La revue Les Épées – dont nous lisons chaque livraison avec intérêt et amitié d’esprit – nous rappelle que c’est il y a dix ans aujourd’hui que Pierre BOUTANG a quitté cette terre, ce Royaume, aux multiples sens du terme, qui fut la querelle de toute sa vie.
Si une espérance royale demeure encore aujourd’hui pertinente, s’il reste raisonnable de continuer contre toute vraisemblance immédiate à tenter de la traduire en actes et de lui donner, le jour venu, vie et réalité, l’on mesurera sans-doute de plus en plus que, outre les démonstrations cent fois répétées de MAURRAS et de l’Action Française, auxquels il restera toujours attaché, c’est en grande partie à lui, à son œuvre, à l’exemple de sa propre expérience, de sa réflexion toujours étendue et approfondie, que nous le devons.
Pierre BOUTANG disait avoir appris à lire dans l’Action française. Tout jeune normalien, il en avait tenu la Revue de Presse, en lieu et place de MAURRAS en vacances à Martigues, durant « l’été 40 ». Dans son gros livre « La Destinée et l’œuvre », son dialogue avec MAURRAS, dont il écrit qu’il fut la matière de sa vie, est passionnant, même et surtout, lorsque leurs pensées divergent, lorsque la controverse s’établit …
BOUTANG, ce fut aussi, dans les années 50 et 60, l’aventure de la Nation Française, le soutien à l’action du Comte de Paris, la recherche inlassable d’un aboutissement du grand œuvre dans lequel il s’était engagé aux temps de l’Action française.
Ce fut aussi quelques maîtres livres dont le La Fontaine Politique et l’étude des universaux en même temps que du génie classique français, la redécouverte d’une sagesse éternelle et sans-doute, surtout, ce dont FINKIELKRAUT déplore le déclin : l’étude et l’amour des grands textes, la fréquentation des belles choses.
Il y eut enfin son Reprendre le Pouvoir, où BOUTANG ne traite évidemment pas d’une hypothétique conquête de l’état, mais où son objet, dans la situation d’extrême décadence où nous nous trouvons, où est tombé le Politique, est de « rebâtir quelque idée du Pouvoir », refaire une société construire selon « l’ordre légitime et profond », rendre au Pouvoir politique lui-même sa dignité, sa légitimité perdues. Pour BOUTANG, cette « pensée des profondeurs », cette « pensée qui sauve » s’incarne, du moins en France, dans le visage du prince chrétien.
A cet égard, il ne vit peut-être pas un hasard dans le fait qu’un des étudiants de ses dernières années d’enseignement a été le prince Jean de France.
Une messe est célébrée ce samedi 28 juin, à 19 heures,
Eglise Notre-Dame du Bon Conseil, 140 rue de Clignancourt, Paris XVIII, Métro Simplon.
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