PAR MATHIEU BOCK-CÔTÉ.
Cette chronique est parue dans Le Figaro de ce samedi 11 décembre. Mathieu Bock-Côté y poursuit son travail de « déconstruction » d’une certaine « modernité », ou modernité tout court, qui n’est, selon nous, que le développement ultime de l’idéologie révolutionnaire. Nous pensons, comme Pierre Boutang que de cette modernité et des sociétés ou dis-sociétés qu’elle engendre rien, à proprement parler, n’est à « conserver » et que seule une « révolution » pour « restaurer l’ordre légitime et profond » pourra comme le voulait Maurras « inverser la mécanique de nos malheurs ». C’est ce que pense aussi Patrick Buisson. Nous ne sommes plus du tout seuls dans cet espace de la meilleure des « réactions ». Nous n’avons rien d’autre d’important à rajouter si ce n’est pour saluer le prodigieux travail quotidien de Mathieu Bock-Côté, sur C News et ailleurs.
La gauche idéologique continue de faire de misérables listes de mal-pensants et de mauvais penseurs, pour les rappeler à l’ordre
On commémorera dans quelques jours les 30 ans de la chute de l’URSS, dans une indifférence aussi générale que révélatrice. Alors qu’on ne cesse, à l’Ouest, de guetter toujours la renaissance du fascisme, quitte à se mobiliser contre son fantôme ou d’y assimiler des hommes n’ayant rien à voir avec lui, on semble croire que le communisme, lui, est disparu sans laisser de traces.
Dans la mémoire occidentale, il ne reste plus qu’un mauvais souvenir. On se souvient bien de Staline, de Soljenitsyne au goulag, et de la chute du Mur, mais tout cela est pour de bon classé dans l’histoire ancienne. Ce qui n’empêche pas quelques nostalgiques, peut-être plus nombreux qu’on ne le pense, de confesser quelques tendresses pour un empire qui, de leur point de vue, était porteur d’équilibre à l’échelle mondiale.
Mais l’histoire du communisme n’est pas exclusivement soviétique. À l’Ouest, au fil des décennies, ils furent nombreux, chez les intellectuels qui y adhéraient, à suivre la migration de l’utopie communiste de Moscou à La Havane, à Pékin, à Belgrade, à Tirana, et même à Phnom Penh. Toujours le rêve devait renaître, chaque fois lavé de ses péchés et de ses crimes, qui incomberaient d’abord aux hommes ayant mal compris et mal appliqué cette splendide théorie.
Les penseurs libéraux en ont tiré une observation: il y a chez les intellectuels, et plus particulièrement, chez les intellectuels de gauche, une étrange fascination pour la tyrannie, ou du moins, pour les régimes idéocratiques prétendant reconstruire et rééduquer l’humanité, d’autant qu’ils ont souvent tendance à les transformer en ingénieurs des âmes, et même, en sculpteurs de l’homme nouveau. On peut comprendre ainsi leur sympathie affichée, aujourd’hui, pour tout ce qui relève de la transidentité, qui leur promet à nouveau de jouer le rôle de démiurges.
Mais l’essentiel est peut-être ailleurs, dans l’héritage invisible du marxisme au sein de l’intelligentsia occidentale. Si on en trouve moins qu’avant pour s’en réclamer, bien qu’il soit encore associé à un certain chic académique, il aura profondément transformé les structures mentales du monde intellectuel, et même, de la vie publique en général. On pourrait écrire l’histoire intellectuelle des années 1950 aux années présentes, en Occident, comme une quête toujours reprise de la révolution, qui changeait d’objet, mais qui demeurait emportée par le même élan.
Du marxisme aux différentes nuances de post-marxisme et de néoprogressisme, qu’il soit féministe ou racialiste, la gauche idéologique continue d’aborder le monde de la même manière. Pour elle, le mal s’incarne dans une catégorie identifiée et un système social. Il faut abattre la première et renverser le second. C’était hier le bourgeois et le capitalisme, c’est aujourd’hui l’homme blanc et l’Occident. Quant au sujet révolutionnaire, ce n’est plus, depuis longtemps, la classe ouvrière, mais la figure du minoritaire, qui l’incarne.
Milan Kundera, très justement, a déjà noté que l’héritage le plus vif du totalitarisme, dans le monde occidental, était probablement l’esprit de procès. Ne domine-t-il pas encore la vie publique, avec ses accusations de déviationnisme idéologique, qui reviennent en boucle, comme on le voit quand de petits commissaires politiques qui se prennent pour des journalistes habités par une tentation délatrice traquent les intellectuels qui ne se soumettent pas à leur orthodoxie. Comme hier, on les accusait de complicité contre-révolutionnaire, on les accuse aujourd’hui d’entrer en dissidence contre le régime diversitaire, qui hérite, institutionnellement, en Occident, de cette nouvelle tentation totalitaire. La gauche idéologique continue de faire de misérables listes de mal-pensants et de mauvais penseurs, pour les rappeler à l’ordre. Tel est le fil d’Ariane du journalisme de contrôle idéologique, qui nous conduit toujours sur de mauvais chemins.
On y revient: le communisme a ravagé les pays de l’Est mais ils sont parvenus à s’en débarrasser. L’expérience totalitaire est toujours désastreuse. Mais à l’Ouest, le néoprogressisme poursuit son œuvre, sans qu’on ne s’en aperçoive, comme sila chute de l’URSS avait permis de clore à jamais cette histoire. Naturellement, on se gardera de tout amalgame.
Mais certains rapprochements historiques sont saisissants : psychiatrisation du désaccord, séparation des hommes entre ceux qui ont eu la révélation du monde nouveau, et les traînards de l’arrière qui tardent à s’y rallier, ou qui, pire encore, refusent de s’y convertir, logique de purge à l’intérieur du camp progressiste qui semble incapable de ne pas se radicaliser. Il suffit ainsi, aujourd’hui, de confesser quelques réserves devant les revendications sociétales nouvelles pour basculer à l’extrême droite. Comme si, finalement, le totalitarisme était la tentation maléfique de la modernité, et qu’elle nous hantait encore. ■
Mathieu Bock-Côté
Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l’auteur d’Exercices politiques (éd. VLB, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (éd. Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (éd. Boréal, 2007). Ses derniers livres : Le multiculturalisme comme religion politique, aux éditions du Cerf [2016] – le Le Nouveau Régime (Boréal, 2017) – Et La Révolution racialiste et autres virus idéologiques, Presses de la Cité, avril 2021, 240 p., 20 €.
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En toute humilité je ne comprends pas pourquoi un nouveau parti politique dénommé » national-socialisme », s’inspirant directement des théories d’Hitler, serait le mal venu, dans la cohorte malsaine des idéologies de tout poil, et aussitôt pourchassé, interdit, vilipendé à juste raison, et que bon an mal an, un parti dit » communiste » cette fois, trimbale misérablement ses quelques pour cent de nostalgiques, d’une abomination stalinienne, qui a torturé les corps et les âmes de dizaines de millions d’êtres humains, sans que personne ne songe, plutôt que de déboulonner certaines statues qui ont pourtant le mérite de nous remettre souvent en mémoire un glorieux passé, à déboulonner cet infame mot de » communiste », qui ne charrie avec lui, que le souvenir de la mort, de la haine et de l’obscurantisme. Je vous le dis tout net, il reste dans les structures de ce parti, d’authentiques staliniens, qui n’ont pour bannière que l’adjectif « camarade » , qui donne le frisson lorsque l’on pense à ce qu’il recouvre en l’occurrence. Pensez à projeter à vos enfants , l’excellent film « l’aveu » de Costa Gavras, qui mieux qu’un long discours montrera aux jeunes générations l’aberration qu’il y a, à laisser vivre, du moins dans sa désignation « le communisme » dans notre démocratie, qui souffre avec la liberté d’expression, de ces « antifas », d’une gauche avariée, qui utilise les procédés nauséabonds des apparatchiks d’un autre temps, qui avec les » néo-nazis » d’outre Rhin, refuse de rendre les armes.
Pourquoi refuser un nouveau National Socialisme version Hitler, version Nazie ?
Comment peut on oser cette question ???
6 millions de Juifs exterminés car juifs!!!! Cela ne vous suffit pas ???
Je suis particulièrement concerné par le dernier paragraphe de la chronique de Mathieu Bock-Coté car cela correspond très exactement au discours tenu par le gouvernement et la presse aux ordres à l’encontre de ceux qui refusent le monde nouveau des injections géniques à répétition et qui confessent leurs réserves devant l’épouvantable gestion de la crise du Covid.
Bonjour. Je partage tout à fait votre écrit. Nous pouvons voir aujourd’hui pour ceux qui ont les yeux ouverts une similitude de tous ces politiques dignes du NSDAP. On peut se souvenir que le premier président de la commission européenne était un ancien du parti nazi Walter Hallstein mis en place par les américains. Mais cela n’est qu’un détail!!! Quelle différence avec l’idéologie de Ursula Van Der Leyen qui oeuvre pour la tyrannie et la dictature avec notre gouvernement, médias et autres collabos de dégénérés a qui l’on a donné un peu de pouvoir et qui de comportent en psychopathes pervers narcissiques.
la querelle autour du terme « National socialiste » devenu automatiquement repoussant vient de l’oubli de la dimension totalement raciste chez Hitler ce qui a fait son succés immédiat et son echec in fine. Son succés car il prônait : » / Le germanisme au-dessus de tout et 2/ Tout est la faute des Juifs », ce qui plaisait au peuple allemand qui ne comprenait pas sa défaite de 1918 et cherchait un bouc emissaire. Son échec car son racisme lui a fait commettre des erreurs énormes. Exemple: il a fait fuir aux USA les physiciens juifs de haut niveau qui lui auraient assuré la suprématie en recherche atomique, il a refusé le concours de l’Armée Vlassov car il voulait qu ce soit des germains qui entrent dans Moscou les premiers, il haissait la France car il l’estimait vendue aux Juifs et lui reprochait d’avoir utilisé en 14-18 des Noirs contre les Aryens. D’où son attaque prématurée en mai 1940 , alors qu’il lui suffisait d’attendre que l’Europe, lassée par le Bolchevisme, lui tombe comme un fruit mûr.
Le « National’-Socialisme » reste la formule magique pour atteindre le Pouvoir actuellement . C’est ce que les Socialistes ont oublié, en abandonnant la phrase de Jaurés: » « A celui qui n’a rien, la Patrie est son seul bien », c’est à dire en lachant sa base électorale. C’est la formule de De Gaulle en 1945, en nationalisant à tour de bras, en donnant la Presse et sa diffusion à la gauche, en marxisant l’Education nationale, etc…tout en tenant un discours nationaliste pure condamnant les » séparatistes » qui n’ont pas le coeur à gauche mais à Moscou et en magnifiant notre Empire colonial, alors qu’il le larguera allégrement 13 ans après.
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