Nous ne savons presque rien d’Ego non, l’auteur de cette remarquable conférence d’environ 25 minutes. Sauf ceci : 1. En choisissant un élément de la fière devise des Clermont-Tonnerre pour nom de plume ou de parole, il se définit lui-même de façon on ne peut plus claire.(Etiam si omnes ego non : vraiment, si tous, moi non), 2. Autre élément: Ego non est un jeune philosophe belge de 24 ans, natif de Liège. 3. Il propose sur sa chaîne des vidéos sur des idées ou des auteurs qui lui semblent les plus pertinents aujourd’hui. Il y en a déjà une série impressionnante dans laquelle il semble y avoir beaucoup à puiser.
Le lecteur de Je Suis Français qui écoutera cette vidéo verra bien assez par lui-même ce dont il s’agit. Inutile d’en faire l’analyse. L’analyse d’Ego non se suffit à elle-même. Disons simplement qu’elle étudie l’un des premiers livres politiques de Charles Mauuras : : Trois idées politiques, Chateaubriand – Michelet – Sainte-Beuve.
Les deux remarques que nous nous sommes faites – d’ordre en partie interne – sont les suivantes :
1. Ceux qui nous serinent que Maurras serait dépassé, sont surtout de vieux maurrassiens qui, peut-être comme ce fut bien souvent le cas, ne l’on guère lu, ou encore de jeunes militants qui répugnent à l »étude sérieuse des textes des auteurs les plus pertinents, dont, évidemment Maurras selon Ego non. Le vieil Edgar Morin (il vient d’avoir cent ans !), lui, l’avait bien vu, qui rangeait la pensée de Maurras parmi les trois plus importantes du siècle avec Marx (pour la Révolution) Tocqueville (pour le libéralisme), Maurras pour la pensée de la Tradition. Cette dernière imprègne aujourd’hui de nombreux courants, dont ceux qui ont pour porte-paroles, chacun dans leur ordre : Eric Zemmour, Patrick Buisson ou Philippe de Villiers, les auteurs à grands tirages d’aujourd’hui. Ego non, en quelque sorte, à 24 ans, dément éloquemment, cette thèse du Maurras dépassé. Il n’est pas le seul de sa génération.
2. Son analyse – toujours délicate à tenter – de la critique maurrassienne de Chateaubriand, d’ailleurs reprise par Bainville sous l’angle historique et aggravée par Boutang dans son gros Maurras, la destinée et l »œuvre, nous paraît ici justement et finement construite. Alors que de vieux maurrassiens, sous le charme du grand style de l’enchanteur, et de ses pensées d’ordre souvent supérieur, cela va sans dire, n’ont pas compris l’importance du reproche que Maurras lui oppose. On le trouvera ici clairement exposé.
3. Pour l’école de pensée que nous prolongeons du mieux que nous pouvons, la réflexion que mènent de jeunes-gens de conviction et de talent, tel Ego non – mais il n’est pas seul dans son cas – sont évidemment un élément de confiance en l’avenir. Et, bien-sûr, par-delà notre école, pour l’avenir de notre civilisation elle-même.
Un brillant et profond pédagogue qui complète justement son commentaire de « trois idées politiques » de Maurras par sa vidéo « la foi dans les mythes pour la victoire politique » sur Sorel… A suivre.