Les Lundis.
Par Louis-Joseph Delanglade*.
[Article rédigé avant le meeting de Villepinte].
Eric Zemmour s’est donc déclaré candidat. Pourra-t-il aller jusqu’au bout ? Au vu des réactions très violentes de certains, il n’est pas sûr qu’il obtienne les cinq cents parrainages nécessaires ni même que son intégrité physique soit préservée. C’est assez dire que sa vidéo du 30 novembre n’a pas laissé indifférent.
On pouvait s’y attendre mais, quand même, que de critiques sur ce qui a été donné à voir et à entendre par le candidat Zemmour ! Trop long, trop émaillé de références historiques et littéraires, trop éloigné des standards de la communication. Certains ont dénoncé une posture gaullienne trop affectée, d’autres une imitation déplacée du film Le Discours d’un roi (même mise en scène, même musique). Les plus érudits ont noté dans son texte des renvois clairs à Péguy (qui écrivait dans Notre jeunesse : « il faut toujours […] voir ce que l’on voit. ») ou à Roland Jaccard (l’auteur de L’exil intérieur) ; les plus attentifs ont même remarqué cette icône chrétienne dans la bibliothèque ou ce livre de Pascal Quignard (Le sexe et l’effroi) sur la table basse.
Tous ces reproches (liste non exhaustive) prouvent deux choses : la première, que son intervention a été passée au crible de la critique la plus sévère, voire la plus hostile, pour y débusquer tout ce qui pourrait se retourner contre lui, parce qu’il dérange tout le monde, qu’il est bien ce « grand perturbateur » dont nous parlions ici même (JSF, 4 octobre) ; la seconde, qu’Eric Zemmour a joué franc-jeu, sans chercher à dissimuler mais au contraire en s’affichant en pleine lumière. Que n’aurait-on entendu s’il avait proposé une intervention plus normée, plus lissée ? Mise en scène, bien entendu, mais mise en scène d’Eric Zemmour « tel qu’en lui-même », c’est-à-dire tel que ne l’est aucun(e) des politicien(ne)s en lice pour la présidentielle.
Son message, et c’est le principal, présente de plus cette qualité, d’être d’une grande simplicité : seul un sursaut existentiel permettra à la France d’en finir avec les forces de mort qui la menacent. Evidemment, pour un pays auquel on instille depuis des décennies les niaiseries et contre-vérités de la mondialisation heureuse et du nécessaire renoncement dans l’Union européenne, les images choisies par Eric Zemmour ont quelque chose d’anxiogène.
Et, bien entendu, les hyènes médiatiques se sont immédiatement manifestées, comme Gilles Bouleau qui ne s’est pas grandi en faisant preuve d’une grossière malveillance à l’égard de son « invité » (TF1, journal télévisé, mardi 30).
En fin de compte, le plus intéressant réside dans la réaction virulente provoquée par les derniers mots d’Eric Zemmour : « Vive la république et surtout vive la France ! ». Tel un serpent sur la queue duquel on aurait marché, Thomas Legrand a réagi le soir même (LCI, « 24h Pujadas ») et le lendemain matin dans son éditorial (France Inter, « Le 7/9 ») : « Hiérarchiser la France et la République (avec ce « et surtout ») […], c’est un ultrason maurrassien, anti-républicain, un clin d’œil anti-gueuse, qui veut dire que les valeurs républicaines sont secondaires, accessoires. »
Alexis Corbière, au nom de La France Insoumise, a le mérite de poser l’opposition politique fondamentale : « Je suis français et amoureux de ce pays parce que c’est le pays de la Révolution et de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Et donc je suis républicain. Si la France n’est pas républicaine, elle a peu d’intérêt à mes yeux. Nous sommes un pays politique dans lequel, quels que soient le lieu dont vous venez, la couleur de votre peau, vos convictions spirituelles, nous pouvons vivre ensemble sur la base d’un pacte politique. » (France Inter, « Le 7/9 », 2 décembre).
La France est autre chose et, fort heureusement, bien plus et bien mieux qu’un simple contrat. Il fallait que ce fût dit (rappelé, préciseront certains) : ce petit adverbe, « surtout », fait toute la différence. ■
** Agrégé de Lettres Modernes.
Retrouvez les Lundis précédents de Louis-Joseph Delanglade.
© JSF – Peut être repris à condition de citer la source.
Même un « alter mondialiste » Denis Sieffert se pose la question de la République, un « signifiant flottant » !
« la salut ne viendra pas des urnes »
« Il est illusoire d’attendre un changement de cap des autorités politiques corrompues en place »
« Les appareils politiques d’État sont parfaitement verrouillés par les tenants de l’ordre établi « ,
« Les maîtres de l’empire décadent ne laisseront jamais s’installer un pouvoir alternatif sorti des urnes au sein de leur zone d’influence sans réagir . Aucune force politique alternative des différents pays ne permet en l’état d’envisager l’avènement d’un contre-pouvoir suffisamment solide »
« depuis plusieurs années, la référence à la république se trouve au coeur du débat public en France. »
« Comme si ce seul mot suffisait à fixer les contours de notre société, à déterminer l’identité politique, économique, sociale et culturelle de notre pays. mais quelle est donc cette république ? en existe-t-il une définition seule et unique ? et qui en décide ? engagé dans ce débat aux nombreuses facettes, il convient de revisiter ce mot devenu quelque peu « magique » en parcourant l’histoire de cette république » une et indivisible », et cependant multiple.’
« Il ressort de son analyse que la république est un » signifiant flottant » qui a eu, de Condorcet à Robespierre, de Thiers à Gambetta, et de Waldeck-Rousseau à Léon Bourgeois, plusieurs significations, des plus progressistes aux plus réactionnaires. l’idée républicaine conserve-t-elle aujourd’hui une forme de pertinence politique et à quelles conditions ? peut-on concevoir une république qui puisse intégrer notamment les acquis du libéralisme politique et de la pensée écologique ? et, si oui, de quelle république s’agit-il alors ? ». ( fin de citation)
« La droite a gagné les élections. La gauche a gagné les élections. Quand est-ce que ce sera la France qui gagnera les élections ? » Coluche.
La propagande républicaine est contre productive. A force d’entendre seriner à longueur de journée « les valeurs de la république » on finit comme pour les publicités par fuir tout ce qui s’y rapporte.
Quant un candidat nous parle -enfin- de la France , on sait de quoi il parle c’est nouveau langage qui nous rappelle notre jeunesse ..alors en réponse quand le président du Sénat monsieur L’archer martèle qu’il « ne partage aucune des valeurs de mr Zemmour ( sic ) » on se pose des questions sur sa fonction et on lui tourne le dos.
Normal : pour des notables , genre Larcher , la république c’est « par ici la bonne soupe ! »