par Louis-Joseph Delanglade
Mépris, morgue, arrogance, condescendance, etc. : les mots ne manquent pas pour nommer l’attitude bien peu objective et presque hystérique de ce qu’il est convenu d’appeler, d’un terme bientôt péjoratif, les « élites » : nos élites, en l’occurrence, toutes engagées dans la même propagande de combat contre celui qui est pourtant devenu président des Etats-Unis. Dès lors, quelle satisfaction à voir et entendre ce mardi 8 novembre leurs cris, larmes et anathèmes. Mais ce petit plaisir bien légitime ne doit pas nous aveugler.
Beaucoup veulent croire que cette élection de M. Trump constitue une nouvelle manifestation – une de plus, mais d’une plus grande importance, après la montée des populismes européens et le choc du Brexit – de la « majorité silencieuse », laquelle se reconnaîtrait dans tout ce que l’idéologie mondialiste veut détruire : les frontières, les identités nationales, l’autorité de l’Etat. Si c’est vrai, tant mieux. De toute façon, il est déjà très positif qu’on puisse analyser la chose ainsi et réintroduire dans le débat ces mots et expressions qui font référence à des valeurs tangibles et non idéologiques.
Quoi qu’il ait pu dire et faire au cours de cette campagne, et même s’il se confirme qu’il est un peu atypique, M. Trump reste avant tout un Américain et, plus précisément, un président américain dans le système politique américain. Comme M. Obama, plutôt qu’une véritable révolution de la société et de la politique américaines, M. Trump va sans doute donner certaines impulsions aux conséquences cependant non négligeables. Doit donc nous préoccuper sur le plan politique moins ce qu’il fera ou pas pour les Américains (suppression de l’Obamacare, lutte contre l’immigration clandestine, politique de grands travaux…) que la nouvelle donne internationale qui pourrait résulter de son entrée à la Maison-Blanche.
Si l’on s’en tient à ses propos de campagne, propos malgré tout révélateurs, M. Trump serait protectionniste et isolationniste. On comprend bien ce qu’une telle politique a d’effrayant pour les européistes et mondialistes de tout poil, à commencer par les « élites » (ce terme est décidément bien commode) françaises et allemandes. Cela constituerait en effet un coup très dur porté au libre-échange à tout-va mais aussi à la stratégie de la tension agressive vis-à-vis de la Russie. Cas de figure dans lequel l’Union européenne, telle qu’elle vagit, ne pèsera pas lourd. On peut toutefois penser que ce « danger » offrirait aussi une belle opportunité de recomposition pour une Europe qui, pour survivre, serait alors obligée de s’assumer : occasion pour que l’impotente Union disparaisse et laisse place à une solide alliance (militaire, diplomatique, économique) entre les principaux Etats d’Europe occidentale.
Mais il y aura(it) certainement un prix à payer. La révolte des peuples qui a peut-être, sans doute même, commencé ne sera pas un long fleuve tranquille. Comme l’écrit M. Bock-Côté : « La révolte politique n’est pas toujours belle, douce et délicate. Nous sommes contemporains du retour du tragique ». •
Les élites ont tous les défauts surtout quand on n’en fait pas partie, mais quel est le père ou la mère qui ne voudrait pas que son enfant en soit le représentant ?
Quoiqu’il en soit il est toujours préférable d’avoir affaire a un « pro » qu’à un amateur fut- il excellent. Imaginez un chirurgien avec une expérience de libraire qui philosopherait en opérant ?
Quant à la » révolte des peuples » .. Merci bien . Après les jacqueries les émeutes grèves etc … on a déja donné en 1789 et la régression qui a suivie se fait encore sentir.
Je prends le risque ici de vous dire que mr Trump est bien là où il est et que si l’Amérique peut supporter le » keynésianisme » il n’est pas sûr que les taux d’intérêt toujours fluctuants nous permettent les mêmes débordements .
Et que dire du clivage yankee sudiste qui refait surface en isolant les Etats du centre des périphéries? Et des lynchages annoncés?
Sans aller jusqu’à dire comme Voltaire que tout est perdu » quand la populace se mêle de raisonner … » je ne pense pas que » vox populi est vox dei »
Et puis je suis sensible à la « représentation » .. La vulgarité d’un Trump comme de certains de nos populistes n’incite pas le peuple à la tenue et au respect de la fonction.
NB je fais partie du peuple et non des élites .. Hélas!
Donald TRUMP a eu au moins le mérite de donner la « tourista » à nos donneurs de leçons. Il fallait écouter BHL mercredi matin, le seul qui eut un comportement correct c’est André BERCOFF qui a rappelé que les promesses ne sont pas souvent tenues, et il a ajouté: le je vous ai compris de Charles DE GAULLE
Cela dit il continuera la doctrine de James MONROE: l’Amérique aux Américains. ET si les Français faisaient de même à propos de la FRANCE???????
Cincinatus, aujourd’hui, me paraît faire dans la café du commerce.
Ceux qui ont fait 1789, ce n’est évidemment pas le peuple français mais des élites peu nombreuses pourries d’idéologie et une populace vociférante également peu nombreuse. Ne confondons pas, s’il vous plait, peuple et populace. Si la monarchie avait pratiqué le référendum, la clique révolutionnaire aurait été balaysée.
Quant à la politique qui devrait être l’exclusivité des « professionnels » ou prétrndus tels, si Cincinatus ne voit pas où cela a mené, c’est sans espoir.
Le café du commerce est un lieu très » populaire » pas vraiment réservé à la « populace » .; personne s’y sent déplacé et moi moins que tout autre car les propos simplistes y sont souvent teintés de bon sens.
C’est la mode de villipender les élites , mais L’aristocratie est élitiste , nos grandes écoles le sont aussi et le goùt de l’excellence qui appartientà l’élite existe dans chaque métier et permet de sortir du lot.
Louis XIV était un roi élitiste qui allait chercher l’excellence dans le peuple .. Et avec quelle réussite!
Si on ne recherche pas le meilleur dns la vie , si on s’imagine que tout se vaut si on n’épprouve pas le besoin de sinon admirer du moins respecter ses supérieurs ceux qui détiennent la science ou le pouvoir alors pourquoi travailler à s’améliorer et avoir de l’ambition?
Nous subissons une pleïade d’élus qui à l’inverse des rois apprennent » sur le tas »le métier de dirigeant avec le bonheur qu’on sait . Je comprends qu’on ait envie de les remplacer par un épicier qui a réussi ou un promoteur richissime., mais je ne crois pas que ce soit un choix judicieux , ( sans doute est-ce qu’on appelle l’esprit conservateur. )
L’avenir dira si mr Trump réussit son pari , les élections sont pour tout le monde un coup de dés mais je ne nous souhaite pas ce genre de pari, c’est notre différence et je respecte la vôtre.
Il me semble, Cincinnatus, que vous oubliez une chose importante: nous sommes des malcontents! Pour faire pièce au projet qui nous écrase, nous n’avons pas d’autre solution que de soulever le peuple contre les élites. C’est évidemment une contradiction pour un contre-révolutionnaire, mais la contradiction est dans les faits, et non dans les idées. Cela dit on ne réussira pas à mettre par terre ce régime détesté sans une participation des élites. cela s’est toujours fait. Sylla et César n’étaient-ils pas issus du patriciat romain? Il y a toujours des Mirabeau ou des Kropotkine.
J’aime beaucoup votre réponse Antiquus , l’humour cache agréablement la vérité.
Vale