Ni les académiciens français, ni les prix Nobel de littérature n’impressionnent la mouvance Médiapart, Libération, le Monde et autres divers instituts ou fondations de la même veine. Tout au contraire : ils sont des cibles lorsqu’ils sont dissidents de la pensée unique qu’incarnent ces médias, chercheurs, universitaires, etc. Témoin : cette charge contre Mario Vargas Llosa à l’occasion de son élection académique, charge dont Le Figaro se fait ici assez mollement l’écho, à notre avis. (10.12.2021). Nous laisserons de côté le libéralisme de Mario Vargas Llosa, dont nous il faudrait examiner la définition, et, de même ses engagements sud-américains, dans des contextes fort compliqués. Nous savons, en revanche, qu’il s’est fortement impliqué, en Europe, pour l’unité de l’Espagne et contre l’indépendantisme catalan. Pour aujourd’hui et pour demain, cela nous suffira. L’avenir de l’Europe, celui de la France, voilà bien plutôt notre affaire.
Un collectif d’universitaires a signé jeudi une tribune dans Libération afin de dénoncer l’«anticommunisme fervent» et les «prises de position extrémistes» du prix Nobel de littérature entré le mois dernier à l’Académie française. Il lui reproche son soutien à José Antonio Kast, candidat d’une droite radicale à la présidentielle chilienne.
L’entrée de Mario Vargas Llosa à l’Académie française aurait été ni plus ni moins qu’une «erreur, voire une faute» des Immortels. Voilà l’amer constat dressé par une tribune publiée jeudi dans les pages de Libération , quelques jours après le soutien apporté par l’écrivain péruvien à José Antonio Kast, le candidat conservateur à l’élection présidentielle du Chili. Cet engagement s’inscrit dans une longue suite de prises de position dérangeantes du prix Nobel 2010 de littérature, observe un collectif de professeurs et de chercheurs universitaires, en s’indignant «avec stupéfaction» de l’indifférence apparente de l’Académie pour le sujet, un mois après sa réception au fauteuil de Michel Serres.
«Cette élection pose de graves problèmes éthiques», ont souligné les signataires de la tribune parmi lesquels se trouvent le linguiste César Itier, la géographe Evelyne Mesclier, les anthropologues Valérie Robin Azevedo et Pablo del Valle, ainsi que l’historienne Sylvie Taussig. Le soutien politique accordé par Mario Vargas Llosa à plusieurs figures de la droite radicale, voire extrême, en Amérique latine, incommode ainsi les chercheurs qui étrillent son «anticommunisme fervent» et son «ultralibéralisme économique».
Des « prises de position extrémistes »
Soutien successif du président colombien radical Iván Duque, de la sulfureuse candidate à l’élection présidentielle péruvienne Keiko Fujimori, complaisant vis-à-vis du souvenir du régime de Pinochet, au chili, et proche de cercles franquistes en Espagne, l’écrivain aujourd’hui âgé de 85 ans fait ainsi un étrange Immortel, notent les signataires de la tribune. «Peut-être l’Académie a-t-elle considéré que l’écrivain péruvien incarnait l’idéal de l’écrivain engagé issu des Lumières.» Surtout, son entrée sous la Coupole «ternit l’image de la France en Amérique latine où les prises de position extrémistes de Mario Vargas Llosa sont bien connues et suscitent depuis longtemps un fort rejet», estime le collectif.
Parmi les actions pointées du doigt par la tribune se trouvent les félicitations de l’écrivain adressées en septembre dernier à Iván Duque pour sa politique, plusieurs mois après la répression sanglante de manifestants colombiens qui a causé la mort de plus de 70 personnes et des centaines de blessés. Ou encore ses interventions enflammées en faveur de Keiko Fujimori et sa contestation des résultats de l’élection péruvienne de cet été, qui s’est soldée par la victoire du candidat de la gauche radicale, Pedro Castillo.
L’élection chilienne, dont le second tour est attendu le 19 décembre, risque ainsi «de légitimer des postures qui bafouent de fait les valeurs de la démocratie auxquelles la France souhaite pourtant se voir associée: liberté d’expression, acceptation des résultats des suffrages et droit de défendre une cause sans risquer d’y perdre la vie», poursuit la tribune. Sans oublier de rappeler l’évasion fiscale pratiquée par Mario Vargas Llosa et révélée lors des Panama puis des Pandora Papers, les chercheurs signataires de la tribune ont enfin rappelé le lobbying exercé par la Fundación Internacional para la Libertad (Fondation internationale pour la liberté, ou FIL), dont l’écrivain est président, en faveur de la «consolidation des réseaux de la droite et de l’extrême droite hispano-américaine».
Dans un entretien qu’il avait accordé en 2019 au Figaro, Mario Vargas Llosa s’enorgueillissait, au contraire, de ne «jamais séparer la politique de la morale». «C’est, je crois, la mission de l’écrivain, avait-il rappelé à l’époque, en se définissant comme un libéral. Il est bon de le rappeler aujourd’hui alors qu’on assiste à la montée en puissance un peu partout dans le monde non seulement des populismes et des nationalismes locaux, ces nouvelles formes d’égoïsme, mais des extrémismes de toutes sortes, qui parfois avancent masqués.» ■
La vilipendaison dont on peut-être la victime de la part de Libération ne serait pas, en définitive, un hommage !
L’Académie a élu un écrivain non?
Pourquoi ne parler que de politique ?
D’accord mais ce qui est inadmissible, c’est qu’il n’a jamais rien publié en français. ça devrait l’interdire d’Académie FRANçAISE. Il y a d’autres récompenses.