Par Bernard Lugan.
Dans le dernier numéro de L’Afrique Réelle de l’année 2021, trois dossiers d’actualité sont traités.
1. En Afrique du Sud
Les élections municipales qui se sont déroulées le lundi 1er novembre 2021 ont marqué à la fois la fin de la domination absolue de l’ANC sur la scène politique du pays, et l’émergence de nouvelles forces ethniques ou catégorielles. Certes, l’ANC reste le premier parti, mais son déclin s’accélère car il passe de quasiment 70% des voix en 2011 à 46% en 2021.
Le parti de Nelson Mandela paie le prix de ses prévarications, de sa gestion calamiteuse, de son incapacité à assurer la sécurité, et des luttes internes entre ses factions affairistes, clientélistes, ethniques et racialistes.
2. Entre l’Algérie et le Maroc, la crise s’exacerbe chaque jour un peu plus sur fond de course aux armements.
Alors que le Maroc se tient sur la réserve, l’Algérie souffle sur le feu. Après avoir unilatéralement rompu ses relations diplomatiques avec le Maroc, puis après avoir interdit son espace aérien aux avions civils marocains et mis un terme au projet de gazoduc à destination de l’Espagne transitant par le Maroc, le discours guerrier algérien est encore monté d’un niveau après la destruction de deux camions algériens par un drone marocain.
Que cherche donc Alger en jouant aussi dangereusement avec le feu ?
La réponse est claire : l’Algérie est économiquement en faillite et politiquement au bord du précipice avec une jeunesse qui n’a plus qu’un seul espoir, la migration vers l’Europe… Quant à l’armée dont 30 généraux sont ou ont été emprisonnés, elle est divisée en clans qui se haïssent.
Le « Système » est donc aux abois et c’est pour retarder l’inévitable implosion qu’il s’est engagé dans une fuite en avant nationaliste qui lui sert de stratégie de survie.
3. En Ethiopie
En raison des apparentements ethniques transfrontaliers, la guerre qui oppose actuellement l’armée éthiopienne aux sécessionnistes du Tigré, rejoints par plusieurs forces ethniques opposées au gouvernement central est une menace gravissime pour la stabilité de toute la Corne.
Le fond du problème, et les abonnés à l’Afrique Réelle le savent, est que les Tigréens qui sont à l’origine de l’Ethiopie, et qui, en 1991 ont sauvé le pays, n’acceptent pas l’ethno-mathématique électorale qui les condamne à se trouver sous la tutelle de leurs anciens vassaux au seul motif que ces derniers sont électoralement plus nombreux qu’eux.
Comme partout ailleurs en Afrique, le système démocratique occidentalo-centré du « one man, one vote » a donc débouché sur le chaos.
Un chaos amplifié par l’intransigeance guerrière du Premier ministre Abiy Ahmed… prix Nobel de la Paix 2019… ■
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