On ne se plaindra pas que s’enchaînent les contrats de vente de l’avion Rafale. Certains ont dénoncé des contreparties inadmissibles. Le Qatar aurait été ainsi autorisé à « s’installer » sur les aéroports de Nice et Lyon; le gouvernement dément mais, si cela était avéré, ce serait une faute grave. On souligne aussi volontiers que ce genre de marché suppose forcément des concessions relevant d’un « abandon de souveraineté technologique »; on serait plutôt là dans un dosage de ce qui peut paraître acceptable, dosage qui relève d’ailleurs du constructeur plus que de l’Etat. Sur le plan politique, la France semble bien avoir profité de l’attitude américaine dont les revirements, réels ou supposés, n’ont pas toujours été apprécié
s : par l’Egypte d’abord, à l’occasion du « printemps arabe »; par l’Arabie saoudite ensuite, depuis le début des événements de Syrie. Si on en reste là, MM. Hollande, Le Drian et Fabius méritent un satisfecit.
Mais la politique étrangère ne se ramène pas à vendre des avions. Et vendre des avions ne doit pas nous lier les mains. S’il est encore permis de douter que les Etats-Unis iront au bout d’une « alliance de revers » avec l’Iran, l’intérêt géostratégique de la France reste de toute façon de ne rien s’interdire non plus avec la République islamique. Vendre des avions aux monarchies pétrolières du Golfe ne doit pas occulter le rôle détestable que certaines d’entre elles jouent dans la région par leur soutien, même indirect ou déguisé, à un islamo-terrorisme sunnite à vocation universelle. Or, la présence de M. Hollande au récent sommet du Conseil de coopération du Golfe, organisation économique et militaire de la péninsule arabique, est rien moins qu’anodine et accrédite l’idée d’un choix d’autant plus paradoxal qu’il repose, au moins en partie, sur la dénonciation d’un « danger iranien » inexistant pour nous.
Les idéologues « humanistes », à l’image de M. Guetta sur les ondes de France Inter, déplorent l’absence dans la région d’une puissance démocratique, que l’on pourrait soutenir sans aucun état d’âme. Double erreur. D’abord, peu nous chaut que les pays du Proche Orient soient, ou pas, des dictatures : la France connaît des Etats, pas des régimes. Ensuite, même complexe, la situation ne nous impose pas (pas encore, tout au moins) de choisir. Faut-il alors considérer comme un moindre mal, conforme à la « realpolitik » (en l’occurrence vendre des armes et écarter le spectre nucléaire iranien), la position de MM. Hollande et Fabius ? En fait une « realpolitik » cohérente, c’est-à-dire une « politique étrangère fondée sur le calcul des forces et sur l’intérêt national » devrait d’ores et déjà prendre en compte le rééquilibrage régional en train de se dessiner. Nous vendons aujourd’hui le Rafale aux monarchies, mais il est probable qu’à moyen terme, la montée en puissance de l’Iran modifie quelque peu la donne – et pas forcément en mal au regard du chaos actuel.
Le chef de l’Etat et son ministre des Affaires étrangères ne sauraient être de simples commis-voyageurs : ils doivent être capables de « manoeuvrer » dans cet Orient complexe, ce qui demande évidemment un peu de subtilité. •
Est-on sûr que le danger iranien soit « inexistant » pour nous ?
Le paragraphe suivant de notre ami LJD tend à penser le contraire,à juste titre d’ailleurs !
A mon avis, à l’heure actuelle – rien n’est définitif – l’Iran ne constitue ni une menace ni un risque pour la France ou l’un quelconque de nos partenaires européens. Il n’a pas part au terrorisme islamique qui se développe chez nous et trouve plutôt son origine et ses soutiens dans l’Islam sunnite, plus particulièrement wahhabite, dont les racines et la force – spirituelle et financière – se situent en Arabie Séoudite où sont La Mecque et Médine.
Les choses peuvent toujours changer mais, selon moi, l’Islam sunnite est actuellement vecteur de risques pour nous. Pas l’Islam chiite.