Les Lundis.
Par Louis-Joseph Delanglade*.
Quand il est élu président de la République en mai 2017, M. Macron fait jouer l’Ode à la joie, « hymne » de l’Union européenne, dans la Cour carrée du Louvre. Tout un symbole.
Quand Mme Merkel quitte la scène politique, en cette année 2021, M. Macron l’invite à Beaune, plaçant leur « couple » dans la lignée du duo Mitterrand-Kohl qui avait tenu dans cette même ville les 1er et 2 juin 1993 le 61ème sommet franco-allemand, sommet destiné à conforter la funeste aventure du traité de Maastricht signé le 7 février de l’année précédente.
Le chef de l’Etat, manifestement fasciné par le mirage européiste, a tenu à célébrer, féliciter, remercier, congratuler Mme Merkel, sa « chère Angela », moins comme celle qui fut chancelière d’un pays ami et allié mais plutôt et surtout comme incarnation de ce qu’il appelle de manière ambiguë « notre Europe » – oubliant qu’il s’agit de la seule U.E. C’est que, vu de France, il ne fait aucun doute qu’Allemagne et Union européenne c’est bonnet blanc et blanc bonnet.
Le 26 septembre 2017, M. Macron présente à la Sorbonne son « initiative pour une Europe souveraine, unie et démocratique ». Quatre ans après, on aimerait que, par simple honnêteté intellectuelle, il reconnaisse avoir été démenti par la réalité. Souveraine, l’U.E. ne l’est nullement, sans doute parce qu’elle n’a pas vocation à l’être : l’épisode du Brexit a bien démontré que chaque Etat de cette Union, s’il en a la volonté, garde encore la main.
Unie, l’U.E. l’est surtout en apparence mais elle reste profondément divisée entre nord et sud, riches et moins riches, libéraux et illibéraux, membres historiques et rescapés du bloc de l’Est, etc. Enfin, si l’on entend par « démocratique » le respect de la souveraineté populaire, l’U.E. persévère dans sa prétention d’avoir le dernier mot contre les gouvernements de certains Etats membres en principe légitimés par un vote populaire mais discordant.
Le 22 janvier 2019 est signé dans la capitale carolingienne d’Aix-la-Chapelle un traité « sur la coopération et l’intégration franco-allemandes », processus qui devait servir de matrice à une véritable « européanisation » socio-économique, politique, diplomatique, militaire même : la France et l’Allemagne allaient donner l’exemple en conjuguant la puissance financière et économique de celle-ci et les quelques points forts de celle-là, notamment dans les domaines militaire et géopolitique. Or, on voit bien où est l’intérêt d’une Allemagne qui a peu à perdre et beaucoup à gagner et le risque pour la France de gagner peu et perdre beaucoup – qu’il s’agisse des ambiguïtés allemandes relatives à l’« européanisation » du siège de la France au Conseil de sécurité des Nations unies, des prétentions allemandes concernant les projets communs d’avion et de char de combat du futur (transferts de technologie par la France, direction des projets), de l’hostilité allemande au nucléaire français, etc. Certains feront valoir ce fameux « plan de relance » de l’U.E. rendu possible par le cautionnement de l’Allemagne. Mais ce n’est pas un cadeau : il semble bien en effet qu’in fine, l’emprunt nécessaire devant bien être financé par les Etats eux-mêmes collectivement solidaires, la France devra participer pour une quote-part très supérieure à la somme reçue.
Sans doute pour fêter cette européanisation léonine, M. Macron a décoré Mme Merkel de la grand-croix de la Légion d’honneur (banal) et (mieux) lui a fait servir à table, si l’on en croit le menu officiel, « du saint-aubin 1er cru 2015 Le Charmois du domaine Picard et du nuits-saint-georges premier cru 2014 du domaine Gavignet ». Courbettes de vassal. ■
** Agrégé de Lettres Modernes.
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© JSF – Peut être repris à condition de citer la source.
Le docteur Servier avait lui aussi été décoré de la Grand Croix de la Légion d’Honneur; malgré ses turpitudes dont l’aboutissement fut le Mediator, il avait au moins servi l’industrie française alors que madame Merkel a contribué fortement à son déclin, transfert d ‘Airbus et d’Ariane 5 entre autres.
Quand nos politiques ne sont pas les vassaux de l’Amérique ils le sont de l’Allemagne, les deux se rejoignant d’ailleurs.
Il faudra que le Prince quand il régnera rétablisse l’Ordre de Saint Louis, la Légion d’Honneur sera réservée aux saltimbanques et aux mercenaires du sport
Excellent article que j’approuve totalement. L’Europe, telle qu’elle fut faite est un « mirage », une aberration politique et un funeste mythe. S’agissant des remises de décoration, on est pas chien dans notre pays pour fourvoyer la Légion d’honneur remise parfois à des dictateurs les plus sanguinaires (le roi d’Arabie Saoudite par l’inénarrable Hollande) et autres caciques malfaisants. Seule, la Médaille militaire est un inviolable. Le roitelet en place poursuit la tradition des « lèche-bottes.