Par Gérard POL.
Marianne a pointé cette « bourde » dans un de ses bêtisiers de mi-décembre dernier : « IL N’Y A PAS DE SALAZAR ! Jean-Luc Mélenchon a traité Valérie Pécresse de « Ma Dalton ». En réponse, sur LCI, la candidate LR l’a comparé au « général Salazar dans Tintin ». Dans l’œuvre d’Hergé, on trouve bien le général Alcazar et son rival, le général Tapioca, mais pas Salazar, qui fut dictateur du Portugal non dans une BD mais dans la vraie vie. Caramba, encore raté ! » Les moqueries sur la médiocre culture politique de Valérie Pécresse ont envahi les réseaux sociaux. Gérard POL y a donné quelques souvenirs personnels et quelques aperçus sur le Portugal de Salazar. Brièvement, façon Facebook. Les voici pour la petite et la grande Histoire
Je suis assez vieux pour avoir connu le Portugal au temps de Salazar.
Coimbra et son université multiséculaire où il avait enseigné (Photo) ; les files ininterrompues de pèlerins sur les vieilles routes étroites, pavées, en marche vers Fatima ; Cintra où le comte de Paris en exil avait vécu…
Et Lisbonne où le Tage venu de Tolède se jette dans l’océan des conquistadors.
À Lisbonne régnait alors dans les tavernes innombrables et jusque dans les rues tortueuses, presque toujours pentues, le fado ennobli par Amalia Rodriguez, grande amie de Salazar ; elle y chantait la saudade qui est surtout celle des femmes portugaises dont les hommes sont partis en mer plus longtemps qu’à leur tour, mais saudade1 qui est au fond de l’âme portugaise en général.
Visitant le Portugal de Salazar (fin des années 60) je savais aussi quels avaient été ses rapports avec Maurras, et j’avais en tête l’admirable lettre que ce dernier lui avait écrite à une époque2 où il avait la tentation de se retirer du gouvernement direct de son pays3. « Surtout tenez, restez, ne nous manquez pas » lui disait Maurras alors en prison4. Cette lettre qui contenait de fort belles autres choses avait été portée à Lisbonne par un ami français des deux hommes5. Elle fut lue dans un stade de Lisbonne devant une multitude de Portugais rassemblés pour un soutien populaire analogue, à Salazar.
Que l’on m’excuse de ces souvenirs personnels. Je les écris parce qu’ils rappellent surtout le souvenir utile de Salazar, quelques aperçus d’histoire du Portugal contemporain et aussi d’histoire de l’Action française où Maurras comme toujours, fût-il en prison, tient le rôle capital. (De caput, capitis..!) ■
On peut se reporter utilement à l’ouvrage Célébrer Salazar en France (1930-1974) d’
D’un autre côté, nous donnerons à court délai quelques passages de ce qu’Henri Massis a écrit des relations Maurras-Salazar.
1. Saudade se traduit imparfaitement par mélancolie, nostalgie, mêlées d’espoir.
2. Le 31 mai 1951.
3. Il l’a pleinement exercé de 1932 à 1968.
4. À la Maison Centrale de Clairvaux.
5. Il s’agit de Marcel Wiriath président du Crédit Lyonnais après la dernière guerre.
J’ai lu en son temps que Salazar était d’une modestie profonde et vivait entre sa mère et sa soeur. On pouvait , parait-il , voir sa fenêtre éclairée tardivement la nuit et on pouvait même sonner à sa porte.
Durant son « règne » jusqu’en 1968 , dans l’Estado novo, à partir de 1928, l’escudo est enfin stabilisé, arrimé à la livre sterling jusqu’aux années 1950. Durant cette période, le design des espèces métalliques reste le même, et montre une certaine longévité : 10 et 20 centavos en cuivre, 50 centavos et 1 escudo en cupronickel, 2½, 5 et 10 en argent au type de la « caravelle » restent en circulation jusqu’en 1952, et perdurent jusqu’au début des années 1980, avec, entre-temps, l’abandon de l’argent pour le cupronickel.
Vers l’euro : En 1980, la balance commerciale du pays connaît un premier déficit sensible, soit près de deux milliards de dollars. En conséquence, l’escudo est dévalué de 15 % en 1983 jusqu’en 1999. L’escudo a encore cours au cap Vert ….
Actuellement, le nouveau président de la République, Jair Bolsonaro, a repris dans sa campagne l’une des devises de Salazar « Dieu, patrie, famille », faisant référence au célèbre discours de 1936 où Salazar déclarait à Braga : « Nous ne discutons pas Dieu, nous ne discutons pas la patrie, nous ne discutons pas la famille, nous ne discutons pas le travail, nous ne discutons pas l’autorité… ».
Pour essayer de comprendre ce personnage complexe et secret ( dont les archives sont accessibles) , lire:
http://leparatonnerre.fr/2019/01/11/salazar-le-moine-dictateur-du-portugal/