VUE DE KHOURIBGA – 1946
Par Péroncel-Hugoz
Notre confrère Peroncel-Hugoz, longtemps correspondant du Monde dans l’aire arabe, a publié plusieurs essais sur l’Islam, et il travaille maintenant à Casablanca pour le 360, l’un des principaux titres de la presse francophone en ligne au Royaume chérifien. Il tient aussi son Journal d’un royaliste français au Maroc, dont la Nouvelle Revue Universelle a déjà donné des extraits. Nous en faisons autant, depuis janvier 2016, en publiant chaque semaine, généralement le jeudi, des passages inédits de ce Journal. LFAR •
JANVIER 2011, SCENES DU « MAROC D’EN-BAS » EN PROVINCE
Mon auto à l’ombre sous un mimosa (sans odeur, contrairement à ceux de Nice, pourtant tous venus d’Australie mais, comme pour le vin, c’est le terroir qui donne le goût) plein d’oiseaux en rut, j’attends quelqu’un près de la gare de Khouribga, opulente et austère capitale, depuis le Protectorat, de l’Office chérifien des phosphates, principale richesse du sous-sol marocain. A quelques mètres de mon poste d’observation, une noria de taxis dépose des voyageurs, souvent avec une avalanche de bagages, femmes empaquetées, enfants accrochés à leurs robes, et c’est la ruée violente, à chaque arrivée, des porteurs « clandestins », jeunes ou moins jeunes, qui se précipitent sur les paquets, proposent des tickets de car préachetés, tout ça pour un ou deux dirhams de bakchich. Et ça se bat, ça s’insulte, ça s’arrache les bagages des voyageurs, lesquels souvent peu soucieux de sortir un ou deux dirhams de leur poche ou de leur « choukara » (1) arrachent à leur tour leurs bagages déjà aux mains des porteurs. La foire d’empoigne ! La lutte pour soutirer les quelques sous qui permettront à ces jeunes gens, à ces hommes de manger un sandwich aux frites ou à la vache-qui-rit… •
(1) CHOUKARA : sacoche de cuir traditionnelle, apanage des hommes dans le bled marocain, qui la portent en bandoulière, rejetée sur la hanche.
Paul Leonetti sur 2024 : Le taureau par la…
“De Gaulle détestait les magistrats à juste titre. L’épuration de la magistrature à la Libération a…”