Par Pierre Builly
À la suite du billet de Marc VERGIER, que JSF a publié hier, Impossible is nothing, Michel Michel a posté ceci : « La loi Toubon a-t-elle été abrogée ? Sinon pourquoi n’est-elle pas appliquée ? Qui peut porter plainte contre les transgressions ? Il y a là un beau sujet pour les associations franco-phones…» Pierre Builly y a répondu, éclairant éloquemment nos lanternes.
Pour avoir été au Cabinet du ministre en ce temps-là, je peux dire deux mots.
La Loi Toubon était bien au programme de la Droite parlementaire mais, si je puis dire, elle faisait partie des mesures dont l’ »État profond » ne voulait pas ; au plus en faire un instrument clinquant et impossible à appliquer concrètement, mais qui permet de « cocher une case » du programme.
Les médias « mainstream » (comme on ne devrait pas dire !) rivalisaient de sarcasme sur la volonté (réelle !) de Jacques Toubon de défendre la langue française.
D’ailleurs ils l’avaient surnommé « Allgood » et ce surnom ridicule a été partout repris.
Édouard Balladur était profondément opposé à toute limitation forte (comparable à la Loi 101 du Québec) et, à chaque réunion interministérielle d’arbitrage, il tranchait en faveur des ministres opposés à des contraintes. Je me souviens particulièrement de son refus déterminé d’obliger les films anglo-saxons à traduire leurs titres.
La plupart des ministres 93-95 considéraient que toute mesure autoritaire en faveur de la langue française était une lubie ridicule et que tout le monde se ficherait de ceux qui la mettraient en oeuvre. Il n’y a donc pas lieu de s’étonner que ce texte législatif, pourtant bien accommodant, du fait des réticences que j’ai dites, soit maintenant complétement tombé dans la désuétude. ■