Hussard de la mort
En attendant que les deux volets de notre aile droite et de notre aile gauche se replient sur le centre allemand, voici, pour tromper notre impatience, une lettre de sous-officier et une lettre de général.
Pierre Allard (1), adjudant de réserve dans un régiment de chasseurs à cheval, écrit à sa sœur :
« …Je suis en ce moment dans une ferme isolée où, paraît-il, les Allemands (hussards de la mort) viennent toutes les nuit s’approvisionner et, avec vingt hommes, j’ai reçu l’ordre de leur y tendre un piège. Tu penses si je suis forcé d’ouvrir l’œil… Aussi, pour que le sommeil ne nous gagne pas, j’ai fait préparer du café avec du cognac pour mes hommes et moi. J’écris à la lueur tout à fait cachée d’une petite lampe électrique de poche. L’impression de chasse à l’homme est vraiment passionnante et palpitante. La moitié de ma petite troupe veille avec moi, l’autre moitié est endormie en armes à mes pieds, mes sentinelles bien posées avec ordre de ne pas se faire voir s’ils viennent et de les laisser entrer dans la cour. S’ils entrent, ils sont fichus, la porte se ferme et ils ne sortiront pas vivants…
Quels braves soldats que ces réservistes ! Depuis quelques jours j’assure tout seul avec ma petite troupe un service d’éclaireurs pour l’infanterie, et j’ai mes hommes entièrement dans ma main. Le résultat est superbe est pas un n’hésiterait à se faire tuer pour moi. J’ai grand espoir en la victoire finale de nos armes; avec de pareilles énergies, elle est certaine. En ce moment, à l’horizon, de grands coups de déflecteurs balaient de couleurs différentes l’obscurité opaque de la nuit devant moi. Ce sont les Allemands qui font les signaux et c’est vraiment tragique… Que disent-ils ? Que préparent-ils ? Quelle surprise nous réserve demain ? »
Le général a conquis ses étoiles sur le champ de bataille. C’était le colonel Baratier, l’ancien compagnon d’armes de Marchand, qui était parti pour la guerre. Il écrit à la date du 23 septembre : « Aujourd’hui tout va bien et ira encore mieux avant peu. On les boutera hors de France et plus loin encore. » u
1. Frère de Marthe Allard, seconde épouse de Léon Daudet.
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“Alors les grands penseurs de la gôôôche on se réveille ? On a une panne de…”