Après trois mois d’interruption due au conflit géorgien, Européens et Russes ont enfin relancé, le mardi 2 décembre, à Bruxelles, leurs pourparlers sur un partenariat renforcé visant à approfondir leurs liens économiques et politiques.
Le négociateur de la Commission européenne, le responsable des Affaires extérieures Enako Landaburu, a en effet retrouvé son homologue russe Vladimir Tchijov, ambassadeur de Russie auprès de l’UE, dès le mardi après-midi au siège de la Commission à Bruxelles.
On se souvient que le conflit russo-géorgien début août, avec l’entrée des chars russes en Géorgie puis la reconnaissance par Moscou de l’indépendance des républiques séparatistes géorgiennes d’Abkhazie et d’Ossétie du sud, avaient amené l’Union européenne à reporter ces pourparlers lors d’un sommet extraordinaire le 1er septembre. Nous pensions, pour notre part, que la politique de Washington étant dangereuse et ne répondant qu’aux intérêts de Washington, et pas aux nôtres, les Français et les Européens pouvaient et devaient tout faire, sauf s’inféoder aux Etats-Unis; et sauf chercher noise à une Russie renaissante, en la titillant dans ce qui est malgré tout sa sphère traditionnelle d’influence.
Il semblerait qu’un plus grand réalisme prévale depuis quelque temps, du côté des européens. Nous avions salué (1) la décision européenne du 10 novembre de reprendre les négociations en cours avec la Russie, sur tous les sujets, et nous saluons aujourd’hui le fait que la reprise du dialogue soit enfin effective : celui-ci portera sur la coopération diplomatique et économique, mais aussi sur les sujets de la justice et de l’immigration, de l’éducation et de la recherche.
M. Landaburu a précisé qu’il retrouverait M. Tchijov toutes les 6 à 8 semaines environ, en fonction des avancées réalisées au niveau des groupes de travail. Il reste pourtant une pointe d’irréalisme, dans ce grand retour au réalisme : on est surpris d’entendre le même Enako Landaburu déclarer froidement que la reprise des négociations ne constitue pas « une normalisation des relations avec la Russie, car on a toujours un gros différend » sur la Géorgie !…..
Mais quel différend ? Qu’avons-nous besoin d’aller nous occuper d’un conflit qui n’est pas le nôtre, alors que nous avons à gérer des intérêts qui, eux, sont bel et bien les nôtres ?
La meilleure preuve en est donnée, de toutes façons, et toujours par Enako Landaburu lui-même, qui décidément souffle le chaud et le froid, et dit tout et son contraire (bien que cette fois, pour l’essentiel, ce qu’il dit et ce qu’il fait aille très largement dans le bon sens) : « Nous reprenons la discussion parce qu’elle est dans l’intérêt des deux parties », a-t-il déclaré.
On ne saurait mieux dire…..
(1) : Voir la note « La russie, voilà l’amie !… », du 13 novembre 2008, dans la Catégorie « International (1 : Europe) ».
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