Par Stéphane Kovacs
INTERVIEW – Professeur de droit public, Frédéric Rouvillois – que les lecteurs de Lafautearousseau connaissent bien – est l’auteur du Dictionnaire nostalgique de la politesse (Éditions Flammarion, 2016). Pour lui, le savoir-vivre est la condition du vivre ensemble [Figaro, 8.12].
Pourquoi est-ce important de maîtriser les bonnes manières aujourd’hui ?
À vrai dire, c’est important pour de très nombreuses raisons, certaines purement pragmatiques, d’autres beaucoup moins. Parce que le savoir-vivre est la condition du vivre ensemble, parce que la politesse s’avère particulièrement vitale lorsque les conditions d’existence sont plus difficiles et parce que la maîtrise des codes est un moyen d’intégration et, le cas échéant, au sein de l’entreprise par exemple, un argument supplémentaire permettant de départager deux candidats de même valeur. D’où le développement contemporain des manuels de savoir-vivre dans l’entreprise. À quoi s’ajoute le fait que la politesse est un moyen de réenchanter un peu un monde terne et prosaïque, de lui rendre des couleurs, de la poésie. La politesse n’est jamais loin de la nostalgie.
À l’heure des nouvelles technologies, a-t-on encore le temps d’être poli ?
Les nouvelles technologies ne font, sur ce point, que confirmer une tendance déjà ancienne, puisqu’elle remonte au lendemain de la Première Guerre mondiale. Dans un monde où tout va vite, dans cette civilisation de l’homme pressé, on a de moins en moins de temps: or, par définition, la politesse implique de donner un peu de son temps aux autres, gratuitement. Autant dire qu’elle va à rebours de l’évolution contemporaine. Ce qui me paraît du reste une raison supplémentaire pour essayer de la respecter…
François Fillon veut que l’on enseigne la politesse à l’école. N’est-ce pas plutôt aux parents de le faire ?
François Fillon a sans doute raison d’insister là-dessus, même si c’est d’abord à la famille d’inculquer aux enfants, dès leur plus jeune âge, les règles de la politesse, c’est-à-dire, du respect de l’autre. L’école, sur ce plan, ne peut être qu’un lieu de confirmation et de mise en œuvre des acquis. En somme, si l’on attend qu’elle apprenne la politesse aux plus jeunes, ont fait sans doute fausse route. Cela ne saurait être son rôle, et elle n’en a pas les moyens. •
Société & Culture • Le temps retrouvé de la politesse
Frédéric Rouvillois : « La politesse est une vertu nécessaire dans notre monde nombriliste »
les dignes hêritiers de Freud et de Mai 68 vous diront que la politesse est soeur de l’hypocrisie et que pour être « bien dans sa peau » donc épanoui , il faut laisser s’exprimer sans retenues notre riche nature afin d’éviter les feustrations.
Donc tout ce qui contraint, réprime et ordonne suivant un code n’est pas bienvenu dans notre sociétê axée sur le bonheur personnel. Seulement on oublie qu’il dépend aussi des autres…
Conclusion le quotidien est intenable , le laisser-aller dans les vêtements comme dans les paroles et les attitudes est la premiëre des causes de décadence. Rivarol disait que Si » l’hypocrisie » n’était plus de mise il n’y aurait plus de société possible. Reste à définir le mot sans les outrances.