Nous avons aimé cette « leçon de Chambord », qui est aussi une balade estivale, des références à l’Histoire, des souvenirs personnels, et une réflexion politique, royaliste, qui n’est pas théorique mais vécue. On sait que ce genre d’engagement, commencé souvent très jeune et poursuivi toute une vie, est, souvent, plus convainquant que les meilleurs des raisonnements… D’aucuns se souviendront que c’est là ce que disait Péguy à propos de Maurras : ses démonstrations les plus rigoureuses n’emportaient pas forcément l’adhésion; mais, disait Péguy, quand on savait que cet homme là était prêt à mourir pour ses idées, pour ce Roi qu’il voulait pour la France, alors là, on s’arrêtait, on écoutait, on devenait attentif … C’est en quelque sorte en ce sens que nous publions, en toute amitié d’esprit et convictions partagées, ces lignes de Jean-Philippe Chauvin.
Et puis, nous sommes ces jours-ci dans une suite d’images et de réflexions royalistes, sans compter, pour ce qui est de notre engagement et de sa valeur, que nous sommes aussi dans une année Péguy, Bouvines, et Saint-Louis.
Lafautearousseau
J’ai profité des premiers jours de juillet pour me promener en France qui, partout, a quelque beauté à nous dévoiler, même lorsque le soleil se fait hésitant ou fragile. Ma première étape était le château de Chambord, magnifique joyau de la Renaissance, indissociable du règne du roi François Ier mais aussi de la prétendance du comte de Chambord, celui-là même qui aurait pu être roi sous le nom d’Henri V : en ces heures de congés scolaires, je n’oublie pas la politique qui, elle, ne prend pas de vacances, et je dois avouer que la comparaison entre l’œuvre du roi François et celle du président du même prénom est facile et instructive…
Bien sûr, M. Hollande n’est que dans la 3ème année de son quinquennat quand François Ier a régné une trentaine d’années, de 1515 à 1547 ; bien sûr, le contexte n’est pas le même et succéder à Louis XII qui avait « préparé » le terrain à son successeur en menant une grande aventure militaire et géopolitique en Italie semble plus facile que prendre la suite d’un rival au milieu d’une crise de la zone euro et dans un contexte de mondialisation agressive ; bien sûr, surtout, le roi François pouvait espérer, au 1er janvier 1515, avoir le temps long d’un règne que seule la monarchie permet quand le président, élu des uns contre les autres, pense déjà à préparer sa réélection…
Je repensais à tout cela en parcourant les grandes salles du château qu’admiraient aussi des touristes venus parfois de loin, des groupes de jeunes élèves qui, à la première pause, pianotaient sur leurs téléphones portatifs ou des familles qui me rappelaient celle que nous formions avec mes parents, frère et sœurs, au début des années 1980, à la découverte des trésors de notre histoire. Depuis ce temps déjà ancien, Chambord a continué de vivre, d’embellir encore malgré les échafaudages nouveaux, et d’attirer toujours plus de curieux, étrangers ou compatriotes, et c’est tant mieux !
Je remarque d’ailleurs que « l’histoire attire » et que l’une des grandes chances de la France est de posséder un riche patrimoine issu de cette longue suite de siècles de formation de la nation française : sans cette lente, longue et parfois rude histoire, sans la maîtrise du temps et de l’espace par les hommes et par l’Etat, en particulier sous sa forme monarchique, la France ne serait pas aujourd’hui ce pays qui reste la première destination touristique d’Europe et du monde ! Voilà un héritage à entretenir mais aussi à faire prospérer : or, il semble que la République, piégée par ses coûts de fonctionnement trop élevés et par les contraintes budgétaires que l’Union européenne lui rappelle constamment sans beaucoup de délicatesse ni de tact, n’investisse plus assez dans l’entretien et la promotion de ce magnifique patrimoine et n’attire pas assez de mécènes pour financer de nouvelles mises en valeur de nos joyaux historiques et paysagers. Surtout, l’Etat ne joue pas suffisamment son rôle de coordonnateur ou de soutien des initiatives locales, publiques ou privées, qui pourrait, lorsque le besoin s’en fait sentir, être le sien, mais, en revanche, il apparaît parfois trop « réglementariste », pour des raisons qui ne sont pas forcément très bonnes, et tente même de gêner des initiatives bénévoles et/ou privées qui lui échappent (y compris par le moyen fiscal…), ce qui me semble la manifestation d’un mauvais étatisme contreproductif sur le plan touristique, économique et social.
Alors qu’il nous faudrait reprendre l’esprit du roi François Ier, celui d’un mécénat d’Etat intelligent qui valait au roi le titre de « père et protecteur des arts et des lettres », la République s’enferme dans une logique comptable et, parfois, idéologique… J’ai toujours trouvé surprenant que le spectacle du Puy du Fou, qui s’autofinance intégralement depuis sa création à la fin des années 70, ne bénéficie d’aucune promotion de la part de l’Etat et du Ministère de la Culture alors qu’il a été le premier à obtenir les récompenses internationales touristiques les plus prestigieuses du monde, comparables aux Oscars pour le cinéma ! Bien sûr, le Puy du Fou n’en a guère besoin, mais ce désintérêt de la République pour ce qui fonctionne et rapporte beaucoup à l’économie locale et nationale est révélateur d’un état d’esprit, tout comme les attaques incessantes d’une certaine presse et de quelques historiens robespierristes contre le spectacle lui-même, considéré comme une exaltation de la Contre-Révolution et de la « Vendée rebelle »…
Le roi François Ier a montré l’exemple d’une politique culturelle qui mariait le prestige royal à la beauté des formes, le goût du spectacle au plaisir de tous, et cela est à l’origine de la Renaissance française qui, aujourd’hui encore, attire des foules venues de partout pour admirer cette synthèse des arts et de la politique, voulue par le souverain, éminemment politique quand il promouvait les arts et les architectes…
Le soir même de mon passage à Chambord, j’entendais les journalistes évoquer les menaces des intermittents sur les festivals de l’été et le désarroi du gouvernement face à cette situation qui lui pourrissait ce début de juillet : décidément, le président François n’est pas le roi François, et la comparaison tient encore plus aux régimes qu’aux hommes…
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