« Eadem velle, eadem nolle, ea est vera amicitia » : entre Jean-François Mattéi et nous, c’était bien sûr l’amitié d’esprit qui régnait. Mais pas seulement, et beaucoup plus : pour certains, l’amitié personnelle remontait même aux premières années, à l’époque de l’enfance et de la jeunese dans cette ville d’Oran, dans cette Algérie où il était né…
En ce moment pénible, on ne peut, simplement, que lui dire « A Dieu » et, aussi « Merci ». Oui, « Merci » car, s’il fut un ami fidèle, qui jamais ne déçut ni ne fit défaut, il fut aussi un Maître, et il nous enseigna…
Avec ses leçons, c’est l’image de son sourire franc et chaleureux que nous voulons garder au moment où, nous associant à la douleur des siens, nous présentons à son épouse Anne, à ses trois enfants et à ses petits-enfants, nos condoléances les plus sincères.
« Le meilleur d’entre nous subsiste, lorsque le matériel disparaît tout entier » (Charles Maurras).
Comme le claquement d’un coup de tonnerre. Une immense tristesse. Et à toutes celles et ceux qui buvaient ses paroles il va désormais manquer le talent de l’exposé modeste d’un savoir encyclopédique. Nous resteront ses livres, une immense production. Mais il y a des départs qui sont de vraies blessures, très longues à se refermer …
Oui. Et, comme il est dit dans les blogs de la Restauration Nationale et de la Fédération Royaliste Provençale, par dessus tout, c’est une perte pour la pensée française.
Les souvenirs affluent, naturellement.
L’une de nos premières rencontres avec Jean-François Mattei dans le cadre de l’A.F., ce fut un 21 janvier, pour un de ces dîners-conférences comme la Fédération Royaliste Provençale en organise souvent, ces soirs-là, après la messe pour Louis XVI.
Jean-Marc Varaut y était aussi invité.
Il s’agissait de montrer que la Révolution française est la matrice des totalitarismes modernes. Idée devenue courante, aujourd’hui, mais assez nouvelle alors.
Au début de son intervention, Jean-Marc Varaut avait déclaré : « moi, je suis surtout venu pour entendre ce que Jean-François Mattei a à dire ». Et je pense que c’était vrai. Il avait, alors, fait l’éloge de Jean-François Mattei et avait précisé : « vous ne comprendrez rien à Jean-François Mattei si vous ne tenez pas compte que c’est d’abord un Grec ». Quelques-uns d’entre nous s’en souviendront.
Si je puis me le permettre, je voudrais faire part d’une remarque d’un tout autre ordre :
La maxime de Maurras reprise à la fin du petit texte ci-dessus (« Le meilleur d’entre nous subsiste, lorsque le matériel disparaît tout entier ») résume toute sa poésie du Colloque des Morts et l’espérance (« inassouvie ») qu’elle chante. Il y a, sur ce thème, des centaines de vers, dont ceux-ci, à propos des morts :
« Vous revivez, tels que vous fûtes,
A la fleur de vos battements,
Dans le rayon de la minute,
Où vous étiez, parfaitement ».
Tel est le sens, pour Maurras, des Corps Glorieux.
Et c’est ce qui explique son exclamation, qui a beaucoup intrigué, lors de la mort, en pleine jeunesse, de l’un de ses premiers compagnons (Octave Tauxier, aujourd’hui inconnu) : « On ne meurt pas ! ».
C’est une immense tristesse de voir ce Grand Français partir. Mes condoléances à sa Famille et ses Amis.