Par Johanna Cincinatis
– Télérama le 10.05.2021 –
C’est une très vieille histoire que Télérama rappelle ici. Une histoire qui n’est plus guère connue que des militants d’Action Française et des spécialistes des affaires judiciaires. Elle nous enseigne cependant que malgré ses violences verbales, l’Action Française n’a jamais tué personne alors qu’elle compte plusieurs assassinats perpétrés dans ses rangs. La Terreur, le terrorisme ne sont pas dans sa culture.
Coupable d’un meurtre commis en 1923 dans les locaux de l’Action française, la militante féministe et anarchiste a vu son geste privé de tout caractère politique par la presse de l’époque. Qui s’intéressait davantage à la coupe de cheveux de cette “femme déviante”.
En janvier 1923, la militante anarchiste et féministe Germaine Berton entre dans les bureaux de l’Action française pour y tuer Charles Maurras. Elle tombe finalement sur son secrétaire, Marius Plateau, et l’abat d’une balle dans la tête. Comment la presse rend-elle compte de ce crime en particulier, et des meurtres quand ils sont commis par des femmes ? La question est posée par Thomas Baumgartner dans le premier épisode de Série noire à la une, podcast mensuel passionnant qui analyse le traitement médiatique du fait divers depuis trois siècles.
L’historienne Fanny Bugnon explique qu’en couvrant le procès les journalistes « détracteurs et partisans [de Germaine Berton] mobilisent des stéréotypes pour la déresponsabiliser » et ôter tout caractère politique à son geste. Les premiers évoquent sa douceur, ou justifient son acte par l’absence d’une mère. Les seconds stigmatisent « une femme déviante », à la coupe garçonne, qui trouble le genre. Dès que la colère n’est pas masculine, l’accusation d’hystérie semble planer. ■
Quand on a affaire à la justice il vaut mieux être de gauche, excuses et indulgence sont acquises. Dans les années soixante-dix j’allais au Pérou en voyages d’affaires. Le pays souffrait sous la botte d’une dictature militaire, type Argentine plus tard, mais aucun commentaire hostile ou même défavorable de la part des pays occidentaux. Les généraux péruviens au pouvoir disaient » nous nous sommes déclarés de gauche donc on nous laisse tranquilles ». Incidente pour ceux qui veulent supprimer ENA, Préfectorale et bientôt probablement Grandes Ecoles, et soupçonnes l’Armée française de tentations politiques, les péruviens disaient « pas besoin d’écoles d’ingénieurs, de commerce, de magistrats ou d’agronomes, tous les ministres sont généraux donc il suffit d’avoir fait l’école militaire ».
Il est donc permis d’assassiner les gens d’AF, tout le monde trouve ça très bien. Quand l’on se rappelle les larmes des pleureuses après l’affaire Charlie-Hebdo, il y a de quoi rester sans voix. Oui, toutes ces postures qui s’abritent derrière de grands mots, de vertueux principes (liberté d’expression …) ne sont que mise en scène. Elles ne sont que des armes entre les mains de nos ennemis. Ne l’oublions jamais. Les fameuses valeurs que l’on invoque ne valent que selon la tête du client.