Les Lundis.
Par Louis-Joseph Delanglade*.
« Or, on n’en fera jamais assez aux yeux des jusqu’au-boutistes no border ou même du pape. »
La France vient encore de subir un camouflet puisqu’elle a été explicitement désignée comme responsable en grande partie de la noyade tragique de vingt-sept migrants. En effet, alors que la consternation était générale et que les autorités françaises, tout en battant mimétiquement leur coulpe, ne faisaient que reconnaître un peu plus leur impuissance, M. Johnson a immédiatement saisi l’occasion de leur demander de reprendre les migrants arrivés illégalement en Angleterre depuis les côtes françaises, affirmant que cela contribuerait à tarir les traversées et argüant d’accords du même ordre conclus par l’Union européenne avec la Biélorussie. Il y a certes de la mauvaise foi dans les propos de M. Johnson, sans doute poussé par une opinion publique qui pense volontiers que « la France veut punir [les Anglais] du Brexit » (Robert Tombs, L’Opinion, 12 octobre 2021). Mais, qu’il s’agisse d’une « bonne leçon » ou d’un simple « coup de com », nous voici en tout cas renvoyés à nos faiblesses et inconséquences, comme en témoignent suffisamment la réaction indignée voire exaspérée de MM. Macron et Attal.
La France commet d’abord l’erreur de traiter le problème des migrants, en général, et singulièrement ceux du Calaisis, de façon bureaucratique. On prétend gérer une situation de fait. Toutefois, voici quelques décennies qu’on ne s’en donne pas les moyens, bien au contraire, rendant paradoxalement la chose très difficile si ce n’est impossible. Rappelons ici deux dates : 1995, la France entre dans « l’espace Schengen », ce qui a pour conséquence de faire d’elle un pays de transit pour les migrants candidats à la traversée de la Manche ; 2003, la France signe le traité du Touquet qui lui confère la responsabilité du contrôle de la frontière britannique contre quelques millions d’euros. Résultat : la situation est ingérable. La responsabilité de M. Macron est engagée dans la mesure où il ne fait pas mine de vouloir en sortir. Pour BoJo, c’est plus facile : la Grande-Bretagne est une île, jamais concernée par Schengen et signataire à son avantage du traité du Touquet.
A cela s’ajoute que, conformément à l’idéologie dominante, chez nous et ailleurs, le principe même de la migration d’êtres humains, telle que nous la connaissons et la subissons aujourd’hui, paraît légitime. Au nom de grands idéaux « humanistes », on reconnaît à des populations entières un véritable droit à cette migration, droit qui les exonère de tous les manquements au droit commun le plus élémentaire. Une propagande euro-humanitaire entretient en Afrique et au Proche-Orient le mirage d’un paradis sur terre pour la jouissance duquel il suffit de se donner la peine d’entrer. Il est avéré que tout migrant qui met le pied sur le sol de l’U.E., et singulièrement de la France, est ipso facto éligible à une quantité de droits et d’aides – dont le coût doit être suffisamment élevé pour qu’on se garde bien de le faire connaître. Or, on n’en fera jamais assez aux yeux des jusqu’au-boutistes no border ou même du pape : pour celui-ci nous en avons le devoir et sans doute les moyens, pour ceux-là nous en avons les moyens et bien entendu le devoir. Le devoir ? Les moyens ? Voire !
Se met alors en place le processus qui relie solidairement idéologues, passeurs, migrants, humanitaires, jusqu’aux autorités elles-mêmes toujours enclines au laxisme le plus grand. Les rares ratés (ainsi dans l’affaire biélorusse) sont autant de divines surprises. De passage à Rome la semaine dernière, M. Macron a tenu des propos qui frisent l’incohérence : « On doit accueillir, c’est l’asile constitutionnel […] En revanche, accueillir tout le monde n’est pas soutenable […] » (La Croix, jeudi 25). Il a bien mérité le camouflet de BoJo. ■
** Agrégé de Lettres Modernes.
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© JSF – Peut être repris à condition de citer la source.
Je comprends très bien la réaction de Boris JOHNSON, alors faisons de même et réexpédions les clandestins ( appelés réfugiés par une presse pourrie) vers l’Italie, l’Espagne QUI LES ONT LAISSE ENTRER!!!!!!!!!
De même le Royaume Uni ( l’Angleterre) doit CESSER de les attirer, pas de carte d’identité, donc pas de contrôle , d’où le formidable attrait qu’il provoque et quand, cerise sur le gâteau, le Maire de LONDRES ne s’appelle pas JOHNSON, SMITH, PITT, mai Sadiq KHAN, alors les migrants se croient chez eux