Dans son C’était De Gaulle, Alain Peyreffite l’a clairement expliqué, rapportant les propos du général De Gaulle que nous retranscrivons ci-dessous. Par delà la commémoration du 6 juin, on ne manquera pas de les rapprocher du contexte actuel.
« Le débarquement du 6 juin, ç’a été l’affaire des Anglo-Saxons, d’où la France a été exclue. Ils étaient bien décidés à s’installer en France comme en territoire ennemi ! Comme ils venaient de le faire en Italie et comme ils s’apprêtaient à le faire en Allemagne. Ils avaient préparé leur AMGOT qui devait gouverner souverainement la France à mesure de l’avance de leurs armées. Ils avaient imprimé leur fausse monnaie qui aurait eu cours forcé. Ils se seraient conduits en pays conquis.
C’est exactement ce qui se serait passé si je n’avais pas imposé, oui imposé, mes commissaires de la République, mes préfets, mes sous-préfets, mes comités de libération ! Et vous voudriez que j’aille commémorer leur débarquement alors qu’il était le prélude à une seconde occupation du pays ? Non, non, ne comptez pas sur moi ! Je veux bien que les choses se passent gracieusement mais ma place n’est pas là !
Et puis, cela contribuerait à faire croire que, si nous avons été libérés, nous ne le devons qu’aux Américains. Ca reviendrait à tenir la Résistance pour nulle et non avenue. Notre défaitisme naturel n’a que trop tendance à adopter ces vues. Il ne faut pas y céder.
En revanche, ma place sera au mont Faron, le 15 août, puisque les troupes françaises ont été prépondérantes dans le débarquement en Provence, que notre 1ère Armée y a été associée dès le premier jour, que sa remontée fulgurante par la vallée du Rhône a obligé les Allemands à évacuer tout le Midi et tout le Massif central sous la pression de la Résistance. Et je commémorerai la libération de Paris, puis celle de Strasbourg, puisque ce sont des prouesses françaises, puisque les Français de l’intérieur et de l’extérieur s’y sont unis, autour de leur drapeau, de leur hymne, de leur patrie. Mais m’associer à la commémoration d’un jour où l’on demandait aux Français de s’abandonner à d’autres qu’eux-mêmes, non !
Les Français sont déjà trop portés à croire qu’ils peuvent dormir tranquilles, qu’ils n’ont qu’à s’en remettre à d’autres du soin de défendre leur indépendance ! Il ne faut pas les encourager dans cette confiance naïve qu’ils paient ensuite par des ruines et des massacres ! Il faut les encourager à compter sur eux-mêmes ! Allons, Peyrefitte ! Il faut avoir plus de mémoire que ça ! Il faut commémorer la France et non les Anglo-Saxons ! Je n’ai aucune raison de célébrer ça avec éclat. Dites-le à vos journalistes. »
Alain Peyrefitte, C’était de Gaulle, mémoires, 1994-2000
D’où le carpet bombing …
Mais Hollande n’a-t-il pas restauré l’honneur bafoué de la RF, si on en croit une photo qui circule sur le web royaliste …
Qu’est-ce que c’est cette photo ? Je ne la connais pas. Est-ce qu’elle est ici ? Ou bien où ?
C’est ce que je me tue à dire.
Je ne comprends pas ce rappel déjà fait hier,et qui m’apparaît comme un dogmatisme simpliste anti-américain,aussi inutile que controuvé en l’occurence.
Rappelons le contexte :la défaite honteuse de la France en 1940-due essentiellement à l’incurie de notre régime républicain-avait surpris tout le monde,plus particulièrement Washington,qui en vint à douter sérieusement de notre pays.On le comprend.
De plus,de Gaulle,colonel nommé général de brigade à titre temporaire,puis sous-secrétaire d’Etat à la Guerre par Paul Reynaud (le » rat visqueux » comme le surnommait Daudet),avant que ce président du conseil ne file en Espagne avec sa maîtresse,était parfaitement inconnu des Américains-hormis comme un aventurier ombrageux et difficile(Churchill dixit)-.
Dès le mois de septembre 1940,Washington reconnaissait l’Etat Français de Vichy ou Roosevelt envoyait l’amiral Leahy comme ambassadeur.Ajoutons que les USA considérèrent Pétain comme le chef du gouvernement légal de la France-jusqu’à la Libération-.
Le caractère orgueilleux,ambitieux et très « anti-anglo-saxon » de de Gaulle ainsi que la suite des évènements ne firent que confirmer Roosevelt dans ses préventions contre le général,et dans lesquelles il finit par entraîner Churchill :
-la stupide et criminelle affaire de Mers-el-Kébir,imaginée par Churchill(sans même prévenir de Gaulle,qui poutant était déjà à Londres)et exécutée par l’amiral Sommerville dès le 3/6/1940,laquelle affaire-apès le refus de l’amiral Gensoul de céder à l’ultimatum britannique(arraisonnement,ou escorte anglaise de l’escadre française jusqu’aux Antilles françaises),aboutit à l’endommagement sérieux d’une bonne partie de l’escadre et l’envoi par le fond de plusieurs bâtiments avec la perte de près de 1300 de nos marins.Un seul navire britannique fut coulé.
-la non moins criminelle affaire de Dakar de fin septembre 1940,imaginée par de Gaulle, avec le concours de la flotte britannique,qui échoua complètement(de Gaulle pensait qu’à l’évocation de son seul nom au large de l’Afrique,toute la partie française de ce continent se rallierait à lui,mais le « Richelieu » le reçut à coups de canon).Cet échec coûta la vie à nombre de militaires français-pour la 1ère fois dans 2 camps opposés-ainsi que la perte de 2 bâtiments dans chaque camp.De Gaulle prétendit qu’il eût un moment l’intention de se suicider,après cet échec humiliant.
-pourtant,en juin 1941,il recommença une opération du même tonneau à Damas,en Syrie sous mandat français,qui aboutit cette fois, à l’emprisonnement du gouverneur français,le général Dentz,par les Syriens.Une série de coups-d’état s’enchaînèrent ensuite en Syrie.
-l’armée américaine,débarquant en Afrique du Nord en début novembre 1942,fut accueillie à bras ouverts par l’Armée d’Afrique réorganisée par Weygand sur les ordres de Pétain,(accord Weygand-Murphy,de 1941,déjà ),ce qui valut à Weygand d’être interné en Allemagne de 1942 à 1945,puis jugé à Paris en 1948 par la Haute Cour de Justice-instituée par de Gaulle-sous l’acte d’accusation de haute trahison rédigé par le procureur général Mornet (fm),mais finalement gracié.
-pour répondre au débarquement américain en Afrique du Nord,les Allemands envahirent la zône Sud de la France,en violation des accords d’armistice,et le gros de la flotte française se saborda à Toulon.A mon sens,c’est à ce moment-là que Pétain aurait dû se rendre à Alger,et cela aurait pu changer le cours de l’Histoire.Mais je pense aussi qu’on ne change pas facilement de domicile à plus de 88 ans,surtout quand on a fait don de sa personne à la France.Hélas,en restant à Vichy Pétain sembla couvrir tous les actes de Laval,président du conseil,revenu au gouvernement sur l’insistance de l’occupant-après en avoir été chassé par Pétain.
-après l’assassinat de Darlan-successeur désigné de Pétain-le 24 décembre 1942 par Bonnier de La Chapelle,comme Darlan était le commandant suprême de toutes les armées françaises, Pétain le remplaça par le général Giraud,déjà sur place à Alger ou il faisait compléter les équipements-lourds comme moins lourds- de l’armée d’Afrique par les Américains.Ces derniers forcèrent de Gaulle à faire entrer Giraud,comme co-président, dans son Comité Français de Libération Nationale qu’il venait de créer à Alger(pour contrer Giraud),ce qui évidemment déplut fort à de Gaulle,qui s’arrangea par la suite pour supplanter puis éliminer Giraud, politiquement et militairement.Les gérémiades orientées et postérieures de de Gaulle et de Peyrefitte ne sont donc pas de nature à m’impressionner.Il me semble,une fois de plus,que de Gaulle voulait le pouvoir pour lui tout seul.
Les Américains estimaient de leur côté que de Gaulle ne pouvait prendre le pouvoir en France qu’avec l’aide des communistes (et par conséquent de Staline),ce qu’ils redoutaient par dessous tout.C’est pourquoi Roosevelt confia au général en chef de toutes les armées alliées,Eisenhower,le soin de monter l’AMGOT qui avait un rôle de sauvegarde en cas de coup de force communiste en France (et pas du tout dans un but de s’assurer une souveraineté européenne comme le prétendent certains,gaullistes en particulier.Les Américains étaient plutôt lassés de l’Europe constamment en guerre,ce qui les amenait à exposer leurs « boys » sur des champs de bataille ne les concernant pas.Par contre,ils tenaient à contenir les visées japonaises sur le Pacifique.Après tout,ce sont les Japonais,alliés de l’Axe,qui les ont attaqués à Pearl Harbour,en premier.
-prétendre que le débarquement des Alliés en Normandie était l’ affaire des « Anglo-saxons » seuls relève de la mauvaise foi orgueilleuse d’un exclu des décisions importantes de cette guerre-plus,j’en suis sûr,que de la simple boutade,et tendrait même à prouver que les actions-plutôt désordonnées et incontrôlables-de la Résistance française n’ont servi à rien, alors que de Gaulle cherchait à les multiplier,ne serait-ce que pour justifier sa propre utilité dans la guerre, en terre de France.
-lassés de toutes ces pantalonnades gaulliennes-mais aussi pour punir Staline de son soutien à de Gaulle (addition de nombreux communistes français lors de la composition du CNR en 1943, dont la France souffre toujours des décisions inopportunes en matière syndicale),Roosevelt surtout, puis Churchill s’opposèrent à la présence de de Gaulle à la conférence de Yalta en février 1945,ce qui ulcéra profondément le général.
-il prit sa revanche en 1958,lorsque,fraîchement élu président de la république française,de Gaulle décida d’effectuer sa première visite officielle à Staline,et pas à Eisenhower,le libérateur de la France,qui avait été élu président des Etats-Unis en 1953.A cette époque,il n’était pas toujours facile, en tant que Français,de vivre aux Etats-Unis.(Après le renvoi hors de France du SHAPE par de Gaulle,les Américains avaient baptisé le « Grand Charles » « Degaullefinger »,en allusion au célèbre film de Sean Connery).
J’aurai l’occasion,plus tard j’espère,de parler de l’anti-américanisme sectaire, et parfaitement inutile dans les conditions actuelles.Je reste en effet de pensée à vocation aristotélicienne,me forçant à comprendre avant d’apprendre.
Vouloir ignorer la détestation ancienne du communisme par tous les Américains est un signe de méconnaissance crasse des ressorts des USA.La plupart de ceux-ci,maintenant, sont venus aux Etats-Unis précisément pour y échapper! Dans l’esprit des Américains,cette détestation est idéologiquement et pratiquement la n°1,bien avant celle du nazisme.Et on peut compter sur eux pour nous protéger sous ce rapport.
Evidemment,leur pragmatisme et leur rhétorique ne correspondent pas aux nôtres.Ils savent gagner de l’argent,beaucoup d’argent même,pas nous,qui depuis la Libération préférons donner la toute puissance économique, comme politique, aux syndicats.Il n’y guère de doute que cela a permis à de Gaulle de réussir son coup d’état.
Sa 1ère visite officielle d’état,après qu’il fut élu président de la république en 1958,ne fut-elle pas pour Staline-et pas pour Eisenhower-,élu président des Etats-Unis en 1953,et ancien libérateur de la France.Qu’aurait fait de Gaulle sans lui ?
Ah!en France les idéologies partisanes ont la vie dure !
-après l’assassinat de Dalan le 24 décembre 1942
Les anglo-saxons présentés comme sauveurs d’une l’humanité même pas reconnaissante. C’est d’un manichéisme et d’une américanolatrie confondants.
Faut-il admirer ceux qui se confondent dans les grands mots qui ne veulent rien dire,hormis ce qu’ils pensent confusément ?