PAR MATHIEU BOCK-CÔTÉ.
Cette chronique est parue dans Le Figaro d’hier 1er mai. Ce qu’y défend Mathieu Bock-Côté, ce n’est ni plus ni moins que notre Politique d’abord ! correctement compris, confronté à la situation présente, et étendu à sa dimension sociale, anthropologique même, parfaitement anti-progressiste et anti-moderne. Par exemple lorsqu’il note : « Les modernes rêvent manifestement d’un savoir ultime, qui viendrait abolir la complexité de l’existence, capable même de calmer l’angoisse de la mort.» À chaque problème, sa réflexion spécifique, mais de façon toujours radicale, si l’on accepte de prendre ce mot en son vrai sens qui n’est pas exagération, extrémisme, exaltation vulgaire mais bien plutôt : à la racine. Il nous semble que c’est là l’apport propre de Mathieu Bock-Côté. Il nous paraît aussi que dans ces temps sans boussole, la radicalité prise en ce sens, le recours aux racines, est un bien précieux.
La science mobilisée pour justifier une chose et son contraire…
Dans les premiers moments de la pandémie, alors qu’elle semblait encore quelque peu contrôlable pour ceux qui la prendraient au sérieux à temps, notamment en fermant ou en contrôlant strictement les frontières, le premier ministre canadien Justin Trudeau a refusé d’agir ainsi, sous prétexte que de telles mesures seraient contraires à la science et relèveraient de la xénophobie. Quelques jours plus tard, les circonstances l’obligèrent à modifier sa position: il fallait désormais fermer les frontières. Il justifia encore sa position au nom de la science : cette dernière avait apparemment changé d’avis. Il n’est évidemment pas le seul à avoir ainsi mobilisé la science pour justifier une chose et son contraire, la controverse entourant le masque en France en témoigne. C’est au nom de la science que la porte-parole du gouvernement se moquait de ceux qui plaidaient en sa faveur, et c’est au nom de la science qu’on pense aujourd’hui l’imposer. On pourrait multiplier de semblables exemples.
On y verra d’abord la confirmation de l’importance de la science comme langage de crédibilité dans l’espace public. Elle incarne la plus haute autorité. On la questionne comme un oracle, on rêve même de la mettre au pouvoir, et les gouvernants sont de plus en plus tentés de justifier leurs décisions en s’entourant d’experts certifiés, comme s’ils transposaient dans l’action publique de pures et simples recommandations scientifiques. La jeune Greta Thunberg, heureusement un peu passée de mode, réclamait l’an passé une révolution mondiale au nom de la science, dont elle se voulait l’interprète et la prophétesse. On oublie pourtant que la science ne se présente pas comme un savoir révélé et définitif mais comme une série d’hypothèses toujours discutables, inachevées, soumises à une perpétuelle réévaluation. Les modernes rêvent manifestement d’un savoir ultime, qui viendrait abolir la complexité de l’existence, capable même de calmer l’angoisse de la mort. Ils cherchent ainsi à faire jouer à la science le rôle autrefois dévolu à la religion, alors que telle n’est pas sa vocation.
On y verra aussi la confirmation d’une tendance forte du progressisme, soit le maquillage des préférences idéologiques en théories scientifiques. Cela ne date pas d’hier. On se souvient de la prétention scientifique du marxisme, qui en d’autres temps, prétendait conjuguer la connaissance du mouvement historique, des structures sociales et le modèle de la société idéale. Le mondialisme, de même, s’est voulu scientifique dans les années 1990 et 2000: le dépassement des nations, l’abolition des frontières, l’artificialisation radicale des nations historiques, transformées en stricts construits sociaux, étaient validés par les sciences sociales. Plus récemment, c’est toujours au nom de la science que la théorie du genre a cru pouvoir abolir les identités sexuelles, en décrétant l’inexistence du masculin et du féminin. En d’autres termes, l’instrumentalisation de la légitimité scientifique par des militants qui se prennent pour des savants a contribué au discrédit du savoir authentique, comme on le voit aujourd’hui à l’université.
Nul ne conteste le rôle vital de la science authentique dans la présente crise. Ce sont les chercheurs dans leurs laboratoires qui trouveront tôt ou tard le vaccin contre le Covid-19 et les médicaments pour le soigner. Mais ils ne sauraient se substituer à l’homme d’État. Le technocrate ne saurait non plus le remplacer. Cela devrait nous pousser à méditer sur la situation de l’homme politique, qui est « l’homme tragique » par excellence, pour reprendre la formule de la philosophe québécoise Nicole Jetté-Soucy. Il est condamné à agir à partir d’informations limitées et de conseils contradictoires dans un présent « embrouillardé ». Fallait-il confiner les populations ? Comment mener le déconfinement maintenant ? Quelles mesures de santé publique mettre en place sans comprimer exagérément les libertés ? La diversité des réponses à la crise, d’un pays à l’autre, nous rappelle l’importance du jugement politique et d’un vrai sens de la décision, ancré dans une connaissance concrète de son pays, ce qui invalide le fantasme d’une gestion mondiale de la pandémie, comme si la planète était un espace homogène.
Une crise historique révèle la nature des hommes en situation de commandement. Les uns s’aplatissent, dominés par une situation n’entrant pas dans les schèmes mentaux établis où évoluent normalement les gestionnaires de temps de paix jusqu’à s’y enfermer, les autres révèlent une envergure insoupçonnée, comme si l’épreuve les grandissait et leur permettait de laisser leur empreinte sur le cours des événements. Il n’est pas interdit d’espérer que la crise permette aussi l’émergence de leaders nouveaux, adaptés à nos temps désordonnés, dans une époque qui sera plus politique que jamais. ■
Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l’auteur d’Exercices politiques (éd. VLB, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (éd. Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (éd. Boréal, 2007). Ses derniers livres : Le multiculturalisme comme religion politique, aux éditions du Cerf [2016] et le Le Nouveau Régime (Boréal, 2017).
Cruel constat que celui de Mathieu Bock-Côté de ces hommes de pouvoir qui ne savent, devant l’épreuve, être providentiels que pour eux-mêmes. Fruits de la pyramide de systèmes administratifs auto-justificatifs dont le but est de se répliquer, ils ne sauraient les changer. La communication intervient en support d’une stase mentale propre à éviter toute inflexion de la direction des habitudes tout en voulant imposer l’image inverse, à l’aide d’une trituration du sens des mots pour accréditer la manipulation. Le monde virtuel en boucle parfaite ainsi créé et entretenu par la répétition de concepts déviés, semble être une construction étanche à la critique ou aux arguments contraires. Mais la réalité vient régulièrement détruire les phantasmes de mise en boite du monde élaboré par des idéologues ignorant qu’il y a davantage d’étoiles dans notre galaxie et de galaxies dans l’univers observable, que de cellules dans leur cerveau, rappelant froidement la puérilité de la réduction du réel à soi-même. Le génie de l’homme, en tout cas sur sa planète, vient de sa capacité à gérer l’addition des connaissances de ses semblables en les partageant, et non en imaginant qu’il sait, alors qu’il pense par procuration sur inférence de ses contacts. Le pouvoir, par l’illusion de la puissance qu’il procure, est une friandise qui fait oublier la distinction entre savoir et intégration, entre construction idéologique fantasmée et réalité vécue, et finalement entre emprise sur la réalité et dépendance à celle-ci. Elle sait opportunément, et de manière aveugle, le rappeler aux pseudo-phénix en les brulant dans le vide de leur insignifiance. Le grand élan romantique d’une libration de la condition humaine tant désirée par les modernes se brise invariablement sur la recomposition des éléments qui les ont faits, condition de la survie et du progrès
quand je choisirai ce serait indubitablement pour un ROI
Une nouvelle politique ? Mathieu BOCK-CÔTE.
Méditer sur la situation de l’homme politique, qui est « l’homme tragique » par excellence, pour reprendre la formule de la philosophe québécoise Nicole Jetté–Soucy
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(NJ BB
: Comment gravir tous les échelons sanitaires, économiques, politiques, religieux, pour aller finalement à l’homme : qu’est-ce que l’homme ? Comment peut-on imaginer une politique qui cherche le bien commun de sa population , c’est-à-dire le bien de l’homme sans se soucier de savoir qui est l’homme, qu’est-ce que l’homme ?
Or cette question et très rarement posée. Pourquoi et comment pulvériser XXXX ce grotesque et criminel tabou ; rappelons-nous Raymond Devos : « L’homme existe je l’ai rencontré » , Alexis Carel L’homme cet inconnu. Qu’est ce qu’ont en commun tous les hommes quelque soient leur race ,le origine ,leur religion, leurs passions :
La raison (1)et Dieu puisque son existence est accessible à la raison.
Dieu, Non pas Dieu–Père–DIEU Amour que seuls les chrétiens connaissent puisqu’il leur a été révélé par son Fils, Jésus-Christ, mort et ressuscité. Que beaucoup ignorent ou ont rejeté.
Or l’histoire montre que l’unité française, qu’on le veuille ou non ,s’est faite autour de Jésus-Christ grâce aux Apôtres et notamment aux moines défricheurs….
L’accès à Jésus-Christ ressemble à une échelle (De bas en haut) :
*Les choses (« res » Accessibles à tous)
*Les mots (Le langage articulé est propre à l’homme, les animaux en sont privés, il requiert l’apprentissage donc l’enseignement.Rappelons que les animaux ont La connaissance sensible en commun avec l’homme mais pas la connaissance intellectuelle)
*Les idées, les concepts (Pouvoir d’abstraction caractéristique de L’intelligence est propre à l’homme. les animaux en sont privés)
*Les jugements
*Les raisonnements.
(1) Disons tout de suite que la raison est l’outil qui permet à chacun de chercher et parfois de découvrir la vérité. Et sur la vérité disons tout de suite pour éviter les ergotages, qu’elle enseigne trois choses :
a/La vérité existe
b/On ne la connaît pas toujours
c/ Elle n’appartient pas à celui qui la trouve )
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