Vaguement iconoclastes, mais ô combien intéressantes!…
On ne présente plus Claude Hagège. Interrogé par Dalila Kerchouche, il est revenu récemment sur les idées qu’il développait dans son ouvrage L’enfant aux deux langues (1)
Deux propositions (parmi tant d’autres….) retiennent surtout l’attention, dans cet entretien.
D’abord, face à l’hégémonie des Etats-Unis et de l’anglais, il ne craint pas de déclarer qu’il est urgent, pour l’Europe, de s’affirmer, et que cette affirmation passe aussi ( surtout ?…) par l’apprentissage de « ses » langues à l’école : « …L’anglais ne devrait être introduit qu’à l’entrée au collège. Jusque là, il faudrait offrir aux familles le choix de deux langues à l’école primaire, qu’elles pourraient piocher dans celles qui, en Europe, à part l’anglais, ont la plus grande audience internationale : l’espagnol, l’allemand, l’italien ou le portugais. C’est probablement utopique, et je n’ignore pas que les moyens font cruellement défaut. Mais c’est un enjeu majeur : celui de la construction européenne et de la sauvegarde de la diversité culturelle… »
Ensuite il évoque l’intérêt des langues anciennes (et non pas mortes !…) : « ….Il faut savoir que le latin et le grec raffermissent, chez l’enfant, sa connaissance de sa propre langue. Car l’écrasante majorité des racines du français provient du latin. Et pas une seule langue d’Europe n’en a pas été pénétrée. Ce n’est pas un hasard si la plupart de nos voisins – les Pays-Bas, l’Allemagne, l’Italie ou la Belgique – maintiennent solidement l’enseignement du latin dans les écoles… »
(1) : Editions Odile Jacob, 304 pages, 21,28 euros.
Je ne comprends pas votre acharnement à faire une europe,qui n’existe pas et qui détruit les nations et les peuples.
J’apprécie particulièrement Claude Hagège qui sait de quoi il parle et le fait bien.
Ceux qui sont assez rétrogrades pour croire que la France peut se tirer toute seule du mondialisme sont aveugles à ce qui se passe dans les partis politiques internes.
Notre chance c’est l’Europe forte et unie le plus possible et regarder en arrière est de l’inconscience face aux grandes puissances.
D’autre part chacun ne peut espérer se fabriquer son Europe à ses goûts. Si elle n’était pas si « rentable » et si on n’en tirait aucun bénéfice pourquoi alors tant de pays cherchent à y entrer ?
Apprenons notre Histoire, respectons notre patrimoine et faisons aimer la France chez nous d’abord avec ses coutumes ses langues même régionales et ses valeurs… et gardons le latin et le Grec.
Comme toujours le Professeur Hagége a entièrement raison. J’insisterais tout particulièrement sur la nécessité de favoriser l’étude des langues anciennes, dès la sixième, qui est certainement indispensable à l’acquisition d’une bonne culture générale, qui est ce qui manque le plus à nos jeunes étudiants d’aujourd’hui. On ne forme plus guère que des spécialistes mais plus des « hommes ».
Je réponds à Cincinnatus qui a écrit: »chacun ne peut espérer se fabriquer son Europe à ses goûts. Si elle n’était pas si « rentable » et si on n’en tirait aucun bénéfice pourquoi alors tant de pays cherchent à y entrer ? »
2 observations sur ce texte:
1) Si nous comprenons bien, l’Europe telle qu’elle se présente est donc une carte forcée; l’on ne peut la réformer ni la faire évoluer autrement que dans la logique que lui ont imprimée ses fondateurs. Le problème est que cette logique nous condamne à être des supplétifs des USA, de leur conception du monde, de leurs efforts pour garder une suprématie qui ne durera pas toujours, sans pouvoir envisager un axe de survie conforme à nos intérêts propres. Le fait que, pour les pays d’une grande partie de l’Europe, ,il n’y ait pas de différence entre l’adhésion à l’OTAN et celle à la Communauté européenne est significatif. Au mépris des impératifs géopolotiques, et sans aucun engagement culturel.
2) Il y a effectivement de nombreux pays qui demandent leur adhésion à l’Europe. Cependant, ce n’est nullement pour participer d’une grande puissance, mais seulement pour bénéficier des prébendes que leur différentiel économique leur permet d’espérer. Pour le reste, ils ne sont nullement prêts à prendre part à une nation commune. Ainsi la Pologne, les pays baltes, ne considèrent leur politique nationale qu’à partir de leurs rancunes.
Il résulte de ces deux constatations que l’Europe institutionnelle que nous connaissons se prépare à une grave crise.
Les réticences vis à vis de l’Europe s’alimentent des incontestables défauts de la construction européenne.
Au travers d’une bureaucratie qui se veut omniprésente et omnicompétente, elle est créatrice d’obligations par le biais du droit communautaire, mais semble incapabled’en donner la justification.
En fait, l’Europe à beaucoup de mal d’une part, à acquérir une conscience commune, qui ne soit pas la négation des enracinements particuliers et, d’autre part, à concilier l’autorité et la liberté. Pourtant, le traité de Maastricht tant décrié (en France en particulier), pose formellement le principe de subsidiarité – aucune autorité ne peut dépasser sa sphère de compétence -, comme règle de base du fonctionnement communautaire.
La subsidiarité, permet de « penser » l’Europe du local au continental par une diffraction de la souveraineté, sans qu’aucun échelon ne puisse prétendre capter la totalité de cette souveraineté dans tous les domaines.
Si ce principe était réellement appliqué, il obliqerait la France à entamer une véritable régionalisation (c/f l’Allemegne, l’Angleterre et l’Espagne), ce qu’elle s’est toujourds refusé à faire.
En attendant, une Europe même imparfaite vaut toujours mieux que pas d’Europe.