Au Sommaire de ce numéro d’avril (128) : SOMMAIRE AVRIL 2014.jpg
Voici l’Editorial de Jean-Baptiste d’Albaret, Rédacteur en chef : Pour une vraie victoire…
Pour une vraie victoire
A l’heure de boucler ce numéro de Politique magazine, le second tour des élections municipales n’a pas encore eu lieu. Mais il y a fort à parier qu’il confirmera les tendances apparues au premier tour.
Selon le jeu de bascule habituel de nos institutions, ces élections, dites « intermédiaires », ont confirmé le « vote sanction » contre la majorité socialiste que tout le monde prévoyait. Les listes de gauche au premier tour n’ont rassemblé que 43% des votes, contre 48% en faveur des listes de la droite et du centre et 7% pour les listes du Front national limitées aux seuls endroits où il a pu se présenter. Au soir du premier tour, des bastions du socialisme municipal comme Niort, Limoges, Quimper, Roanne, Dunkerque, Angoulême ou Amiens sont ébranlés ou d’ores et déjà perdus. Le scrutin final tournera-t-il à la débâcle pour le parti de la rue de Solférino ? Dans de nombreuses communes gérées par les socialistes, la droite est en position de force. C’est le cas à Angers, Caen, Pau ou Toulouse. Mais l’UMP a le triomphe modeste : nombreuses sont les villes où ses listes devraient composer avec un Front national au plus haut. Sa prudente stratégie du « ni-ni » en cas de triangulaire ou de quadrangulaire pourrait lui coûter encore plus cher que celle du « front républicain » dont ses sympathisants ne veulent plus entendre parler.
C’est une des principales leçons de ces élections municipales. Partout où il était présent, le parti de Marine Le Pen a démontré ses capacités à s’implanter localement. Sa victoire à Hénin-Beaumont en est un symbole fort. Résultat d’un long travail d’ancrage local et militant, ce retentissant succès pourrait en appeler d’autres. Les scores élevés obtenus par les listes labellisées « Front national » et « Rassemblement bleu Marine » à Béziers, Saint-Gilles, Fréjus, Forbach ou Perpignan, prouvent leur capacité à jouer les premiers rôles. à Marseille, à Nice, à Toulon, elles ont même surclassé celles du Parti socialiste ! Et, là où il a dépassé les 10 %, le FN est en position d’arbitre et compliquera sérieusement, au-delà même des municipales, la tâche de l’UMP. « C’est la fin d’un mouvement de balancier automatique qui faisait passer les Français d’un camp à l’autre », s’est félicitée Marine Le Pen.
Toujours est-il que, si la droite semble en mesure de reprendre à la gauche quelques grandes villes et de conserver la plupart de celles qu’elle détenait et qui semblaient menacées, que si le Front national obtient une représentation accrue dans les conseils municipaux, on ne peut cependant parler de vague bleue. Il n’y a pas, en apparence, de bouleversement spectaculaire du paysage politique. Et, encore moins, des tendances électorales. Car, avec plus de 36% des électeurs inscrits restés chez eux, le « premier parti de France » reste le « parti des abstentionnistes ». Sa progression continue, d’élection en élection, marque une défiance de plus en plus grande des Français vis-à-vis de la classe politique. Même, et les commentateurs feignent de s’en étonner, au niveau local ! Ce n’est pas le spectacle pitoyable des combinaisons électorales de l’entre-deux tours qui les fera changer d’avis…
Il apparait donc clairement qu’un certain système démocratique est en crise. Abstentions et votes pour les listes « anti-système » en témoignent. Le problème de la représentation des Français se pose avec de plus en plus d’évidence. Plus seulement à l’échelon national, mais aussi, quand les partis s’en mêlent, au niveau local. Il faudra bien, un jour, en tirer toutes les conséquences.
Ce jour peut venir assez vite. Les élections européennes en mai sonneront le glas d’une certaine façon de faire de la politique. La sanction sera encore plus terrible qu’aux municipales. Au point qu’Hollande et les siens cherchent des solutions pour se garer des conséquences. En vain et quoiqu’ils fassent. L’heure est venue de penser un projet national sérieux.
Pierre Builly sur Jean-Pierre Chevènement – entres autres sujets…
“Je ne regrette vraiment pas mon vote au premier tour de 2002 !”