La première intervention ouvrant ce meeting fut celle – que nous avons qualifiée de talentueuse et claire – de Frédéric Rouvillois. Il y a mis en doute, avis pris aussi auprès d’Olivier Dard, que Maurras ait jamais écrit la formule choisie pour titre de ce colloque : Les libertés ne s’octroient pas, elles se prennent. Nous nous sommes dits d’accord d’abord pour les raisons de fond invoquées par Frédéric Rouvillois et aussi – pour la petite histoire militante – à cause d »un souvenir plus léger et anecdotique : L’un de nos camarades marseillais dont les initiales étaient les mêmes que celles de Maurras et qui avait le don très vif des formules, s’amusait jadis à en forger quelques-unes qu’il signait Ch.M., Nous avons toujours cru que Les libertés ne s’octroient pas, elles se prennent était de celles-là.
Eh ! bien, grâce à la perspicacité et aux recherches de Michel Franceschetti, reconnaissons que nous sommes au moins trois à nous être trompés : Charles Maurras est bien signataire de cette formule.
Et Michel Franceschetti donne les précisions voulues :
« En consultant sur le site Retronews, de la Bibliothèque Nationale, la collection de l’Action Française quotidienne, on peut trouver « Les libertés ne s’octroient pas. Elles se prennent ». Elle est page 3, colonne 1, du numéro du 20 mai 1908, soit juste deux mois après le début de sa parution. Dans la revue de presse signée Criton, pseudonyme de Charles Maurras, se trouve une critique du journal «Le Temps» qui s’inquiétait de la reconnaissance de libertés universitaires permettant des élections de délégués. Criton écrit à ce sujet :
« Nous ne sommes pas, nous n’avons jamais été pour «l’octroi» des libertés. Les libertés ne s’octroient pas. Elles se prennent. Elles ne viennent pas d’en haut, mais d’en bas. L’autorité supérieure les garantit, les reconnaît, les consacre: elle est tout à fait incapable les donner. Elles sont. On les a.»
Il est vrai que la seule autre occurrence ne se trouve que dans l’AF du 29 septembre 1932, qui annonce la parution du fascicule 10 du « Dictionnaire politique et critique» et donne, en page 4, troisième colonne, des extraits de l’article « Liberté ». La citation est bien présente avec ladite de 1908. Effectivement, on la retrouve telle quelle à la page 448 de l’édition 1932 du Dictionnaire. »
Voilà qui rétablit la vérité historique et qui, selon nous, n’enlève rien à la pertinence de l’intention de fond de Frédéric Rouvillois : une sorte d’anarcho-royalisme qui se voudrait moderne, n’est pas à notre programme.
Excellent ! Il est du plus grand sérieux d’avoir fait cette recherche tant l’ affirmation sur les libertés qui se prennent et l’analyse de l’intervenant du colloque se heurtent .
Imagine t’on une affiche légendée par une dissertation sur La ou les libertés ?