Journée décisive. En haut lieu, on nous dit d’espérer. Tout promet que l’invasion sera arrêtée, l’offensive allemande brisée sur les bords de la Marne. D’après les militaires, c’est de la grande guerre, de la plus grande guerre, selon les plus hautes lois de l’art, qui s’est faite, dans les deux camps, depuis l’ouverture des hostilités. Et l’on croit que Von der Goltz aurait repris à notre usage le mot que Napoléon avait prononcé en 1813 après Leipzig, ne reconnaissant plus les Prussiens qu’il avait battus à Iéna : « Ces animaux-là ont tout de même appris quelque chose ! » Telle est l’étonnante vanité de ces Allemands, ces parvenus du monde moderne… u
On commémore cette année le 100 ème anniversaire du début de la première guerre de l’histoire que l’on a pu dire « mondiale « . Que fut-elle ? Elle fut d’abord une inutile et monstrueuse boucherie, d’où sont sortis tous les totalitarismes du XXe siècle, et dont la France ne s’est jamais remise. Elle fut une suite d’offensives meurtrières plus absurdes les unes que les autres. En décembre 1914, on enregistrait déjà du côté français 300 000 morts et 900 000 blessés. L’offensive de la Somme, en juillet 1916, fit 260 000 tués. La première bataille offensive de Verdun, en octobre de la même année, en fit 360 000. La seule offensive du 16 avril 1917, entre Compiègne et Soissons, coûta 217 000 vies pour gagner cinq km ! On n’a jamais fait mieux.
Thibon disait que la simple évocation de cette guerre le rendait malade.
Bainville démontre qu’elle découle des deux grands systèmes d’alliances antagonistes qui s’étaient mis en place de part et d’autre. C’est la mécanique de ces alliances qui a joué sans que les dirigeants des Etats parties prenantes ne s’y soient opposés. Lorsque l’Autriche eut déclaré la guerre à la Serbie, la dite mécanique s’est absurdement déroulée; les déclarations de guerre se sont enchaînées, jusqu’à celle de l’Allemagne à la France, le 3 août 1914.
Comme il ne sert plus à grand chose de se lamenter sur le désastre européen d’il y a déjà un siècle, peut-être, en revanche, est-il utile d’avoir à l’esprit, pour aujourd’hui, les risques et, en un sens, la perversité des systèmes d’alliances trop imprudemment contraignants …
Nous en avons noué, actuellement, qui pourraient fort bien nous entraîner une fois encore dans des aventures dont il est à redouter qu’elles ne soient pas du tout à notre avantage.
Au delà du jeu des alliances,la véritable question est : a qui profite le crime et qui a armé le bras de Gravilo Prinzip?