L’analyse de Bernard Maris – dont notre titre résume la teneur – est en train de gagner cette zone du politiquement correct, de l’économiquement conforme à la pensée admise, qui fait la loi et même la religion de ce que, comme beaucoup d’autres, nous appelons le Système. Celui qui règle nos jours et nos nuits …
Ce n’est pas que l’on doit adhérer à tout ce que dit et pense Bernard Maris ou que nous ignorons à quelle(s) famille(s) il s’apparente. Néanmoins, la position qu’il vient de prendre, en faveur d’une sortie de l’euro, d’abord dans Charlie Hebdo puis, vendredi dernier, à France Inter, nous paraît symptomatique de l’évolution des esprits sur ce sujet brûlant.
France Inter est une station de radio emblématique du Système et l’on remarquera que, dans le Débat éco dont il est question, Dominique Seux, économiste libéral très « européen », journaliste aux Echos, n’est guère plus assuré de l’avenir de l’euro que son interlocuteur.
Quoique l’on en pense, la nécessité d’une sortie organisée de l’euro est une idée qui gagne du terrain.
Ceux que la question intéresse écouteront donc le débat dont nous venons de parler. Ce n’est pas très long; mais, c’est, à notre avis, fort intéressant.
Désolé,je ne suis pas du tout convaincu par l’argumentaire de M.Paris.
Le principal problème de la France,c’est son régime politique,lequel,s’il était bon,saurait nous protéger des supposés méfaits de l’Euro,par une politique appropriée.Pourquoi s’empresser d’oublier la judicieuse remarque du baron Louis à Louis XVIII -qui reste valable- ? et s’adonner aux fâcheuses habitudes et délices ratés des 3 dernières républiques qui ont passé leur temps à pratiquer des dévaluations compétitives ? (Mitterrand et Delors ont même dévalué 3 fois de suite au printemps 1981).
Car il ne faut pas se leurrer,une sortie de la France de l’€ impliquerait immédiatement une défiance (économique et politique)de tous les marchés vis-à-vis de notre pays et un renchérissement du coût de la dette française,plus une série imprévisible de dévaluations du FF,même rattaché à l’€ par un faux serpent monétaire.Cela pourrait également provoquer une crise de toute la zône euro, et un réajustement international de toutes les monnaies,y compris du $ qui serait tiré vers le bas(sans que la France ait son mot à dire).
Sortir de l’€ est plus facile à dire qu’à faire !
Ce n’est sûrement pas aujourd’hui une priorité.Il y a mieux à faire politiquement.
Et notre gouvernement socialiste a déjà suffisamment fait d’erreurs comme cela,pour en ajouter une autre aux effets parfaitement incontrôlables.
C’est une matière ou l’idéologie est hors de propos,car la France n’est pas seule au monde.Elle est même un opérateur relativement secondaire sur le plan monétaire.
L’euro est toxique pour les pays malades, peuplés de gens apeurés. Je rejoins le commentaire de M. Haizet en confirmant que la France n’est pas du tout un opérateur monétaire, sa devise fut toujours cotée par opposition, car il n’y a que 5 devises internationales et ce depuis très longtemps : dollar, sterling, euromark, franc suisse et yen.
Ce pays doit être réformé de fond en comble. C’est bien ce qu’ont ressenti des peuples latins dans la panade qui crient de douleur mais qui aucun n’exigent que leur pays sorte de l’euro. Bizarre ! Grèce, Irlande, Portugal, Espagne, Italie remontent la pente en sueur, mais remontent.
Ceux que nous toisons volontiers seraient-ils plus intelligents que les Français ? Pas difficile, à voir le succès nulle part ailleurs des programmes économiques du Font de gauche et du Front national.
M. Maris est un prédicateur bien connu de la gauche. Son expertise est celle de gribouille, qui pour se protéger de la pluie, se place sous une gouttière.En somme, une autre version de l’arroseur arrosé. Les recettes idéologiques pour des problèmes liés à la mauvaise gouvernance, de gauche ou de droite, ont toujours abouti aux assignats de la révolution et à la banqueroute. Le baron Louis, l’excellent ministre de l’économie et des finances de Louis XVIII, avait bien raison de dire qu’il fallait au pays une bonne politique pour avoir une bonne économie. C’est ce que font les Allemands ou les Néerlandais. Mais, hélas, notre pays a la fâcheuse habitude de choisir les solutions de facilité ou pire la lâcheté. Le terme de « rigueur » dont se gargarisent si volontiers nos gouvernants et l’élite bureaucratique n’est qu’une vaste fumisterie ou une rodomontade de boulevard.Pour le reste, je partage les points de vue de M.Haizet et de Catoneo.
L’instauration de l’euro aurait été une chose excellente à condition de respecter deux conditions : que le niveau de la monnaie unique ne soit pas indexé sur l’ancien mark, et que sa mise en place s’accompagne d’un système de protection commerciale aux frontières. Or, aucune de ces conditions n’a été remplie. Au lieu d’assurer une protection communautaire, c’est la carte du libre-échangisme intégral que l’on a décidé de jouer. On a assisté au démantèlement du tarif extérieur commun qui, jusque là, protégeait en partie l’Europe de la concurrence. La surévaluation chronique de l’euro a ensuite accentué les déséquilibres. En même temps, on a artificiellement plaqué une monnaie unique sur des économies divergentes à tous égards.
Le grand argument que l’on oppose en général à une éventuelle sortie de l’euro serait que les pays qui s’y risqueraient verraient instanément leur dette augmenter, puisque celle-ci resterait libellée en euros. On peut répondre qu’en contrepartie ces pays pourraient adopter des mesures susceptibles de favoriser la hausse de la demande intérieure et le rétablissement de leur compétivité, ce qui leur permettrait au contraire de mieux faire face à leur endettement. Un retour aux monnaies nationales associé à une forte dévaluation – comparable à ce qui s’est passé dans les pays de l’Est lorsque ceux-ci ont abandonné le rouble après l’effondrement du système soviétique – abaisserait le coût des produits pour les acheteurs étrangers, et stimulerait d’autant les exportations, ce qui donnerait de meilleurs moyens de régler la dette. On a aussi fait observer que toute dévaluation consécutive à un retour aux monnaies nationales se traduirait fatalement par un renchérissement des produits importés hors de la zone euro. Mais ce dernier est en réalité assez faible : pour la France, les importations de biens et de services hors de la zone euro ne représentent que 13 % du PIB.
Sortir de l’euro ne suffirait toutefois pas à s’affranchir de la dictature des banques et des marchés. Le retour aux monnaies nationales n’est en effet pas une panacée. Il ne réglerait aucun des problèmes structurels des sociétés actuelles, et ne constituerait en aucune façon une rupture avec la logique du Capital. Selon Jacques Sapir, « Recouvrer notre souveraineté monétaire n’aurait pas de sens si cela ne devait pas s’accompagner d’un changement radical de notre politique ».
Je regrette, pour ma part, que Patrick Haizet, grand connaisseur de l’univers économique et financier mondial, comme Catoneo, dont je lis les notes avec grand intérêt, ne répondent directement à aucun des arguments avancés par Bernard Maris et, même, dans une certaine mesure, par Dominique Seux.
Est-ce qu’une certaine défense a priori de l’euro ne serait pas en elle-même aussi une idéologie ? Voire un dogme, une religion ? Une simple peur ? Bref, comme réflexes classiques de la Droite libérale ?
Si l’euro est toxique pour les pays malades, l’on pourrait légitimement en conclure qu’il l’est donc pour nous tant que nous n’aurons pas recouvré la santé … Même remarque s’agissant de notre régime politique malfaisant. Si l’on peut dire, il règne. Nul Louis XVIII, ni baron Louis à l’horizon. Et si nous étions l’Allemagne, l’euro nous irait assez bien ! Mais nous ne le sommes pas. Et même : est-il si sûr qu’un jour ou l’autre, l’Allemagne, à force de garantir ou de payer pour les autres, ne finira pas par considérer que, tous comptes faits, la défense de l’euro lui coûte, en définitive, plus cher qu’il ne lui rapporte ? Les Allemands sont meilleurs que nous pour ce genre de calculs … Il n’est pas sûr du tout que la première à « sortir de l’euro » soit la France !
Je n’ai, sans-doute, ni les compétences économiques et surtout financières de Patrick Haizet, ni celles de Catoneo. Mais, au moins en partie, du bon sens peut y suppléer.
Je comprends que l’on ait à se méfier de l’aventurisme politique et économique comme de l’amateurisme des socialistes actuellement au pouvoir.
Mais j’ai lu, hier, dans le Figaro, une argumentation serrée – quoiqu’à mon sens, trop hostile à l’Allemagne – de Philippe Villin banquier d’affaires et ancien directeur général du Figaro, qui, lui aussi, prône une sortie organisée de l’euro. Il n’est ni socialiste, ni homme de gauche.
Que dire des analyses – qui me paraissent intelligentes et sérieuses – d’Hervé Juvin, qui, lui non plus, n’est ni socialiste ni homme de gauche, et va dans le même sens ? Ou, dans un autre univers, d’Eric Zemmour, analyste perspicace ?
Patrick Haizet nous dira-t-il que ce sont des idéologues ; qu’ils n’y entendent rien ? Ne leur faisons pas crédit a priori, mais ne rejetons pas leurs positions d’un simple revers de main.
Les arguments en faveur d’une sortie de l’euro n’émanent plus seulement des politiques et de leurs discours. Ils gagnent, sont partagés, par de nombreux esprits avisés, droite et gauche confondues.
J’ai l’impression qu’il ne suffit plus aux défenseurs de l’euro de leur opposer quelques idées générales souvent caricaturales ou simplement polémiques et, finalement, assez rebattues. Il faudrait être pointus, répondre point par point !
C’est rarement le cas.
Le problème de fond est que la science économique n’est pas prédictive, et si elle reste un bon outil d’analyse historique, elle ne donne aucune assurance de bonne application de la théorie universitaire.
Chaque fois que la « science » est prise en défaut, les économistes distingués signalent que la mise en application n’était pas chimiquement pure ; voulant oublier qu’aucune société humaine n’est chimiquement pure.
Je crois que Sapir intègre de plus en plus les scories d’impureté dans son raisonnement depuis qu’il est bien moins catégorique dans les solutions à retenir d’urgence avant la mort du malade annoncée chaque année pour la Noël.
Reste la question de la fracture de l’Eurogroupe à l’initiative de l’Allemagne et de ses « alliés ». Berlin fera tout pour l’éviter car le taux de change actuel est au maximum commercial compatible. Un euromark prendrait mécaniquement 15% sur le dollar. Par la dévaluation symétrique des monnaies de ses « clients douteux » le gap serait porté à 30%. C’est insoutenable.
Mais si d’aventure, Paris tombait aux mains d’aventuriers et recréait le franc, il n’en deviendrait pas pour autant une monnaie d’ échange à l’international. Peu de fournisseurs étrangers accepteraient de facturer en franc, surtout s’il y a du délai de fabrication.
Rappelons-nous que jusqu’aux derniers jours du franc, les acteurs maritimes français de l’arc atlantique cotaient leur fret en deutschmarks au départ des ports français (Manche et Gascogne) à destination de tous les ports d’Afrique atlantique.
Certes le franc français ressuscité circulera de force, mais à l’intérieur de l’hexagone et sur les bulletins de paie, sans que l’on ne sache jamais, passé vendredi midi, sa parité future du lundi matin. Les échanges économiques, même intérieurs, se feront en partie en monnaie sérieuse parce que les intrants étrangers dans les produits distribués resteront importants et en détermineront leur valeur. Le grossiste lambda sait en quelle monnaie d’origine il achète ses stocks quelle que soit la monnaie libellée dans la facture.
Pas besoin d’aller à l’université écouter Bernard Maris pour comprendre cela, il suffit d’avoir un peu travaillé dans le secteur du commerce extérieur pour savoir que le franc est une piastre à usage domestique.
Il serait possible de conserver le seul avantage incontestable de l’euro – constituer à terme une monnaie de réserve – en transformant la monnaie unique actuelle en une monnaie commune au niveau déterminé à partir de l’euro et des monnaies nationales restaurées.
La monnaie commune établit une barrière face au reste du monde, mais n’interdit pas l’ajustement des parités de change entre les pays membres. Même si l’euro se maintenait à son niveau actuel dans un certain nombre de pays de la zone, il resterait encore la possibilité d’établir une monnaie commune avec certains pays seulement, dans le cadre d’un système de changes fixes, mais révisables, et d’un étroit contrôle des capitaux.(c/f : le « serpent monétaire » de Giscard/Khol)
Cette solution est très différente de celle du « gouvernement économique » européen que certains voudraient instaurer pour remédier à la crise. Ceux qui plaident pour cette solution en tiennent en fait pour un fédéralisme fiscal. Or, aucune union monétaire ou fiscale n’a jamais pu survivre en l’absence d’une union politique. Mettre en place un gouvernement économique avant et en l’absence d’un gouvernement politique serait une aberration.
Et pourtant le genre humain a créé du gouvernement économique sans gouvernement politique, sauf à la règle d’un vague consensus démocratique. Ce fut l’épopée du GATT dont l’ultime avatar fut l’OMC, parasitée depuis lors par les émergents et la Chine. On décida de réguler le commerce international sans attendre aucune zone de libre échange organisée, et ça a réussi.
Concernant l’Europe, le gouvernement économique se met en place progressivement sous l’égide de la République fédérale allemande qui impose son modèle rhénan sans grandes résistances. Même la Commission européenne est devenue un outil allemand de contrôle, et mieux encore si Juncker en obtient la présidence. Voir Angela Merkel aller visiter son protectorat grec ne manque pas de sel.
Et la France dans tout ça ?
C’est un « marché de 60 millions de clients solvables » mais ce n’est plus un acteur politico-financier (au sens d’action). C’est un quémandeur dans les enceintes internationales ou un requérant d’asile à l’Eurogroupe. Voir comment Sapin plie les genoux partout où il va, laisse bien comprendre que nous suivrons et que nous ferons où on nous dira de faire. Mais tout va changer avec Harlem Désir. La nomination de ce sombre crétin est la pierre de touche de notre infantilisme européen !
Cette position rétrogradée n’est que l’aboutissement d’un déclin amorcé bien avant la guerre. Notez qu’aucune denrée, aucun métal, aucune matière première, n’est cotée en France(1), aucun index international n’est produit par la France. Nous sommes agrippés aux mercuriales de l’étranger. Finalement nous sommes gouvernés depuis l’étranger et nous ne voulons pas le voir.
Nous avons encore des atouts pour améliorer notre classement, mais cet effort de géant passe par l’éradication de notre classe politique, par la désinfection complète du parasitage général de l’Etat et par l’avènement de gens exceptionnels jusqu’au sacrifice !
A vous les studios !
Note (1): Nous avons eu le monopole du prix du sucre raffiné puisque les compagnies sucrières mondiales étaient françaises. Une énorme carambouille à la bourse de commerce a détruit ce vestige impérial en 1974.
Le GATT n’a pas été créé « par le genre humain » mais par les 27 pays signataires, d’octobre 1947.
Du fait des rapports de force existant, la République Fédérale allemande se trouve, en effet, naturellement, en situation de tenter de mettre en place un gouvernement économique européen selon le modèle rhénan, comme, dans les années 1830 et suivantes, la Prusse avait imposé le Zollverein aux Allemagnes d’alors. Et ça a marché. Elle avait affaire, par-delà la diversité et la résistance de ses Etats, à la nation allemande. Rien ne dit qu’elle parviendra à établir sérieusement, cette fois-ci, le gouvernement européen – économique – ou plus -qu’elle ambitionne de créer. Il serait, je crois, présomptueux d’être trop « prédictif » en la matière !
Tout le monde connaît la situation actuelle de la France et son affaiblissement. Inutile d’en rajouter. Je la crois tout de même assez forte pour qu’il n’y ait plus d’Union européenne si, volontairement ou par la force des choses, elle venait à devoir la quitter.
Enfin, il me semble qu’il y a quelque incohérence à soutenir que le gouvernement économique peut fort bien se passer de pouvoir politique (?) et, d’autre part, ce qui me semble juste, à affirmer que notre salut ne peut venir que d’un « effort de géant » qui « passe par l’éradication de notre classe politique, par la désinfection complète du parasitage général de l’Etat et par l’avènement de gens exceptionnels jusqu’au sacrifice ». Faut-il comprendre qu’il ne nous faut plus d’Etat du tout ou qu’il faut le purger de sa classe politique actuelle et le doter de gens assez exceptionnels pour entreprendre l’effort de géant dont la France a besoin pour se retrouver ? Il faudrait savoir !
Je me sens plus proche des réflexions de Thulé et LUC que de celles, en fait néo-libérales, et assez « économiquement correctes » de Patrick Haizet, Catoneo et de Wargny. Et voilà qui amène à réfléchir.
Le vieux Maurras, tout « nationaliste » qu’il fût, ne s’était pas opposé aux projets européens d’après-guerre. Au contraire. Mais, il avait lancé ce conseil de bon sens qui n’a pas été écouté : « L’Europe, faites la mais ne faites pas comme si c’était fait ». En créant l’euro d’autorité, comme d’autres choses, d’ailleurs, on a fait « comme si c’était fait ». Au fond, au lieu de créer, entre Etats européens, les convergences préalables – économiques, fiscales, sociales – nécessaires à la mise en place d’une monnaie unique, on l’a créée d’abord et l’on s’est épuisé à les rechercher ensuite. Le résultat est là.
Il me semble que les royalistes ont eu tort d’uniquement s’opposer à l’Europe, ce qui les a empêchés de faire entendre leur voix positivement et d’avoir un contre-projet réaliste.
Sans doute eût-t-il fallu être conscient que, pour faire l’Europe à partir de vieilles nations constituées depuis des siècles et qui venaient de s’entre-déchirer et presque s’autodétruire dans deux grandes guerres civiles devenues des conflits mondiaux, un demi-siècle, un siècle peut-être, seraient nécessaires pour que l’Europe ait quelques chances raisonnables de se construire. Et qu’il fallait la faire progressivement.
Et, justement, à l’inverse de ceux qui ont tendance à poser une sorte de primat ou de priorité de l’économie sur tout le reste, je crois, quant à moi, qu’il fallait commencer à construire l’Europe par ce qui l’unit le plus, par ce qui n’oppose pas des intérêts : ses racines, sa culture, ses principes communs. Il fallait reconnaître ses racines chrétiennes, ses origines gréco-latines mais aussi germaniques, celtes, slaves, etc., et son attachement à sa (ses) tradition(s) culturelle(s). Il fallait faire une Europe des Universités, avec leurs professeurs et leurs étudiants ; une Europe de la Culture qui aurait mis en valeur le patrimoine commun, même s’il est fait et doit continuer de l’être, des spécificités qui font sa richesse : les grands auteurs de sa littérature ; les grandes œuvres de la musique, de la peinture, de l’architecture, de la sculpture européennes, où, de tous temps, tant de contacts et d’influences croisées d’un bout à l’autre de l’Europe ont existé ; il fallait faire une Europe des scientifiques et des chercheurs, même si, par nature, leurs disciplines sont en liaison avec le monde entier ; il fallait, malgré la barrière des langues, créer de grands médias européens, dont le but aurait été de révéler, de promouvoir, une grande « conscience européenne ».
Mais l’on s’interdisait de reconnaître ses racines chrétiennes, qui lui sont pourtant consubstantielles (voir la conférence de Benoît XVI aux Bernardins) ; et l’on se refusait à définir l’Europe, conçue, en fait, dans une optique mondialiste et non européenne.
On a préféré construire l’Europe du fric, sans préparation ni harmonisation, ni conscience européenne préalables, sans référence ni subordination à un quelconque Bien Commun déjà reconnu. A mon avis, on en a la conséquence. Et quoiqu’en disent les économiquement optimistes, la construction européenne, sous hégémonie allemande ou pas, ouvre, aujourd’hui, sur des perspectives qui ne sont plus brillantes du tout.
Le primat politique est pris plus d’une fois en défaut. L’ALENA en est le plus parfait exemple actuel, on peut organiser un « gouvernement économique » sans fusion politique. A la seule réserve près que, bien que différents, les partenaires de l’ALENA ne sont que trois et leur monnaie commune est le dollar.
Dans le passé, la Hanse a montré la même chose dans une configuration purement mercantile, mais à forte empreinte politique dérivée. Sa puissance financière était aussi très active sur le plan politique de l’aménagement des territoires.
Donc, si je ne soutiens pas qu’un gouvernement économique puisse se passer d’un gouvernement politique, j’observe une relative indépendance et primauté du premier sur le second dans la réalité, voire une contrainte latente.
Jusqu’à la fin des années quarante l’Angleterre a dirigé l’Europe (parfois en sous-main) parce qu’elle avait et la Banque et l’essence. Une guerre sans argent ni carburant était impossible, le gouvernement français le sut très vite.
Quant à nettoyer les écuries d’Augias, seul un ouragan politique peut y parvenir chez nous. Ce n’est pas incohérent de le convoquer à ces travaux. Mais on ne nettoie les écuries qu’une fois par siècle.
Reste la question de l’Etat.
Les réponses sont dans les définitions : il y a trois groupes d’acteurs :
– l’Etat et sa fonction publique (qui devraient être cantonnés au domaine régalien et renforcés);
– la nation, constituée des citoyens et de toutes les corps, syndicats, jurandes, corporations dans lesquels ils s’associent librement;
– les représentants politiques que la nation désigne pour gouverner l’ensemble (dont l’Etat) et sortir de l’anarchie naturelle de la nation.
Sur ce dernier point, certaines démocraties parviennent à prévenir la constitution d’une classe politique dont les déviances sont connues. La nôtre est pourrie ou inerte. Chez eux un homme politique battu retourne à la vie civile, ce n’est pas honteux. Chez nous, il retourne son ancienne fonction en pouvoir de nuisance car il a décidé ne savoir rien faire d’autre. C’est l’occasion ….
Ce que décrit Catonéo, c’est l’emprise de « la gouvernance » qui vise à placer la politique dans la dépendance de l’économie par le biais d’une société transformée en simple marché.
Dans « Le livre blanc de la gouvernance européenne » la Commission européenne a « contribué au débat sur la gouvernance mondiale ». Elle y est définie comme l’ensemble des règles « qui influent sur l’exercice des pouvoirs ». Parmi les premières mesures proposées figurent, sans surprise, une réhabilitation du rôle des « experts », ainsi que la création « d’agences européennes de régulation ».
A cet égard, le traité constitutionnel européen, d’abord refusé par référendum, puis adopté sous Sarkozy à la faveur d’une forfaiture digne de la Haute Cour, est le produit le plus élaboré de la prise de pouvoir des oligarchies détriment du peuple.
Simultanément, l’idée de gouvernance reprend à son compte les thèses selon lesquelles, le système soviétique s’étant désintégré, un consensus général semble se dégager, qui accepte les prétentions du libéralisme à être la forme inéluctable et la plus rationnelle de gouvernement.
Dans son ouvrage « L’horreur économique », Viviane Forrester disait déjà : »Le prix à payer pour la liberté, c’est la destruction de l’économique comme valeur et, en fait, unique ».
Certains de vos développements,messieurs,sont fort brillants et percutants.En ce qui me concerne,je me permets toutefois d’écarter tous ceux qui comportent un substrat idéologique,incompatible, selon moi, avec un raisonnement économique cohérent.L’économie n’a rien à voir avec la Formule 1.
Reconnaissons humblement que depuis la funeste révolution française, la France s’est complètement dépossédée de la chose économique au profit des anglo-saxons,(en dépit de l »enrichissez-vous » de Guizot).La pensée républicaine,socialiste et maçonnique n’a fait qu’accentuer cette tendance,à mon avis très regrettable.N’en parlons plus-pour le moment tout au moins-,et vivons avec notre temps pour régler ses problèmes avec les moyens que nous avons à notre disposition,sans chercher midi à quatorze heures.
Têtu,j’ose donc maintenir mon raisonnement du début : nous avons mieux à faire-politiquement et urgemment-que de chercher des pouls dans la tête de l’Euro.
Il faut d’ailleurs vous remercier d’avoir ouvert cet intéressant débat.
In fine, vous maintenez vore position du début sur l’Euro. Mais puis-je vous rappeler que c’est François Mitterrand – et Jacques Delors – qui l’ont voulu et proposé à Helmut Kohl, presque comme conséquence ou contre-partie de la réunification allemande ?
Curieux ralliement post mortem, non ?
Ce que ne comprend pas Patrick haizet, comme beaucoup d’autres, c’est que les calamiteux problèmes « intérieurs » structurels de la France, les déficits, les rigidités, le millefeuille territorial, l’état obèse, ont été nourris par l’Euro. C’est l’argent facile et bon marché obtenu sous le parapluie euro-allemand qui explique l’essentiel des dérives dans les dépenses publiques, l’absence de réformes structurelles, les politiques littéralement aberrantes de Hollande. Sans l’euro, Hollande n’aurait pas pu rester sourd et aveugle à l’affolement de tous les indicateurs structurels et conjoncturels, un faux indicateur découlant de l’Euro, les taux d’intérêt sur la dette publique lui permettant de rester immobile. la chair politique est molle, et elle cède à la première douceur.
-Luc,de quel ralliement post mortem-idéologique peut-être-parlez-vous ?
-Marcel,entre nous,vous êtes imaginatif,mais…blague dans le coin,…vous faites confiance à Hollande,vous?
L’arbre qui cache la forêt.
A tous ceux qui voudrait sortir-un peu hâtivement-de l’euro,il convient de rappeler ceci :
– le moment paraît très mal choisi,car l’€ nous protège actuellement de toutes le sottises socialistes.
-dans la pratique,comment faudrait-il faire ?
– il y a plus important à prêcher,le principal problème actuel de la France étant d’avoir Hollande comme président.C’est lui qui doit sortir en donnant sa démission.Au plus vite.
23 avril 2014.