Le tabou de l’écologie : nous sommes trop nombreux sur Terre. Sans-doute mais sommes-nous en cause ?


[Article paru dans Marianne le 4.01.2020, circulant actuellement sur les réseaux sociaux]. Nous n’avons pas d’atomes crochus avec Caroline Fourest. Elle a pourtant raison de tenter de briser un tabou tout à fait important que l’écologie respecte en général, religieusement. Sa réponse est pauvre, politiquement correcte, globalisante à l’excès car elle n’opère aucune analyse ni distinction sur la réalité contrastée de l’explosion démographique du monde actuel. L’idéologie post-nationale, multiculturaliste féministe et diversitaire qui est le fond de son esprit, l’empêche de briser un autre tabou : c’est principalement d’Afrique et d’Asie que provient le surnombre, en effet mortifère, qu’elle dénonce.  C’est en Afrique que le Pape François a recommandé avec raison et sans ambages aux populations : « Ne faites pas des enfants comme des lapins ».  On pourrait en dire autant aux Asiatiques comme aux nations musulmanes. Ce n’est pas aux Français – et pas davantage aux Européens – qu’il faut dire : « Cessons de faire autant d’enfants. » Ceux qui ont lu les trois C’était De Gaulle d’Alain Peyrefitte savent que c’était au contraire le vœu du général qu’il naisse en France davantage d’enfants issus de la lignée historique française plutôt que venus d’ailleurs, a fortiori d’autres civilisations. L’immigration massive en un pays donné porte en effet au moins autant de dangers que le surnombre global des habitants de la planète. Nous en voyons chez nous les effets quotidiens. Il faudrait encore, dans le texte de Caroline Fourest, mi- briseuse de tabous, mi- affidée aux poncifs à la mode, discuter bien des points. Nous ne nous y attarderons pas.         


Par Caroline Fourest

« Même la plus généreuse des mères ne peut pas prendre soin d’une famille aussi nombreuse. »

On ne pensait jamais l’atteindre, ce chiffre rond : 2020. On le croyait destiné aux fantasmes des génériques de films futuristes. Ceux qui imaginent une planète ravagée par une guerre nucléaire ou asphyxiée par la pollution. Premier bilan, la planète tourne toujours, mais pas si rond. Elle se dérègle, se réchauffe, brûle et s’assèche, à une vitesse digne d’un scénario de science-fiction. Si cela continue, les scénaristes les plus angoissés ne se seront trompés que de une ou deux décennies.

Pour déjouer la prophétie, il ne suffira pas de cesser de boire avec des pailles en plastique. Il va falloir remplacer tous les usages que nous faisons de ce matériau par le recours à des matières biodégradables et produire à grande échelle de l’énergie renouvelable. Au lieu de songer à vivre dans des villes sous-éclairées, sinistres et dangereuses, surtout pour les femmes, comme au Moyen Age.

Il y a bien plus efficace pour sauver la planète. Cessons de faire autant d’enfants. On ne peut pas le dire. C’est tabou. Et pourtant…

Si la planète étouffe, ce n’est pas parce que nous avons inventé l’éclairage public, mais parce que nous sommes trop nombreux ! Nous épuisons la Terre et ses ressources.

Même la plus généreuse des mères ne peut pas prendre soin d’une famille aussi nombreuse.

Il a fallu des millions d’années et 1950 pour atteindre deux milliards d’humains. Nous approchons désormais des huit milliards ! La faute à l’allongement de nos vies, aux vaccins, aux médicaments, au recul de la pauvreté. Nous mourons moins, nous nous reproduisons un peu moins aussi, mais toujours trop.

Résultat, nous « gagnons » en moyenne 400 millions d’individus tous les cinq ans. Presque un milliard d’humains par décennie ! A ce rythme fou, nous devrions atteindre les dix milliards vers 2050. Une pure folie.

Si l’on ajoute que la moitié des huit milliards actuels habitent désormais en ville et sont jeunes, ne vous demandez plus pourquoi le monde vit au rythme des révolutions ou des mutineries perpétuelles. A part les tyrannies, aucun gouvernement démocratique élu ne tiendra bien longtemps. Surtout que la moindre colère monte en épingle grâce aux réseaux sociaux. Comment retrouver un peu de calme ? En apprenant à se déconnecter ? Peut-être. En arrêtant de voyager ? Ce serait la fin de l’ouverture d’esprit et le meilleur moyen d’aggraver la guerre des identités. La décroissance rêvée par certains écologistes est moins à chercher dans nos transports que dans nos chambres à coucher. La solution, c’est peut-être de préférer le train à l’avion quand c’est possible, mais surtout d’utiliser davantage de contraceptifs !

Culpabilisés par les dérives de l’eugénisme et les sermons religieux, nous n’osons pas le dire. Pourtant rien ne devrait nous inquiéter plus que cette inflation démographique. Cette bombe n’est même plus à retardement. Elle a explosé sous nos yeux. Et elle explique bien des carnages. C’est en regardant ce chiffre en face – huit milliards ! – que l’on comprend les violences du monde. Non seulement nous sommes trop nombreux, mais plus connectés que jamais. L’esprit de foule nous envahit. L’agoraphobie aussi. Partout, l’humain cherche à détruire l’humain. Les fous dégoupillent. Les idéologies radicales recrutent. Les tueries se multiplient.

RÉGULATION

Par folie ou par fanatisme. Parfois, comme dans l’affaire Sarah Halimi ou à New York, on ne sait plus ce qui est à l’origine. Il faudra traiter les deux, la démence et ces discours de haine qui empoisonnent les esprits.

Même si nous devions finir par tous nous entre-tuer au nom de la « race », de l’identité ou de la religion, comme à l’époque des grandes guerres meurtrières, il n’est pas sûr que nous parvenions à décroître à temps. La planète le sait et se charge elle-même de nous réguler. Le processus est en route. Le réchauffement climatique, l’assèchement des ressources, la montée des océans et la multiplication des catastrophes naturelles, tous ces mécanismes d’autodéfense devraient bientôt balayer une partie de l’humanité. Les écosystèmes sont ainsi. Ils cherchent l’équilibre. Et savent mieux que nous, sans morale ni doctrines, les dangers d’une espèce en surnombre.

Si nous voulons éviter de subir cette régulation, prenons les devants. Cessons de prendre autant de place, de ravager la terre et de bouffer l’oxygène. Ne régressons pas. Mais faisons moins d’enfants.

11 commentaires pour “Le tabou de l’écologie : nous sommes trop nombreux sur Terre. Sans-doute mais sommes-nous en cause ?

  1. Certes il faut savoir être raisonnable et trouver un équilibre entre developpement et ressources, mais le mathusianisme n’est pas une solution comme l’a montré Sauvy. . Ni la réduction du temps de travail ni celle des hommes décidée autoritairement ne sont la solution, elles nous rétrécissent, mais bien le dynamisme des richesses ou leur création, en respectant bien sûr les équilibres; c ‘est le pari sur l’avenir . Dur, dur en ces temps.

  2. Les nations mathusiennes sont condamnées à disparaître sous les flots d’immigrés…
    Un nationalisme conséquent doit promouvoir une politique familiale incitative…au moins en France.

  3. Alors qu’en Europe et donc en France, la démographie s’effondre parmi la population naturelle, d’origine, elle explose dans les pays en voie de développement. C’est dans ces pays qu’il faut réguler les naissances, sinon, nous disparaitrons car nos dirigeant sont incapables de juguler l’invasion migratoire.
    Malheureusement c’est chez nous que tout est fait pour casser la natalité, alors que ce devrait être chez les populations très reproductrices

  4. Le « chapeau » de JSF est excellent. Je n’ai rien à y redire, si ce n’est une petite inexactitude: ce n’est pas en Afrique que le pape a dit: « ne vous reproduisez pas comme des lapins ». C’est au cours de son voyage aux Philippines.

  5. Dans un cas comme dans l’autre, les paroles du Pape se justifient. Merci à Antiquus de son approbation et d’avoir rectifié l’inexactitude qu’il a relevée dans notre « chapeau ».

  6. Entendu ce matin d’un expert écologiste:
    « Pour soutenir la Nature, il faut guérir l’Homme »
    Guérir l’Homme de quoi ? D’être un Homme ? Il ne le dit pas.
    Est-il malade d’être sorti de la grotte pour voir ce qui se passait ailleurs, d’avoir planté du blé , las de courir derrière des animaux faméliques, d’avoir franchi des océans pour augmenter son espace vital, d’être monté sur un vélo pour aller plus vite qu’à pied ?
    Les écologistes sont souvent athées et donc ne croient pas au péché originel, bien commode pourtant pour expliquer le malaise fondamental. De même, ils sont souvent anti vaccins et partisans des médecines douces, donc ils veulent guérir mais avec quels moyens ?
    Les mythes de la Révolution française s’écroulent un à un. L’égalité ne fait plus recette et depuis Procuste, on le savait, lui qui sciait les membres de ses victimes sur un lit, pour qu’elles soient égales.
    Le Communisme a été remplacé par l’Antiracisme qui s’épuise avec le retour violent des ethnies.
    Reste donc le vieux rêve des Physiocrates, de François Quesnay, de Mirabeau, de Dupont de Nemours:  » La nature est bonne, c’est l’homme qui la détruit ! ». La source de la richesse ne repose plus sur le travail, mais sur la capacité « miraculeuse » de la terre à produire de la nourriture à chaque printemps. Je cite:  » Les physiocrates font émerger des principes foncièrement naturalistes, et au fond anti-chrétiens pour leur temps, notamment l’idée selon laquelle les progrès de l’agriculture permettraient à Adam de se laver du péché originel en n’ayant plus à travailler à la sueur de son front pour assumer sa subsistance. Ils expriment ainsi des idées, très souterraines au XVIIIe siècle – et pas uniquement françaises –, selon lesquelles l’homme, en tant qu’individu, pourrait avoir accès à l’intégralité du bonheur en tant que créature limitée, et qu’il n’y aurait donc nul besoin de transcendance. C’est Turgot qui est l’auteur du texte d’une gravure sur bois à l’effigie de Benjamin Franklin : « Eripuit caelo fulmen sceptrumque tyrannis » (il arrache au ciel le feu et le sceptre de la tyrannie), devise dont certains ont noté le caractère particulièrement « luciférien » pour l’époque.
    Pourtant , Ronsard , dès 1545, avait mis les points sur les i :  » O vraiment marâtre Nature, puisqu’une telle fleur ne dure, que du matin jusques au soir ». En un mot, l’homme sait qu’il doit mourir et c’est là le drame insupportable.
    Les physiocrates ont abouti au laissez faire : le libéralisme , et à son corollaire : le commerce international, qui se mordent la queue à leur tour.
    Vouloir guérir l’homme pour soutenir la Nature ? Voila qui nous promet de nouveaux lendemains qui chantent

  7.  » Ne vous reproduisez pas comme des lapins » témoigne de l’excellence oude la délicatesse ! du style du pape actuel. Il est possible de mettre en garde des populations assistées sur leures responsabilités dans le necessaire développement économique d’un pays qui doit suivre la démographie raisonnée, sans user d’un langage aussi condescendant et réducteur.

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