Kesrten
Juin 1945. Palais Arvfurstens, le ministère des Affaires étrangères suédois. Felix Kersten apprend que ses demandes de permis de travail et de naturalisation viennent d’être rejetées. « Je regrette. C’est une décision ministérielle », tranche le fonctionnaire qui le reçoit. Felix Kersten assure pourtant qu’il avait reçu le soutien et même les assurances du ministre des Affaires étrangères, Christian Günther. Mais ce dernier a rendu récemment son maroquin et il a été remplacé par Östen Undén. De plus, le passé de Felix Kertsen ne plaide pas pour sa cause. En effet, il a été pendant plus de quatre ans, le médecin du Reichsführer, Heinrich Himmler. Ce dernier souffrait de douleurs d’estomac chroniques et aucun médecin allemand n’était parvenu à le soigner. La réputation du médecin estonien, qui soignait notamment la famille royale des Pays-Bas, n’était plus à faire. La rencontre des deux hommes allait faire basculer l’histoire, petite et grande…
On peut rendre hommage aux éditions Glénat, et aux auteurs, Pat Perna et Fabien Bédouel (qui a fait preuve de son grand talent de dessinateur dans l’Or et le Sang) de faire découvrir au grand public cette tranche d’histoire totalement méconnue. Il arrive parfois que l’Histoire oublie ses héros… La proximité de Félix Kersten avec Himmler va permettre au médecin d’accéder à des informations cruciales. Au point qu’il va être soupçonné par Reinhard Heydrich, chef de la Gestapo et bras droit d’Himmler, d’être un espion à la solde des Juifs et des Alliés… Le scénario qui s’appuie sur de nombreux flashbacks est d’une grande rigueur historique. Un second tome devrait bientôt paraître. On l’attend avec impatience. •
Kersten, médecin d’Himmler – Tome 1 – Pat Perna et Fabien Bédouel – Editions Glénat – 48 pages – 13,90 euros
Mystères de IVe République
Paris. Printemps 1953. Un homme moustachu sort d’un immeuble, un bouquet de fleurs à la main puis s’installe au volant de son véhicule. Deux heures plus tard, sa femme s’inquiète que son mari ne soit pas encore rentré. Il ne saurait tarder, sinon le gigot sera trop cuit. Mais l’homme n’arrivera jamais à destination. Son cadavre est retrouvé par un camionneur. Une balle de 11.43 tirée à bout portant lui a enlevé la vie. « Entre 19 heures et 21 heures », précise Guérin, le collègue du commissaire Coste. L’homme assassiné s’appelle Paul Nouzières. Il avait de hautes responsabilités au sein du Parti communiste français quelques années auparavant mais en était parti pour rejoindre le Mouvement révolutionnaire titiste. Le plus étrange est que l’appartement du défunt a été fouillé et le cambrioleur identifié. Il s’agit de François Caradec, membre du PCF qui, poursuivi par les policiers perd la vie sous les griffes d’un ours… du zoo de Vincennes dont il était l’un des gardiens. Le début de l’histoire est un peu alambiqué et se perd parfois dans une querelle de partis d’extrême-gauche un peu obscure, fricotant avec des officines plutôt troubles. Le titre de ce troisième opus (Le bel automne des collabos) trahit malheureusement le fil rouge du scénario assez bien ficelé, somme toute assez classique, mais sans véritable passion. Le dessin vient donner un peu plus d’ambiance et de réalisme pour donner à ce polar d’assez bonne facture un éclat un peu plus brillant. •
Les mystères de la quatrième République – Tome 3 – Le bel automne des Collabos – Philippe Richelle – Alfio Buscaglia – Claudia Boccato – Editions Glénat – 56 pages – 14,50 euros
YANN CORFMAT sur Un espoir, le roi
“C’est ce que l’on appelle de nos voeux !”