mère du roi Boabdil avait raison de mépriser la mollesse aussi bien que les pleurs de son fils. Il ne faut pas s’étonner qu’une partie grandissante des diverses composantes de l’immigration méprise de même notre mollesse et nos pleurs, présents ou à venir. ■
[Publié le 24.04.2021 – Actualisé le 29.04.2021].
Publié le 29 avril 2021 – Actualisé ce 26 mai 2023.
Chers amis,
Je ne peux que me féliciter d’un tel article d’une parfaite actualité et écrit par une plume de choix !
Nos dirigeants n’ont de cesse de condamner sans aucune action, de nous asséner de discours creux dont ils connaissent depuis 40 ans le résultat !!
La République, démocratique et populaire, pure création humaine, n’a aucune liberté d’action dans la mesure où elle se soumet à diktat suprême, celui des commissaires européens et autres institutions et juges du même acabit, ni élus, ni voulus par les peuples !!!!
Le 27 mars 2021, sur TV Libertés, Alain Juillet, ancien patron de la DGSE, rapportait les dérives de nos entreprises (pharmaceutiques, en particulier) à l’enseignement de Milton Friedmann à Chicago, dans les années 60 : avec ses « Chicago boys », Friedmann aurait légitimé son cours de bourse comme critère principal, quasi-unique, d’accomplissement de la mission sociale d’une entreprise. C’est une présentation simplifiée d’une pensée probablement plus nuancée. Mais aujourd’hui, les simplifications l’emportant sur les nuances, les émules de Friedmann se sont engouffrés dans la brêche ainsi ouverte dans l’édifice idéologique traditionnel. Les résultats sont devant nos yeux avec les faramineux boni payés aux patrons d’industries en souffrance, sur la seule base du cours boursier gonflé par le dégraissage. Ceci dit, on doit saluer les triomphes de SpaceX et de son inspirateur face à ces bureaucraties replètes que sont devenues la NASA et l’ESA.
Je fais ce détour pour mettre en relief une évolution comparable de la vie politique. Là où régnaient les grands idéaux, les principes, les philosophies, les religions avec, il faut le dire, leurs cortèges de mystifications et d’hypocrisie, c’est la victoire électorale qui devient le principal – quasi-unique – critère d’accomplissement de la mission d’un chef politique. De même que certains « managers » (pas tous, heureusement) sont devenus les champions du bonus, de même nos professionnels de la politique : seule, pour eux, compte la victoire électorale, quels que soient les moyens et les conditions qui l’ont permise et les renoncements subséquents.
Les média étant, en matière économique comme en matière politique, eux aussi, friands de ces simplifications (prétendûment scientifiques pour l’une et démocratiques pour l’autre), ils ont complaisemment pris le pas, l’imposant à leur public. De quoi vivent les média ? de clichés, de « marronniers », d’images, de sondages, de « hit-parade » et autres classements, de petites phrases, d’omissions subtiles et surtout, avant tout, de publicités assommantes. On appelle ça, tout ensemble, de la « communication ». Cette imposture crèvera-t-elle un jour ?
Les promenades et les trahisons dénoncées par Gérard Pol en sont l’une des manifestations. Qui a oublié Hollande et sept (7) de ses ministres au chevet des victimes d’un épouvantable accident de la route ?
Tout est dit, et parfaitement dit, dans cet article qu’il faut lire et relire. Nous cotoyons un précipice vers lequel nos dirigeants paraissent, par leurs multiples faiblesses, vouloir hâter la glissade. Honneur aux soldats qui sonnent l’alerte. Honneur au prince Jean qui en appelle à notre grande Histoire, sans exclusive. Mais reste-t-il assez de cœurs français pour entendre ces messages et mesurer leur urgence ?
Excellent article, je te le pique pour AF.net
De Paul Valéry (Pléiade, œuvres II, p.948; Des Partis)):
« Le résultat des luttes politiques est de troubler, de falsifier dans les esprits la notion de l’ordre d’importance des questions et de l’ordre d’urgence.
Ce qui est vital est masqué par ce qui est de simple bien-être. Ce qui est d’avenir par l’immédiat. Ce qui est nécessaire par ce qui est très sensible. Ce qui est profond et long par ce qui est excitant.
Tout ce qui est de la politique pratique est nécessairement superficiel. »
De mémoire, cette fois : Malaparte, dans le livre lui-même, justifie le titre qu’il lui a donné: autrefois les dirigeants se battaient pour des principes, des idéaux, de grands desseins… Aujourd’hui, ils se battent pour leur PEAU. (la Peau, Denoël, 1949)
Excellent article qui me rappelle une histoire vécue: en Juin 1971, devant le Morocco Palace, établissement où les Femmes étaient jeunes et ne portaient pas la tenue « parasol », des gamins sont venus pour mendier auprès des touristes , le portier a sortie un bon bâton et a poursuivi les jeunes parasites, je lui signala qu’il y allait un PEU fort, réponse: Monsieur connaissez vous les Arabes réponse: NON, – eh bien chez eux vous êtes maître ou esclave, si vous ne commandez pas, ils vous considèrent come inférieurs, et donc ils vous domineront, ça va faire 52 ans et j’ai bien retenu la leçon
J’ai oublié de préciser : à TANGER