Une soirée au Bouffes-Parisiens nous prouve que l’art de la conversation n’est pas uniquement l’apanage de l’honnête homme du )(vine siècle. L’illustre sociétaire de la Comédie-Française, Jean Piat, nous conte sa carrière en rebondissant d’un souvenir à l’autre, en évoquant les grands acteurs que furent ses maîtres, ses nombreux partenaires et les grands auteurs dont Sacha Guitry. Piat est entré au conservatoire dans la classe de Béatrix Dussane à qui il porte une vénération filiale. Mis à la porte de cette institution de façon rocambolesque, il se présente toutefois à une audition à la Comédie Française où il est engagé immédiatement. La grande aventure commence. Le comédien nous fait revivre les grands moments de l’illustre théâtre. Devenu sociétaire le ier janvier 1953, il joue avec succès le Don César de Bazan, dans Ruy Blas. Mais la gloire l’attend, le 8 février 1964 : Jean Piat interprète le rôle de Cyrano de Bergerac, qu’il reprendra près de 40o fois !
À la fin de ce périple, c’est le grand tournant, avec le Tournant, pièce de Françoise Dorin, qui marque son entrée dans le théâtre privé. Se remémorant le répertoire français, Jean Piat cite de nombreux extraits de ses grands rôles et, facétieusement, n’omet pas le monologue de Figaro dans le Mariage (Acte V, scène 3) : « Je broche une comédie dans les moeurs du sérail. Auteur espagnol, je crois pouvoir y fronder Mahomet sans scrupule : à l’instant un envoyé. de je ne sais où se plaint que j’offense dans mes vers la Sublime-Porte, la Perse, une partie, de la presqu’île de l’Inde, toute l’Egypte, les royaumes de Barca, de Tripoli, de Tunis, d’Alger et de Maroc : et voilà ma comédie flambée, pour plaire aux princes mahométans, dont pas un, je crois, ne sait lire, et qui nous meurtrissent l’omoplate, en nous disant : chiens de chrétiens… »
On ne saurait manquer ce moment de grâce teinté d’humour, soutenu par un modulé vocal inimitable. Une soirée en conversation avec un aristocrate des planches. •
Pièces d’Identité, de Jean Piat, mise en scène de Stéphane Hillel
Théâtre des Bouffes-Parisiens, 4, Rue Monsigny, Paris 2ème
Du vendredi au Samedi à 19h et le dimanche à 17h30 et certains jeudi selon disponibilités – Jusqu’au 30 avril 2016
Réservations : 01 42 96 92 42 (places : 19€/41€).
VERDU sur Éloquence : Tanguy à la tribune,…
“Il est bon !!”