Il y a des cracks ici ou là. Il faut l’admettre. C’est un bonheur que sortent du troupeau d’éclatantes figures. Dans combien de temps nous dira-t-on que cette inégalité est un scandale ?
Le milieu artistique ne peut plus se permettre d’être étranger à la pensée et à la parole.
Parce que de plus en plus il est sollicité sur tout et n’importe quoi, parfois tout de même sur ce qui le concerne au premier chef : les pièces de théâtre, les films, les divertissements.
Aujourd’hui, sincèrement, je plains la plupart des artistes : comédiens, acteurs, chanteurs.
S’ils sont médiocres dans l’analyse et l’expression, cela ne les empêchera pas d’être conviés médiatiquement pour des promotions ou autre chose et ils seront appréciés à hauteur même de leur banalité ou de leur capacité à glisser ici ou là un mot vulgaire ou grossier. Ils trouveront toujours quelqu’un pour s’esclaffer ou feindre d’être ébloui.
Ce sont surtout ceux qui sortent un peu du lot qui attirent ma compassion. Aimables, passables sans être brillants ni exceptionnels, ils se débrouillent comme ils peuvent mais malheureusement, dans l’estime publique et l’admiration intellectuelle ils se trouvent relégués parce qu’à leurs côtés il y a des monstres.
Que faire quand dans un même espace, dans son monde, on coexiste par exemple avec un Fabrice Luchini ou une Isabelle Huppert ? Que le premier soit étincelant, drôle et que son fort ne soit jamais la bêtise est une évidence. Que la seconde, sur un autre registre, parvienne à faire réfléchir sans donner forcément mal à la tête est un miracle. Précisément parce qu’elle n’a pas besoin de jouer à l’intelligente, le comble de l’artifice et donc du désastre personnel, parce que justement elle l’est.
Fabrice Luchini et elle « cassent » le métier, ils sont incomparables et font de la peine pour les tâcherons estimables qui gravitent dans la lumière mais remontent mal une pente qui fait des artistes en général des histrions sans substance.
Et ces chanteurs qu’on s’obstine à interpeller sur les problèmes du monde quand les plus talentueux d’entre eux ont compris que la classe était de se taire ! Je songe, bien sûr, à Jean-Jacques Goldman, Marc Lavoine ou Julien Clerc. […]
On peut adorer les deuxièmes à vie. Les Français ont raffolé de Raymond Poulidor parce que Jacques Anquetil dominait trop et n’éprouvait pas le besoin de s’en excuser. Le peuple aime se pencher comme une mère sur les vaincus.
Sur le plan de l’intelligence et de la gloire médiatique qui parfois en résulte, ce qui sauve certains esprits tient au fait que, si Jacques Attali, Alain Minc et Bernard-Henri Lévy sont partout et laissent croire que pas une miette de la réflexion ne saurait leur échapper – le parcours promotionnel du dernier, depuis quelques jours, est à cet égard très éclairant (Le Canard enchaîné) -, ils ont heureusement ce passif d’un zeste d’arrogance, de condescendance, d’impérieuse certitude d’être les meilleurs qui laisse une chance à ceux qui peuvent leur damer le pion, sinon pour la dialectique et le péremptoire, du moins pour la qualité humaine du dialogue et des échanges.
Michel Onfray n’a rien à leur envier pour ce qu’ils privilégient et incarnent mais il sait aussi que l’acceptation de la contradiction, l’écoute et la modestie ne sont pas une honte.
Il y a des cracks ici ou là. Il faut l’admettre. C’est un bonheur que sortent du troupeau d’éclatantes figures. Dans combien de temps nous dira-t-on que cette inégalité est un scandale ? u
Source : Boulevard Voltaire
C’est déjà un « scandale » que notre société corrige en permanence par toute une batterie de politiques dites « sociétales », censées redresser un certains nombre « d’inégalités ».
En particulier en matière d’éducation, avec la création des ZEP, en vertu du principe « donner plus à ceux qui ont moins », qui a introduit le concept de « discrimination positive ».
Cette mesure qui constitue une brèche importante dans le système « sélectif » (le plus juste car fondé sur le mérite), par la création d’exception à la règle commune, a nourri une montée des ressentiments intercommunautaires.