Le dimanche 3 février 2013 – dans nos « pages magazines » des samedis/dimanches – nous avons présenté ce qui était alors le récent ouvrage de Stéphane Giocanti, « C’était les Daudet » : Le hasard fait coincider sa parution avec la sortie de notre Album : « C’était les Daudet », de Stéphane Giocanti
Deux mois après, le 9 avril, et toujours dans ces mêmes « pages magazines » des samedis/dimanche, nous avons jugé utile d’apporter une précision sur le très bon article de Sébastien Lapaque dans Le Figaro, qui présentait l’ouvrage de Giocanti : Sur un point précis de l’article de Sébastien Lapaque, présentant le dernier ouvrage de Stéphane Giocanti, « C’était les Daudet »…
La rectification qu’il nous semblait utile – et surtout honnête… – d’apporter concernait, on le voit, le reproche d’antisémitisme, alors que Daudet, effectivement antisémite à ses débuts, et pendant plusieurs années, s’était totalement détaché de l’antisémitisme dès le début des années 30, lorsque Bainville dénonçait Hitler – dans son Journal et dans L’Action française quotidienne – comme « l’énergumène », « le monstre », « le Minotaure »…
Puis il y eut un article de Bruno Frappat, un peu de la même eau, dans La Croix, avec un brin de condescendance pour Daudet, à qui Bruno Frappat daignait reconnaître des talents certains dans certains domaines, mais envers lequel, surtout, il portait une condamnation sans nuance, définitive et sans appel, pour cause… d’antisémitisme.
Répondre sans cesse aux mêmes affirmations fausses est certes lassant, mais nécessaire : on ne peut laisser passer des propos inexacts et, sans entrer dans une polémique avec lui, nous nous bornerons à répondre à Bruno Frappat que sa condamnation de Daudet – qui ne prend pas en compte son changement d’opinion et d’attitude – ne « tient » pas.
Se déclarer gêné ou horrifié des propos de Daudet avant son changement d’avis, et sans tenir le moindre compte de celui-ci, est trop facile, et surtout, nous l’avons dit, trop « cliché », trop « poncif ».
Prenons un exemple, un seul, là où l’on pourrait en prendre cent : Bruno Frappat se bouche-t-il le nez quand il passe devant les Invalides, et change-t-il de trottoir ? Il faut absolument le savoir car, puisqu’il se pique d’être révulsé par l’antisémitisme, il devrait réfléchir à ceci : aux Invalides, dans un monument d’orgueil choquant, repose un homme qui déclarait, le plus tranquillement du monde :
« …Je fais remarquer de nouveau qu’on ne se plaint point des protestants ni des catholiques comme on se plaint des juifs; c’est que le mal que font les juifs ne vient pas des individus, mais de la constitution même de ce peuple: ce sont des chenilles, des sauterelles qui ravagent la France… » (Séance du Conseil d’Etat du 7 mai 1806).
Bigre ! Et même, bigre de bigre ! Cet homme, c’est Napoléon, et il repose, bien tranquille, somptueusement offert, dans les ors et les marbres d’un monument aussi indécent qu’imposant, aux crépitements des appareils photos des touristes du monde entier sans que personne – et en en tout cas pas Bruno Frappat, à ce que l’on sache – y trouve à redire ! Bruno Frappat – qui condamne sans appel Léon Daudet pour un antisémitisme que celui-ci a, finalement, rejeté – a-t-il lancé une pétition pour que l’on « éjecte » Napoléon des Invalides ? On attend avec impatience la réponse…
Cela ne s’appellerait-il pas… comment dit-on, déjà ? Ah, oui ! : du « deux poids, deux mesures »…
Soyons sérieux : pour que le lecteur non averti se fasse une idée juste des choses, le mieux, comme toujours, est d’aller aux textes, et de ne pas passer par des intermédiaires : ceux qui veulent savoir qui était Léon Daudet et ce qu’il pensait, et quelles évolutions furent les siennes pourront se repoprter à notre Album Maîtres et témoins (III) : Léon Daudet (287 photos), bâti exclusivement à partir de passages des dix tomes de ses Souvenirs. Et, tout particulièrement – pour cette question de l’antisémitisme – sur les deux photos « Daudet « détaché de l’antisémitisme » « et « Daudet et l’antisémitisme : genèse d’un rejet… »
Il serait en effet peut-être temps d’arrêter de dire n’importe quoi…
Marc Vergier sur Histoire ▬ Le 23 novembre 1944…
“Question : Est-ce lui que Charles de Gaulle, à qui il venait proposer sa collaboration, a…”