Par Jean Sévillia.
Auteur de nombreux livres sur l’histoire du communisme, Thierry Wolton se demande comment cette idéologie a pu avoir tant d’adeptes.
« … La longue complicité, jamais vraiment reniée, entre la gauche intellectuelle et le marxisme. »
Le nazisme, englouti dans les ruines du IIIe Reich en 1945, ne cesse d’éveiller l’inspiration des historiens, des essayistes, des romanciers et des cinéastes, si bien que, chaque année, des dizaines de livres d’histoire, d’analyses philosophiques et d’œuvres de fiction continuent d’explorer la tragique aventure hitlérienne.
En revanche, le communisme, l’autre système totalitaire du XXe siècle, né avant le nazisme et toujours au pouvoir à Cuba, en Chine, au Vietnam, au Laos et en Corée du Nord, reste un sujet peu exploré. La raison fondamentale de cette incuriosité tient à la longue complicité, jamais vraiment reniée, entre la gauche intellectuelle et le marxisme, complicité qui laisse planer l’idée que les systèmes issus du modèle léniniste ont pu mal tourner, mais qu’ils procédaient au départ d’une intention juste et généreuse. Par conséquent, dénoncer le communisme reviendrait, pour la gauche, à tourner le dos à une part de sa propre histoire, ce que bien peu sont disposés à faire. Il faut se rappeler à cet égard la réprobation que suscita chez les beaux esprits progressistes, en 1997, la parution du Livre noir du communisme.
Écrivain et journaliste, auteur de nombreux ouvrages sur les pays communistes, Thierry Wolton a notamment publié une monumentale en trois volumes déclinés sur les thèmes des « bourreaux », des « victimes » et des « complices » (Grasset, 2015-2017).
L’historien clôt ce cycle par un essai où il expose comment s’est formée cette idéologie, pourquoi elle s’est imposée si vite dans tant de nations différentes, et pourquoi elle a exercé un tel pouvoir d’attraction, à peine contrarié par les échecs répétés du système.
Comment les meilleures intentions peuvent-elles aboutir aux pires tourments ? Cherchant à répondre à cette question, Wolton se demande s’il est possible, aujourd’hui, de porter un jugement définitif sur le communisme. Pas encore, regrette-t-il, estimant qu’il faut attendre la fin de tous les régimes se réclamant de cette doctrine et la disparition de tous les tenants de celle-ci pour considérer le phénomène dans sa vérité : « Le pire des systèmes politiques jamais inventé. » Alors viendra, pour le communisme, la chute finale. ■
Jean Sévillia
www.jeansevillia.com
Penser le communisme, de Thierry Wolton, Grasset, 282 p., 20,90 €.
Le Figaro Magazine – vendredi 22 octobre 2021
La force du communisme fut de tromper , longtemps , nombre d’esprits faibles, ça me rappelle une histoire: BREJNEV réunit ses proches collaborateurs et leur dit: je me suis promené discrètement dans Moscou et j’ai entendu de nombreuses critiques sur notre régime politique bien aimé, alors avez vous des suggestions pour calmer le peuple. Un jeune dirigeant propose: camarade offrons leur du strip tease, symbole de la décadence bourgeoise, qui abêtit les foules et les rend plus faciles à diriger, Brejnev donne son accord.
Un mois plus tard, Brejnev qui s’est de nouveau promené incognito, apostrophe furieusement celui qui lui avait déclaré avoir la solution, l’homme apeuré craignant un aller simple pour la Sibérie s’écrie alors: je t’assure camarade, j’ai pris les meilleures artistes, elles ont TOUTES la carte du parti depuis plus de 50 ans, c’est ça aussi le communisme
La force du communisme est d’avoir été une contre-Église, un projet à qui on pouvait adhérer corps et âme et qui pouvait ainsi donner une force incroyable. Être communiste en France, au début des années 50, c’est être aux côtés. de gransds savants (Joliot-Curie), de grands philosophes (Politzer), de grands écrivains (Aragon), de grands acteurs (Philipe). F’être dans le « vent de l’Histoire » et s’y sentir bien.
Un très beau livre hagiographique sur cette période s’appelle « Maurice Thorez, ou le bonheur d’être communiste » ; ce qu’il faut retenir de ce titre, c’est le mot « bonheur ». Il y a une belle quantité de films qui montrent des militants avec la bonne gueule que devaient avoir les premiers chrétiens : rien de sombre, de noir, de glaçant, comme dans le nazisme : la tranquille espérance des lendemains qui chantent.
Le communisme fera toujours rêver…