Par Rémi Hugues.
Réflexions, variations, autour du livre de Pierre de Meuse « Idées et doctrines de la Contre-Révolution ». Suite de 21 articles à paraître les jours prochains, sauf le weekend.
Et lʼon en arrive ainsi au troisième terme de la devise républicaine. Derrière le Printemps arabe, il y a le dynamisme, lʼaction, lʼintervention, de la « Fraternité », cʼest-à-dire cette organisation connue de chacun qui sʼintéresse à la politique mondiale, la « Fraternité musulmane », « Frères musulmans ».
Ce réseau mondial de prédication et de solidarité agissait en dépit de la répression des dictateurs arabes. Ils soutinrent le soulèvement de la foule contre le pouvoir. En Tunisie le parti affilié aux Frères musulmans, Ennahda, sortit vainqueur des premières élections législatives de lʼère post-Ben Ali (2011). En Égypte Mohamed Morsi, lui aussi « F.M. », remporta lʼélection présidentielle de 2012.
Les « démocrates-musulmans » avaient su avancer leurs pions. Aujourd’hui ils représentent la démocratie libérale, qui a comme fondement les principes de 1789, au sein du monde musulman. Ils sont la force « occidentale » à lʼintérieur de celui-ci.
La Liberté est ainsi suivie par lʼÉgalité. Parmi les nombreux groupuscules qui essaimèrent en France dans le sillage de la révolution de 1789, lʼun, qui représentait la frange la plus radicale, avait pour chef Gracchus Babeuf et sʼappelait « la conjuration des égaux ».
Cʼétait le premier parti authentiquement communiste de lʼhistoire. Lʼembryon du « Parti », qui apparut après la révolution bolchevique de 1917, par exemple en France en 1920 lors du Congrès de Tours, et qui prit une dimension internationale avec la naissance du Komintern, comme on lʼa vu, ou IIIe Internationale.
Et donc la Fraternité clôt le triptyque révolutionnaire, avec pour force les Frères musulmans.
De surcroît, lʼessai de Pierre de Meuse contient une critique très intéressante sur le rapport entre Carl Schmitt et la contre-révolution, notamment sur le problème de la désignation de lʼennemi.
Voici une contribution visant à aider à saisir en quoi la pensée politique de ce dernier, qui était juriste de formation, mais qui a aussi proposé des réflexions touchant à la philosophie politique et à la géostratégie, est déterminante.
Page 220 il évoque « une notion fondamentale chez lui », à savoir la discrimination ami / ennemi, citant un passage important dʼun texte intitulé Die Neue Runschau :
« Tout concept politique est un concept polémique. Il vise un ennemi politique et se voit déterminé dans son rang spirituel, dans sa force intellectuelle et dans sa portée historique par son ennemi. »[1] [À suivre demain vendredi] ■
[1] Cité par Pierre de Meuse, ibid., p. 220.
* Un viatique pour les années 2020 – [1] [2] [3] [4] [5] [6] [7] [8] [9] [10] [11] [12]
À lire de Rémi Hugues Mai 68 contre lui-même (Cliquer sur l’image)
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